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Faut-il mourir pour un idéal ?

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« Bien souvent, les grands hommes, défendant de grandes idées, se disent prêts à mourir pour l'idéal qu'ils défendent.

Mais qu'est-ce qu'un idéal ? ‘Idéal' vient du terme grec idea qui signifie ‘idée'.

L'on comprend donc que l'idéal est une abstraction, une perfection inatteignable.

L'idée comme l'idéal s'oppose donc directement à la chose, res en latin, qui est concrète.

Mais alors cela vaut-il le coup de mourir pour une chose que l'on ne perçoit même pas et qui est tellement éloignée de nous que son accession est douteuse ? Mais alors qu'est-ce que mourir ? Quelle valeur cela a-t-il ? Mourir signifie perdre la vie, ne plus exister.

C'est donc l'extrémité la plus forte, puisque la dernière.

L'ultime action pour défendre son idéal.

Ainsi, Mourir pour un idéal reviendrait à reconnaître, à cet idéal, une valeur supérieure à notre propre vie.

Mais alors, comment est-ce possible, que ‘moi', chose concrète, ou plus précisément, être humain, j'ai une valeur moindre qu'un idéal, c'est-à-dire qu'une chose abstraite, imperceptible et inatteignable ? Faut-il sacrifier le réel, ce dont on est sûr, au bénéfice d'une chose incertaine ? Par ailleurs, il semble que se soit contradictoire : les idées ou idéaux sont des abstractions, ils ne peuvent être pensés, envisagés, espérés que s'il existe des êtres concrets pour les concevoir.

Donc mourir pour un idéal, ne serait-ce pas dans le même temps nuire à cet idéal ? Ce sujet nous interroge sur le statut de l'idée. I. Mourir pour un idéal c'est détruire la source des idées. Hume explique dans le Traité de la nature humaine que les idées et les impressions se distinguent par une simple différence de degré.

Les impressions nous arrivent de manière plus virulente.

Ainsi pour l'auteur les impressions prévalent sur les idées.

Il nous explique d'ailleurs que tout en l'homme est impression et que si l'on y réfléchit bien, à la base, à l'origine de chaque idée, il y a une impression.

Ainsi l'on peut penser que, pour Hume, c'est une aberration de vouloir mourir pour une idée.

En effet, l'idée immatérielle a pour origine les impressions ressenties par le corps ; ainsi détruire le corps, c'est détruire les idéaux en détruisant leur source.

L'on meurt pour un idéal afin de le défendre, de le porter à la vue de tous par un acte tragique pour le rendre plus fort, plus puissant.

Hume répondrait sans doute que si l'on veut rendre l'idéal que l'on défend plus fort, bien loin de mourir, il faut vivre pour le renforcer continuellement grâce à notre existence.

L'on comprend donc que pour Hume l'idéal, en tant qu'abstraction, a un statut moindre que la vie de l'homme.

Mais cela pose problème.

En effet, l'idéal ou idée est-ce véritablement une abstraction, c'est-à-dire ce qui n'est pas dans la réalité ? II. L'idée est la réalité la plus haute. Platon va montrer aussi bien dans son mythe de la caverne que dans son exemple des trois lits que rien ne vaut l'idéal.

En effet, dans le mythe de la caverne Platon met en scène des hommes sous l'emprise de l'illusion qui prennent les apparences pour la réalité, la vérité.

Il va montrer que c'est en sortant de la caverne et en regardant le soleil qui est d'abord éblouissant qu'on connaît la vérité.

Le soleil, c'est l'idéal visé que l'on ne peut atteindre qu'au prix d'un long effort. Ainsi pour atteindre l'idée, il faut savoir voir dans la peinture du lit, l'image d'une image et dans le lit du menuisier l'image de l'idée de lit, cette dernière étant l'origine suprême.

Ainsi, risquer la mort, voir même mourir pour un idéal, aussi bien un idéal que l'on défend qu'un idéal que l'on cherche à connaître est une noble chose, puisque c'est mourir sur le chemin de la Vérité et donc être moins ignorant.

Notre sujet commence par ‘faut-il'.

Dans le ‘faut-il', il faut entendre ‘peut-on' et ‘doit-on'.

Platon dira que l'on ne doit pas mourir pour un idéal, car il faut tenter de l'atteindre jusqu'au bout, mais il dira que cette mort est possible, car la sortie de la caverne est un chemin semé d'embûche et la tâche la plus difficile.

Souvenons-nous de Thalès qui, perdu dans le monde des idées (dans ses réflexions), est tombé dans un puits.

Mais alors comme sortir de cette opposition ? III. La morale comme idéal. C'est Kant qui va nous permettre de sortir de cette aporie.

En effet, d'un côté l'on a vu que mourir pour un idéal c'est le tuer, et que dans le même temps cette mort est possible puisque c'est la tâche la plus difficile à réaliser.

Kant va justement expliquer qu'il ne faut pas mourir pour un idéal, même si l'idée est la chose vraie la plus haute du monde.

En effet, Kant va exprimer la morale comme idéal par l'intermédiaire de son impératif catégorique.

Ainsi l'idéal pour Kant, est de réussir à appliquer, à chaque fois avant d'agir, cet impératif à notre action : la maxime de mon acte est-elle universalisable ? Par exemple : puis-je vouloir me suicider ? La réponse est négative, car si j'universalise la maxime de mon action et que tout le monde se suicide alors l'humanité disparaît.

Ainsi de même qu'il ne faut pas se suicider, il ne faut pas mourir pour un idéal.

Cela serait nécessairement contraire à cet idéal que de mourir pour lui. Ainsi, l'idéal est bien la chose la plus vraie et la plus haute du monde, mais c'est aussi une chose qui nécessite, pour être conduite à bien, que l'on soit en vie. Conclusion : - Nous avons vu que dans un premier temps, l'on peut penser que, la vie de l'homme étant la source des idées, mourir pour un idéal, c'est tuer ce dernier. Cependant, nous avons montrés que l'idée ne provient pas nécessairement de l'homme et qu'en tant qu'elle est extérieure, l'homme cherche à l'atteindre pour connaître le vrai.

Etant une réalité supérieure qui nécessite un effort, on peut mourir pour elle, même si on ne le doit pas. Enfin, Kant explique bien que la morale comme idéal suprême nécessite que les hommes soient en vie et restent en vie.

Il ne faut donc pas mourir pour un idéal.. »

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