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Faut il limiter nos désirs à nos besoins?

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« Discussion : Épicure : « A propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage en résultera-t-il si je ne le satisfais pas? » I.

Première partie : le rapport entre le désir et le besoin chez Épicure. Épicure, La lettre à Ménécée : « Il est également à considérer que certains d'entre les désirs sont naturels, d'autres vains, et que si certains des désirs naturels sont nécessaires, d'autres ne sont seulement que naturels.

Parmi les désirs nécessaires, certains sont nécessaires au bonheur, d'autres à la tranquillité durable du corps, d'autres à la vie même.

Or, une réflexion irréprochable à ce propos sait rapporter tout choix et tout rejet à la santé du corps et à la sérénité de l'âme, puisque tel est le but de la vie bienheureuse.

C'est sous son influence que nous faisons toute chose, dans la perspective d'éviter la souffrance et l'angoisse.

Quand une bonne fois cette influence a établi sur nous son empire, toute tempête de l'âme se dissipe, le vivant n'ayant plus à courir comme après l'objet d'un manque, ni à rechercher cet autre par quoi le bien, de l'âme et du corps serait comblé.

C'est alors que nous avons besoin de plaisir : quand le plaisir nous torture par sa non-présence.

Autrement, nous ne sommes plus sous la dépendance du plaisir.

» Épicure dans la Lettre à Ménécée tente d'établir une classification des désirs et par conséquent des besoins, afin de trouver un moyen d'être enfin heureux.

Il sépare donc distinctement les désirs vains et non naturels des désirs nécessaires et naturels.

On ne devrait donc répondre qu'à la seconde catégorie de désirs, car ceux-là, comme la faim, ou comme le sommeil, ne sont pas artificiels et surtout sont assouvissables.

Car ce que souligne Épicure dans sa lettre c'est que l'homme étant presque par nature insatisfait, ne se contentera jamais de la réalisation d'un désir superficiel.

C'est-à-dire qu'il s'imagine vouloir à tout prix un objet, il fait tout pour l'obtenir mais alors qu'il l'a ce n'est pas pour autant qu'il est libéré de l'apparition d'un autre désir.

Ainsi le système est un cercle sans fin, et surtout il empêche l'homme d'être heureux, ce dernier étant perpétuellement en quête d'un autre objet, se sent frustré la plupart du temps.

C'est donc pour remédier à cette spirale et afin d'être heureux qu'Épicure conseille à Ménécée de renoncer à ce genre de désirs superficiels et sans fin, et de ne répondre qu'aux désirs naturels et nécessaires.

Il est donc évident que selon la doctrine d'Épicure il est nécessaire de limiter nos désirs à nos besoins en vue d'être heureux, car sans cela il n'existe que frustration. II.

Deuxième partie : la société de consommation Si l'on doit limiter nos désirs à nos besoins, il faudrait tout d'abord réussir à déterminer nos réels besoins.

Car dans une société de consommation telle que la nôtre, dans laquelle consommer doit faire le bonheur de chacun il devient d e plus en difficile d'établir une barrière entre nos vrais besoins et des besoins superficiels.

C'est d'ailleurs le principe même de la société : créer des besoins qui n'existent pas en profondeur.

Tout est fondé sur le désir et le besoin.

Il faut que le consommateur soit perpétuellement en quête de quelque chose et surtout qu'il ait l'impression superficielle qu'il a besoin de tout, qu'il lui manque encore un dernier objet afin d'être heureux, seulement en règle générale il n'y a jamais de « dernier » puisque entre la publicité à la télévision, dans la rue et à la radio, le désir de consommer pour être heureux est partout.

Ainsi il serait difficile aujourd'hui de déterminer ce dont nous avons réellement besoin. Si l'on revient de nouveau à Épicure, l'homme devrait n'avoir besoin que de manger, de boire, et de dormir ; il s'agirait donc de choses concrètes et surtout non superficielles.

Seulement l'homme dans la société actuelle a besoin de tellement plus, que dans le langage courant on est perpétuellement amené à dire « j'ai besoin de… » alors que si l'on réfléchit à la question en prenant du recul on s'aperçoit vite qu'il ne s'agit pas du tout d'un besoin, ni même d'une nécessité, mais bien d'une chose superflue. III.

Troisième partie : la notion de besoin est-elle encore vraie ? On pourrait donc se demander si la notion même de besoin a encore un sens dans une société de consommation moderne.

Par exemple si quelqu'un travaille dans une société qui informatise toutes ses données, et qui est donc régie par l'informatique, il se verra donc dans l'obligation d'acheter un ordinateur à utiliser à son domicile de manière à recevoir son courrier électronique, et de manière à pouvoir lire des textes, ou d'autres données numériques.

Cette personne-là, dira donc qu'elle a « besoin » d'un ordinateur, et elle ne considèrera pas cette dépense comme superflue, mais comme nécessaire.

Effectivement, elle est presque contrainte de faire cet achat, car sinon elle n'a aucun moyen de travailler depuis chez elle.

Seulement dans l'absolu, acheter un ordinateur ne devrait jamais être un besoin, car dans tous les cas possibles, l'ordinateur par lui-même ne sera jamais nécessaire.

C'est en ce sens que l'on peut remettre en question la véridicité du besoin aujourd'hui, car il s'est étendu tellement loin qu'il en perd presque tout sens.

Le besoin est partout et nulle part à la fois.

Et plus la société évolue plus cette difficulté à cerner le réel besoin est accrue.

Comme si l'homme actuel était devenu bien plus exigeant et avait besoin pour vivre de beaucoup plus de choses qu'auparavant.

On pourrait presque affirmer que le besoin tend à disparaître, pour ne laisser place qu'au désir. Conclusion : L'idée du sujet comporte un aspect négatif : la limite c'est ce qui est en soi insupportable car on lui associe la notion de contrainte.

Le désir est donc plus libre que le besoin, et s'il est artificiel, du moins permet-il d'occulter les souffrances immédiates.

De faux besoins sont aussi de réels détours qui écartent l'horreur immédiate.. »

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