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Faut-il fuir la misère ?

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« Analyse du sujet : Du point de vue conceptuel : Misère : La misère est selon le sens commun l'état de l'homme qui ne parvient pas par lui même à satisfaire ses besoins naturels (trouver de l'argent pour manger, se vêtir, etc.).

Les misérables sont ceux qui ont de la peine, non pas à vivre mais à survivre.

A u sens figuré la misère est un manque chronique (Misère intellectuelle, sexuelle, etc.).

Le misérable, en tant qu'il ne parvient pas à subvenir à ses Besoins, est amené à être déchu de son autonomie qui est la condition de la liberté, il est obligé pour survivre de s'en remettre à la bonté des autres, à leur plaire, à les apitoyés, à mettre en jeu sa dignité pour sauver sa vie.

Il est très important de distinguer la misère des misérables.

Sinon en fuyant l'un on pourrait bien fuir l'autre, les autres qui restent dans leur servitude des hommes. Fuir : La fuite est un mécanisme de défense naturel, fuir c'est se soustraire géographiquement, au moins, à la menace ou aux méfaits de quelque chose qui nous est extérieur.

Ce terme reste très floue et c'est dans la multiplicité de ses sens que se cache le problème.

Fuir ce peut être partir, laisser derrière soi, quitter, détourner son regard, refuser, nier l'intolérable, ne pas y penser, penser à autre chose, oublier.

Quand la fuite est impossible, Sartre nous dit que les seules solutions sont le combat et l'évanouissement (abolir la conscience du réel plutôt qu'affronter le réel). Du point de vue formel : « Faut-il » : Ce type de sujet implique d'interroger la nécessité qui peut s'entendre en deux sens : nécessité de fait et nécessité de raison.

Le sujet peut donc s'entendre en deux sens : « Quelque chose nous pousse-t-il à fuir la misère ? » Ou « La raison nous prescrit-elle de fuir la misère ? » Problématisation : Nous nous interrogeons sur la misère et plus particulièrement sur la nécessité de la fuir.

Faut-il fuir la misère ? La misère en tant qu'elle est un maux qui frappe les hommes « par surprise » paraît difficile à fuir en ce qui concerne soi-même bien que le désir de la fuite lui soit coextensif.

Il paraît trivial de penser que l'on puisse, réellement et bien que l'envie n'en manque pas, fuir la misère quand elle est déjà là en soi, car la misère rend avant tout prisonnier. Mais la misère de l'autre par contre nous pouvons la fuir, elle ne nous enchaîne pas.

Le faut-il alors ? C ertes nous y sommes poussés par le même sentiment qui assaille le misérable qui vient de « tomber dans la misère », fuir la misère c'est fuir l'image déplorable de l'homme déchu, ravalé au rang de bête.

Nous y sommes donc poussés, par une force qui nous dépasse : la peur et même l'horreur.

Étant épargné par elle les occasions de la fuir ne nous manque pas mais en avons nous le droit ? Fuir la misère n'est ce pas avant tout fuir les misérables, fuir nos semblables.

Dans cette optique, du point de vue moral, pouvons nous la fuir ? Il semble que non.

Mais dans ce cas, que faire ? Si la morale nous interdit de fuir la misère et au contraire de la combattre, comment faire ? C 'est que nous essaierons de comprendre pour finir. Proposition de plan : 1) Nous sommes naturellement poussés à fuir la misère parce qu'elle abêtie l'homme, et que ce spectacle est intolérable. a) La misère abêti l'homme : les misérables acculés par la nécessité sont « près à tout » pour survivre.

Ils mendient, volent, se donne en spectacle, apitoient, sont prêt à dire n'importe quoi pour que celui qui leur fait face leur donne de quoi manger. b) La misère objective l'homme : forcés de vivre dans « l'espace public », les misérables voient leur vie entière transformée en spectacle, même dans ses moments les plus intimes (défécations, tristesse, égarement), des passants assistent à tout ces moments sans rien dire, ils passent, regardent et fuient... Problème : Devant ce spectacle une idée traverse l'esprit : Et si c'était moi ? C'est cette idée qui horrifie le plus, nous pousse le plus à fuir la misère, mais en même temps elle fait naître un sentiment qui nous force à ne pas nous dérober : la compassion.

Il nous faut alors distinguer la misère des misérables eux-mêmes, nos semblables mal chanceux. Transition : Ne nous trouvons nous pas alors obligés de ne pas fuir la misère ? 2) La morale nous prescrit non seulement de ne pas fuir la misère mais, de plus, de la combattre c'est à dire en un premier temps de la soulager. a) Devant le regard d'un sans abri qui nous demande une pièce, seul les hommes qui ne sont plus dignes de leur humanité, haussent les épaules et s'en vont.

Dans ce regard il y a le miroir de notre propre subjectivité. b) La morale nous révèle notre devoir impératif : soulager ce semblable en piteux état.

Lui donner une pièce, lui donner de quoi se nourrir, se vêtir chaudement contre la rigueur de l'hiver. Problème : C ette pièce nous ne l'aurons plus pour le suivant qui se dressera plein d'espoir devant nous.

C omment soutenir ce regard qui nous renvoie à notre propre détresse existentielle ? Notre « fortune » ni suffirait pas à soulager tous les misérables que nous croisons dans une journée. Transition : Comment alors appliquer l'impératif moral ? 3) Pour combattre la misère soulager est le minimum, il faut rendre au misérable sa dignité d'homme, dont la perte nous afflige au plus au point parce qu'elle nous renvoie à nos propres misères. a) Le soulagement de la misère est l'enjeu majeur de toute société politique juste.

C omment l'état pourrait-il être gouverné librement si ses citoyens sont dépendants financièrement entre eux.

En échange de l'obole, nécessaire au misérable pour conserver sa vie, celui qui donne ne pourrait-il pas exiger que ce citoyen en détresse ne vote pour tel ou tel parti ? C e serait la fin du gouvernement libre. b) L'état juste doit donc prendre en charge - et au sérieux - le soulagement des misérables pour garantir la liberté de ses citoyens.

S'il ne le fait pas des associations de citoyens libres, prendront le relais, mais pour le bien de la république, cette situation ne doit pas durer.

D'une part, les misérables pourraient un jour ne plus supporter d'être ainsi ignorer par l'état et chercher à en provoquer la chute - chute qui serait la cause de biens des maux dont la guerre civile -, d'autre part, les associations et les citoyens ont une autre mission qu'ils ne peuvent accomplir quand ils sont occupées à soulager la misère : rendre leur dignité aux misérables, leur rendre la capacité de s'assumer par leur propre moyens. c) Soulager n'est pas tout, le vieux dicton africain dit : « Plutôt que de donner du poisson à celui qui a faim, apprend lui à pécher.

» Et c'est précisément dans l'autonomie individuelle que repose la condition de possibilité de la liberté.

Sans l'autonomie, il ne peut y avoir « d'autonormie ».

Pour se donner soimême les règles de son action il faut que sa volonté ne soit pas corruptible.

Pour qu'elle ne soit pas corruptible, il faut que l'homme puisse choisir de ne pas se laisser corrompre ce qu'il ne peut faire quand il est acculé par la plus extrême nécessité, quand il est, justement, dans la misère.. »

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