Faut-il être seul pour être soi-même ?
Extrait du document
«
Tout être humain éprouve le besoin de connaître son entourage mais aussi de faire face à lui-même.
Sans
personne autour de lui, chacun a sa propre personnalité, ses propres rêves, ses propres désirs.
Le bonheur des
uns fait le malheur des autres, certes, étant donné que personne n'a la même vie, tout le monde est unique.
L'intérieur de chacun n'est pas celui des autres.
Nous avons tous besoin de faire face à soi-même, nous
savons ce que nous sommes mais comment en arriver là ? Faut-il être seul pour être soi-même ? Tel est le
sujet que nous allons traiter dans cette dissertation, en se posant des questions telles que… L'être humain
peut-il se connaître sans personne autour de lui ? A-t-on besoin des autres pour forger son propre intérieur ?
Une personne, seule, peut-elle faire face à sa propre réalité, ses propres pensées, son propre caractère ? Enfin
de compte, a-t-on vraiment besoin des autres pour se rendre compte de ce que l'on est ?
Seule la solitude permet de me retrouver
Les sagesses font souvent l'éloge de la solitude.
Le sage n'est-il pas
celui qui vit loin des agitations du monde, des vanités terrestres ?
"Vanité, tout n'est que vanité" disait déjà l'Ecclésiaste.
Seul avec moimême, je peux me connaître tel que je suis, sans fard, ni fauxsemblants.
Cette
connaissance
me
permet
alors
d'exister
authentiquement, non en fonction des autres, mais par rapport à ma
nature profonde et véritable.
Heidegger critiquera à cet égard la
"dictature du ON".
C'est dans « Etre & Temps » qu'Heidegger est amené à analyser notre
mode d'être quotidien et médiocre, qu'il caractérise par la « dictature
du On », c'est-à-dire le fait que l'opinion publique, la façon commune de
vivre ensemble, nous déchargent de toute responsabilité et nous
empêchent d'être nous-mêmes.
Heidegger entreprend de remettre en chantier une question, celle que
l'histoire de la philosophie aurait « oubliée » et recouverte : la question
du sens de l'Etre.
Pour ce faire, il juge nécessaire d'expliciter ce qu'est
l' « étant » pour qui une telle question se pose.
C'est-à-dire, pour
l'exprimer grossièrement, ce qu'est l'homme, ou plus précisément ce
qu'Heidegger nomme le « Dasein ».
Selon Heidegger, nous ne sommes pas d'abord des sujets isolés, comme
le suggérait Descartes, mais nous sommes toujours présents au monde, et par là même avec autrui.
L'être en
commun, l'appartenance au monde sont donc des données originaires.
Loin qu'un sujet isolé et assuré de luimême vienne à la rencontre d'autrui : « Le monde est à chaque fois toujours déjà celui que je partage avec
les autres.
Le monde du Dasein est un monde commun.
» En ce sens, la solitude et l'isolement sont des modes
dérivés et secondaires de cette commune appartenance au monde.
Mais, si l'on procède à l'analyse de ce qu'est le « Dasein » médiocre, immergé dans la quotidienneté , dans ses
rapports les plus fréquents avec les autres, ce qui se révèle est précisément le fait que « chacun est l'autre
et nul n'est lui-même », c'est-à-dire que « dans le quotidien ce qui se révèle c'est un mode d'être
inauthentique, une perte de soi.
»
Les analyses de la façon commune et habituelle d'être ensemble montrent que nous avons à subir une sorte
de pression de la masse, du « on », qui manifeste en chacun de nous la possibilité de perdre ou de recouvrir
ce que nous sommes, pour nous décharger de nos responsabilités et nos possibilités les plus propres, en nous
réfugiant derrière l'opinion publique.
« Dans la préoccupation pour ce qu'on a entrepris avec, pour, et contre les autres, se manifeste
constamment le souci d'une différence vis-à-vis des autres.
»
En ce sens, consciemment ou pas se manifeste en nous une sorte d'amour-propre, ou, si l'on veut, de «
distance » à l'égard de l'autre.
C'est précisément ce type de préoccupation qui nous place, là encore le plus
souvent à notre insu, « sous l'emprise d'autrui ».
Dans la mesure même où nous nous préoccupons du monde
public, nous subissons son emprise : alors même que nous souhaitons faire preuve de distance, ce souci
manifeste notre dépendance non pas à l'égard de tel ou tel, d'un être déterminé, mais à l'égard du public, du «
On ».
« Dans l'utilisation de transports publics, dans l'emploi de l'information, tout ressemble à l'autre.
Nous nous
réjouissons comme on se réjouit, nous voyons, nous lisons et nous jugeons de la littérature et de l'art comme
on voit et juge, plus encore nous nous indignons de ce dont on s'indigne.
»
Ce qui est bien sûr remarquable, c'est que ce « On » n'est littéralement personne, il n'est en aucune façon «
quelqu'un », et là réside sa puissance.
Il ne s'agit pas de quiconque nous imposant quelque chose, il s'agit de
notre propre alignement sur un mode d'être commun et essentiellement médiocre, dans lequel notre véritable «.
»
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