Faut-il être seul pour être soi-même ?
Extrait du document
«
Ici on vous demande si être est une condition suffisante à l'affirmation d'une certaine authenticité.
En un sens, être
soi-même, c'est d'abord être, c'est ne pas être rien mais quelque chose : quelqu'un qui vit et qui se déplace dans
l'espace pendant un temps défini.
Mais les tables, les animaux, les objets, eux aussi, sont et pourtant on ne peut
pas dire qu'ils sont eux-mêmes, à savoir qu'ils sont authentiques, qu'ils agissent et pensent en fonction d'une
personnalité qui les définit.
Ainsi être soi-même, être authentiquement, c'est ne pas être en décalage avec sa
personne et aussi avec sa nature propre d'être humain.
D'où l'idée que l'être humain existe et qu'il ne se contente
pas d'être.
Maintenant, quand on dit d'une personne qu'elle est elle-même, on signifie qu'elle n'est pas influencée
par les autres.
En ce sens, on peut alors penser que les autres seraient ceux qui nous empêchent d'être nousmême.
Dès lors, vous pouvez vous demander si ça n'est pas dans la solitude, dans le retrait que l'homme peut être
lui-même.
Pour cela, vous pouvez montrer en quoi les autres nous détournent, nous influencent sans cesse.
Vous
pouvez alors parler ici d'aliénation.
Marx nous montre, par exemple, que notre conscience est déterminée par des
conditions sociales.
Rousseau, lorsqu'il aborde la question de la naissance de la société civile, montre comment les
individus passent de l'être au paraître.
Pourtant, on peut se demander inversement ce qu'on serait sans les autres.
En effet, n'est-ce pas grâce aux autres que nous nous formons, que nous grandissons, que nous évoluons? Vous
pouvez alors montrer en quoi autrui nous constitue en permanence.
Pensez ici par exemple à la question de
l'éducation.
Dès lors, vous allez être conduit à interroger l'expression du sujet "être soi-même".
En effet, elle
suppose l'idée d'une identité stable qui existerait en elle-même et qui pourrait nous définir.
Cette identité n'est-elle
pas illusoire?
Seule la solitude permet de me retrouver
Les sagesses font souvent l'éloge de la solitude.
Le sage n'est-il pas celui qui vit loin des agitations du monde, des
vanités terrestres ? "Vanité, tout n'est que vanité" disait déjà l'Ecclésiaste.
Seul avec moi-même, je peux me
connaître tel que je suis, sans fard, ni faux-semblants.
Cette connaissance me permet alors d'exister
authentiquement, non en fonction des autres, mais par rapport à ma nature profonde et véritable.
Heidegger
critiquera à cet égard la "dictature du ON".
C'est dans « Etre & Temps » qu'Heidegger est amené à analyser notre mode
d'être quotidien et médiocre, qu'il caractérise par la « dictature du On »,
c'est-à-dire le fait que l'opinion publique, la façon commune de vivre
ensemble, nous déchargent de toute responsabilité et nous empêchent d'être
nous-mêmes.
Heidegger entreprend de remettre en chantier une question, celle que
l'histoire de la philosophie aurait « oubliée » et recouverte : la question du
sens de l'Etre.
Pour ce faire, il juge nécessaire d'expliciter ce qu'est l' « étant
» pour qui une telle question se pose.
C'est-à-dire, pour l'exprimer
grossièrement, ce qu'est l'homme, ou plus précisément ce qu'Heidegger
nomme le « Dasein ».
Selon Heidegger, nous ne sommes pas d'abord des sujets isolés, comme le
suggérait Descartes, mais nous sommes toujours présents au monde, et par là
même avec autrui.
L'être en commun, l'appartenance au monde sont donc des
données originaires.
Loin qu'un sujet isolé et assuré de lui-même vienne à la
rencontre d'autrui : « Le monde est à chaque fois toujours déjà celui que je
partage avec les autres.
Le monde du Dasein est un monde commun.
» En ce
sens, la solitude et l'isolement sont des modes dérivés et secondaires de
cette commune appartenance au monde.
Mais, si l'on procède à l'analyse de ce qu'est le « Dasein » médiocre, immergé
dans la quotidienneté , dans ses rapports les plus fréquents avec les autres,
ce qui se révèle est précisément le fait que « chacun est l'autre et nul n'est lui-même », c'est-à-dire que « dans le
quotidien ce qui se révèle c'est un mode d'être inauthentique, une perte de soi.
»
Les analyses de la façon commune et habituelle d'être ensemble montrent que nous avons à subir une sorte de
pression de la masse, du « on », qui manifeste en chacun de nous la possibilité de perdre ou de recouvrir ce que
nous sommes, pour nous décharger de nos responsabilités et nos possibilités les plus propres, en nous réfugiant
derrière l'opinion publique.
« Dans la préoccupation pour ce qu'on a entrepris avec, pour, et contre les autres, se manifeste constamment le
souci d'une différence vis-à-vis des autres.
»
En ce sens, consciemment ou pas se manifeste en nous une sorte d'amour-propre, ou, si l'on veut, de « distance »
à l'égard de l'autre.
C'est précisément ce type de préoccupation qui nous place, là encore le plus souvent à notre
insu, « sous l'emprise d'autrui ».
Dans la mesure même où nous nous préoccupons du monde public, nous subissons
son emprise : alors même que nous souhaitons faire preuve de distance, ce souci manifeste notre dépendance non.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Faut il proteger la nature de Christine cost
- Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d'art?
- DISSERTATION PHILOSOPHIE SUR LA TECHNIQUE: : FAUT-IL AVOIR PEUR DE LA TECHNIQUE ?
- dissertation faut-il regretter de ne pas pouvoir revenir en arrière
- faut-il respecter la nature ?