Faut-il être pessimiste ?
Extrait du document
«
[L'existence est une tragi-comédie.
Il n'y a partout que luttes d'intérêts, trahisons, vanité, souffrances,
guerres.
Comme si tout cela ne suffisait pas, on sait que l'on doit mourir.
La seule attitude possible est
donc le pessimisme.]
La vie se joue des individus
La vie n'admet point de félicité vraie, elle est foncièrement une
souffrance aux aspects divers, un état de malheur radical...
La célébrité tardive et posthume de Schopenhauer est due non à
l'armature théorique de son système philosophique, mais à son fameux
pessimisme, qui s'exprime dans Le Monde comme Volonté et comme
Représentation (1818 et 1844, trad.
A.
Burdeau, revue et corrigée par
R.
Roos, PUF, 1966) à travers ses propos sur l'art et surtout sur
l'éthique et qu'on ne saurait mieux caractériser que par cette phrase :
« On peut se convaincre a priori à cette conviction que, par nature, la
vie n'admet point de félicité vraie, qu'elle est foncièrement une
souffrance aux aspects divers, un état de malheur radical.
»
Que la souffrance existe est un fait.
Affirmer qu'elle est « le fond de
toute vie » relève du pessimisme, car cela signifie que la douleur tient à
l'essence même de la vie et qu'elle est donc inévitable.
Autrement dit,
elle accompagne chaque moment de notre existence et les effort s
incessants que nous faisons pour la chasser sont vains.
Ils n'ont d'autre
effet que de la faire changer de figure :
« Réussissez-vous (rude tâche!) à chasser la douleur sous telle forme,
elle revient sous mille autres figures, changeant avec l'âge et les
circonstances : elle se fait désir charnel, amour passionné, jalousie,
envie, haine, inquiétude, ambition, avarice, maladie et tant d'autres maux, tant d'autres ! »
C'est un effort incessant, jamais satisfait, qui fait toute l'existence de l'homme.
Jamais de but vrai, jamais de
satisfaction finale, nulle part un lieu de repos.
Cet effort prend le nom de volonté.
L'homme est-il arrêté par
quelque obstacle dressé entre lui et son but immédiat ? Voilà la souffrance.
Atteint-il son but ? C'est la
satisfaction.
Soit, mais pour combien de temps ? La douleur ne s'interrompt pas pour autant.
L'homme ne
peut, en fait, que vivre dans un état perpétuel de douleur :
« Tout désir naît d'un manque, d'un état qui ne nous satisfait pas; donc il est souffrance, tant qu'il n'est pas
satisfait.
Or nulle satisfaction n'est de durée; elle n'est que le point de départ d'un désir nouveau.
Nous
voyons le désir partout arrêté, partout en lutte, donc toujours à l'état de souffrance : pas de terme dernier à
l'effort.
»
On comprend dès lors la formule : « La vie n'admet pas de félicité ».
Elle signifie, en particulier, qu'il n'y a pas
de bonheur durable, mais seulement un effort continu, sans vrai but, sans vrai repos.
Cet effort, on peut le reconnaître partout, y compris dans la nature dépourvue d'intelligence.
Dans la
pesanteur, par exemple, « effort interminable, et qui tend vers un point central sans étendue, qu'il ne pourrait
atteindre sans s'anéantir et la matière avec ».
Chez la plante qui, par un effort poursuivi à travers des formes
de plus en plus nobles, aboutit enfin à la graine, « qui est un point de départ à son tour: et cela répété
jusqu'à l'infini ».
Chez les bêtes aussi.
Mais plus la conscience s'élève et plus la misère va croissant, plus la souffrance est grande.
De toutes les
formes de vie, c'est la vie humaine qui est la plus douloureuse et celle-ci « oscille, comme un pendule, de
droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ».
La vie oscille, comme une
pendule,
de
droite
à
gauche, de la souffrance à
l'ennui.
(Le monde comme
volonté
et
comme
représentation)
Cette phrase résume ce qu'on appelle le
"pessimisme" de Schopenhauer.
La souffrance
est notre condition.
Tout (y compris nous) est
agi par une volonté mais une volonté aveugle
et sans but.
Mais vouloir procède d'un manque
et donc d'une douleur morale.
Mais quand la
volonté vient à manquer d'objet, alors nous
sombrons dans l'ennui..
»
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