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Faut-il être juste par devoir ou par intérêt ?

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La notion de justice est l'un des fondements de notre civilisation. Nous savons tous, de manière plus ou moins claire, ce que signifie être juste. Cette expression désigne la conformité à un droit, qu'il soit naturel (la loi de la nature), moral ou positif (institutionnel et usuel). L'action juste peut, en outre, reposer distinctement sur des principes juridiques, moraux ou religieux.

La philosophie relève alors une problématique : qu'est-ce qui fonde et légitime mon action juste ? De vives polémiques sur la nature des principes qui sous-tendent la justice traversent toute l'histoire de notre civilisation. La philosophie s'est divisée profondément sur cette question. Si certains penseurs fondent l'action juste sur l'intérêt qui peut en découler, d'autres ont contradictoirement affirmer l'exclusivité du fondement moral qui doit gouverner toute action faite en conformité avec l'idée de justice.

Faut-il donc être juste par devoir ou par intérêt ?

  • Nous chercherons, dans un premier temps, à déterminer quel(s) intérêt(s) peuvent légitimer le fait d'être juste.

  • Dans un deuxième temps, il s'agira pour nous de nous interroger sur la contradiction que représente l'idée d'une justice intéressée.

I) L'intérêt de la justice

II) La pureté du devoir moral

« Introduction La notion de justice est l'un des fondements de notre civilisation.

Nous savons tous, de manière plus ou moins claire, ce que signifie être juste.

Cette expression désigne la conformité à un droit, qu'il soit naturel (la loi de la nature), moral ou positif (institutionnel et usuel).

L'action juste peut, en outre, reposer distinctement sur des principes juridiques, moraux ou religieux. La philosophie relève alors une problématique : qu'est-ce qui fonde et légitime mon action juste ? De vives polémiques sur la nature des principes qui sous-tendent la justice traversent toute l'histoire de notre civilisation.

La philosophie s'est divisée profondément sur cette question.

Si certains penseurs fondent l'action juste sur l'intérêt qui peut en découler, d'autres ont contradictoirement affirmer l'exclusivité du fondement moral qui doit gouverner toute action faite en conformité avec l'idée de justice. Faut-il donc être juste par devoir ou par intérêt ? Nous chercherons, dans un premier temps, à déterminer quel(s) intérêt(s) peuvent légitimer le fait d'être juste. Dans un deuxième temps, il s'agira pour nous de nous interroger sur la contradiction que représente l'idée d'une justice intéressée. I) L'intérêt de la justice Diogène de Sinope, un des illustres tenants de la philosophie cynique de l'antiquité grecque, rappelait avec véhémence ceci : « Je crache sur la moralité et sur les songe-creux qui s'en émerveillent, toutes les fois qu'aucun plaisir n'en résulte pour moi.

» On ne peut être plus clair quant au but de la morale et à la méthode susceptible de la fonder.

Les cyniques pensaient que seule la loi de la nature peut et doit gouverner nos actions.

De fait, être juste ne pouvait signifier pour eux que l'action accomplie en accord avec cette loi.

Celle-ci n'est autre que la recherche du plaisir, ou plus exactement la fuite de la souffrance.

Dès lors ils affirmaient l'intérêt (recherche du plaisir/absence de déplaisir) qui gouverne chacune de nos actions.

Vouloir agir dans le simple respect d'une idée, d'un idéal contre nature, voilà pour eux une idée folle ! Si la justice peut avoir quelque intérêt il faut alors agir, selon les circonstances, conformément à elle.

Mais cette action reposera sur l'utilité et l'avantage qu'on peut en retirer, non sur elle-même. Plus tard, Rousseau affirmera également l'idée qu'il est utile à l'homme et à la société d'agir conformément à la loi.

Le « contrat social » (cf.

Du contrat social) est justement cette possibilité offerte aux hommes de préserver la paix sociale que les dictatures et despotismes mettent en danger.

Ce contrat serait cet acte volontaire de rassemblement d'individus sous le respect des lois.

L'intérêt provient justement du fait que ce pacte civil permet aux hommes de conserver leur liberté et de supprimer les inégalités au sein d'un espace fondé sur l'idée que seul compte l'intérêt général.

C'est justement ce respect de l'intérêt général qui légitime la justice sociale et restaure les libertés individuelles dans le stricte cadre de la loi sociale. Hobbes reconnaît, quant à lui, une « loi d'intérêt » (cf.

Léviathan ; ch.

III) qui gouverne toutes les actions humaines.

Si l'idée de justice s'impose dans toute société humaine, c'est justement parce qu'elle a un intérêt. L'homme étant par nature « un loup pour l'homme » (il reprend la célèbre formule de Plaute « homo homini lupus »), l'intérêt de la justice est de permettre aux hommes, non pas de supprimer le conflit (qui est inhérent à l'espèce humaine), mais de supprimer son expression violente.

Agir en conformité avec la loi, en accord avec la justice, c'est toujours, selon Hobbes, l'expression d'une humaine nature intéressée. Être juste signifierait donc, pleinement, agir selon un intérêt quelconque.

Kant rappelait en outre qu'il était fort peu probable de rencontrer une action faite uniquement par devoir moral, tant l'homme est « fait d'un bois courbe » (« aus so krummen Holz » ; cf.

Théorie et praxis).

Les éléments ici présentés confinent à considérer une morale, une justice définies dans leur intérêt pratique. II) La pureté du devoir moral Toutefois, cette définition d'une justice pratique ne va-t-elle pas à l'encontre même des valeurs idéales de justice ? En effet, agir en simple conformité à la loi, n'est-ce pas agir de manière amorale ? Être juste par intérêt, est-ce encore être vraiment juste ? Cependant Aristote lui-même définira la morale, et donc la justice qui en découle, en fonction du bonheur, but avéré de l'humanité : « Tous les arts, toutes les recherches méthodiques de l'esprit, aussi bien que tous nos actes et toutes nos décisions réfléchies semblent toujours avoir en vue quelque bien que nous désirons atteindre ; et c'est là que nous avons parfaitement défini le bien quand on a dit qu'il est l'objet de tous les vœux.

» (Cf.

Éthique à Nicomaque, Livre I, Théorie du bien et du bonheur). »

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