Faut-il douter de tout ?
Extrait du document
«
Douter de tout c'est remettre tout en cause, c'est refuser toute certitude.
Vous pouvez dès lors remarquer
que le doute perpétuel peut être assez nuisible dans nos actions quotidiennes.
En effet, le doute risque bien
souvent de paralyser l'action.
Ainsi, quand je traverse la route, il ne faut pas que je doute à tout moment de
ce que je vois.
De même celui qui conduit ne peut pas en permanence douter de ce qu'il doit faire, il doit agir.
Douter de tout semble donc être une sorte de position intellectuelle peu efficace lorsqu'il s'agit d'agir.
Pourtant, refuser le doute c'est bien souvent aussi faire preuve de naïveté ou de crédulité.
En ce sens, le
doute peut paraître bien des fois nécessaire.
Ici, vous pouvez penser aux analyses de Descartes dans les
Méditations métaphysiques ou dans le Discours de la méthode à propos du doute méthodique.
C'est bien parce
qu'il a douté de tout que Descartes parvient à cette évidence sûre et certaine « Je pense donc je suis ».
Il n'y
a de vérité absolue que parce qu'on a douté de tout.
Ainsi, faut-il douter de tout ? D'un côté il semble bien
que le doute puisse paralyser l'action et devenir un inconvénient pour notre vie quotidienne et d'un autre le
doute semble être nécessaire pour parvenir à la vérité.
Vous êtes donc ici face à un problème puisqu'on peut
aussi bien répondre oui que non à la question posée.
Il faut alors vous demander si ces deux affirmations sont
bien contradictoires comme elles semblent l'être au premier abord.
Lorsque Descartes montre qu'il faut douter
de tout, n'est-ce pas dans un but et un domaine précis ? En revanche, dois-je douter de tout ce qu'on me dit,
des sentiments que les autres ont pour moi…en d'autres termes, un doute perpétuel permet-il vraiment une vie
en commun ?
[Les instruments de la connaissance - sens et raison - sont trompeurs, il faut donc douter de tout.
Nous
ne pouvons pas tenir compte de nos sens, qui sont trompeurs, et de la raison, qui n'est pas fiable.
Il faut
commencer par douter de tout.
Le premier pas vers la vérité est le scepticisme, qui nous détourne de
l'erreur.]
Les sens ne sont pas infaillibles
Si les sens étaient infaillibles, des objets identiques donneraient des impressions identiques.
Nos visions du
monde ne seraient pas multiples et contradictoires.
Or, tel n'est pas le cas.
La sensation du miel est agréable
aux uns, désagréable aux autres.
Tout discours sur le miel, à partir de nos sensations, fait seulement
apparaître des affirmations contradictoires.
Les informations des sensations ne font pas apparaître la vérité.
Du miel en soi nous ne pouvons donc rien dire.
La vérité n'est pas accessible par la sensation, et nous
pouvons affirmer que douter des sens est nécessaire.
Descartes montrera que seul l'entendement connait.
Dans la deuxième Méditation, Descartes observe un morceau de cire
"qui vient d'être tiré de la ruche, il n'a pas encore perdu la douceur du
miel qu'il contenait, il retient encore quelque chose de l'odeur des fleurs
d'où il a été recueilli ; sa couleur, sa figure, sa grandeur sont
apparentes : il est dur, il est froid, on le touche, et si vous le frappez, il
rendra quelque son".
Connaître un corps, c'est apparemment le
connaître par les caractères que nous percevons : son odeur nous
renseigne sur son origine, ainsi que sa couleur, sa consistance, sa
température, le son qu'il rend, sa forme et sa taille.
Approchant ce bloc
de cire d'une flamme, sa "saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur
se change, sa figure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il
s'échauffe, à peine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe il ne
rendra plus aucun son".
S'agit-il de la même cire ? Tous les caractères
distinctifs par lesquels on le connaissait ont disparu, mais "il faut avouer
qu'elle demeure, et personne ne le peut nier".
Les organes des sens ne
peuvent donc rien nous apprendre de stable ni de certain.
Ce que nous
percevons de la cire ne nous apprend rien d'elle.
Fondue, il ne demeure
d'elle que quelque chose de flexible, d'étendu et de muable.
Imaginant
la cire je ne connaîtrai rien de plus d'elle ; flexible et malléable, elle
pourrait prendre une infinité de figures que mon imagination ne peut se
représenter.
Par conséquent, il reste qu'il n'y a que "mon entendement seul qui conçoive ce que c'est que
cette cire".
Conçue par l'entendement ou l'esprit, cette cire n'est pas une autre cire que celle dont je fais
l'expérience sensible, mais seule une inspection de l'esprit me permet de la connaître, et non pas la vue, le
toucher ou l'imagination.
La raison n'est pas fiable
Si le vrai est l'affaire de la raison, les hommes raisonnables s'accorderaient sur certaines affirmations..
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