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Faut-il bien penser pour bien vivre ?

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« L'enjeu du sujet est de savoir s'il y a un lien nécessaire (" faut-il ") entre la réflexion théorique (" penser ") et la pratique, l'action, l'existence concrète (" vivre ").

Le sujet invite à réfléchir sur le rapport entre l'abstraction de la réflexion (les idées) et la confrontation de nos idées au réel.

Faut-il se limiter à accepter et à profiter de ce qui est, des faits et de la vie tels qu'ils se présentent à nous, ou bien faut-il tenter, par la pensée et la réflexion, de définir ce qui doit être (pour ensuite tenter de changer ce qui est, notamment en politique, par exemple) ? Quelques pistes pour cerner la définition de " bien penser " : est-ce simplement enchaîner les idées de manière cohérente et logique (par exemple, la démonstration mathématique, les syllogismes), ou est-ce " penser vrai " (adéquation de la chose et de la pensée, soit adéquation de mes idées et du réel) ? Qu'est-ce qui distingue : - penser et croire ou avoir une opinion ? - être convaincu (certain) et être persuadé (par quelqu'un qu'on admire par exemple) ? Quelles conséquences cela a-t-il sur la manière dont on vit ? Quel est le rapport entre le savoir (sens possible de " bien penser ") et la morale (" bien vivre ") ? Faut-il nécessairement être intelligent pour être juste envers autrui, ou pour avoir une conscience morale ? Définition des termes du sujet La question « faut-il » porte sur un devoir, que ce devoir vienne de l'extérieur – on a ou on n'a pas le droit de faire telle chose parce que la loi, ou l'opinion publique, ou les opinions de tierces personnes considèrent cette chose comme interdite ou mauvaise –, ou de l'intérieur – on fonde pour soi-même l'obligation ou l'interdiction de telle ou telle chose, après avoir fait une évaluation de cette chose. L'objet sur lequel porte l'interrogation est le fait de « philosopher pour bien vivre » : le verbe « philosopher », d'abord, renvoie à un exercice de la philosophie sur un mode actif : philosopher n'est peut-être pas tant apprendre abstraitement la philosophie que pratiquer, mettre en application cet apprentissage.

Cette compréhension de la philosophie comme pratique est fondamentale dans la philosophie antique : le sujet met donc en question une qualité fondatrice de la philosophie, qui s'est conçue dès ses débuts comme une discipline de la vie bonne. L'expression « bien vivre » est alors à prendre dans un sens proprement philosophique : il ne s'agit pas de vivre confortablement, mais de mener sa vie avec une certaine excellence, par exemple en l'évaluant en permanence, en la pensant, en s'efforçant de trouver des principes pour la guider. On pourrait inverser la formulation du sujet, et demander s'il est possible de bien vivre sans pratiquer la philosophie : c'est en effet la nécessité du lien entre la philosophie et la vie bonne qui est ici mis en question : la philosophie estelle indispensable à la vie bonne, si bien qu'il serait illusoire d'espérer bien vivre sans la pratiquer ? Cette question est problématique, car elle suppose, si on y répond par l'affirmative, que la vie de tous ceux qui ne pratiquent pas la philosophie ne peut prétendre à l'excellence.

Qu'est-ce qui fonderait cette prétention de la philosophie à savoir, seule, comment gouverner sa vie pour que celle-ci soit bonne ? La philosophie ne pourrait-elle pas, au contraire, être une discipline qui détournerait de la pratique de la vie pour s'en remettre à des principes abstraits ? – c'est une critique que l'on adresse couramment en effet à la philosophie. Eléments pour le développement * La philosophie comme unique accès à la vie bonne Epicure, Lettre à Ménécée « Quand on est jeune il ne faut pas hésiter à s'adonner à la philosophie, et quand on est vieux il ne faut pas se lasser d'en poursuivre l'étude.

Car personne ne peut soutenir qu'il est trop jeune ou trop vieux pour acquérir la santé de l'âme.

Celui qui prétendrait que l'heure de philosopher n'est pas encore venue ou qu'elle est déjà passée, ressemblerait à celui qui dirait que l'heure n'est pas encore arrivée d'être heureux ou qu'elle est déjà passée.

Il faut donc que le jeune homme aussi bien que le vieillard cultivent la philosophie : celui-ci pour qu'il se sente rajeunir au souvenir des biens que la fortune lui a accordés dans le passé, celui-là pour être, malgré sa jeunesse, aussi intrépide en face de l'avenir qu'un homme avancé en âge (...). Ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles, les jouissances des jeunes garçons et des femmes, les poissons et les autres mets qu'offre une table luxueuse, qui engendrent une vie heureuse, mais la raison vigilante, qui recherche minutieusement les motifs de ce qu'il faut choisir et de ce qu'il faut éviter et qui rejette les vaines opinions, grâce auxquelles le plus grand trouble s'empare des âmes. De tout cela la sagesse est le principe et le plus grand des biens.

C'est pourquoi elle est même plus précieuse que la philosophie, car elle est la source de toutes les autres vertus, puisqu'elle nous enseigne qu'on ne peut pas être heureux sans être sage, honnête et juste ni être sage, honnête et juste sans être heureux. Conçois-tu maintenant que quelqu'un puisse être supérieur au sage, qui a sur les dieux des opinions pieuses, qui est toujours sans crainte à la pensée de la mort, qui est arrivé à comprendre quel est le but de la nature, qui sait. »

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