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Faire l'histoire, est-ce juger le passé ?

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« Définition des termes du sujet: PASSÉ: Dimension du temps écoulé dans son irréductible irréversibilité.

D'ordre biologique, pulsionnel, social, historique ou psychologique, le passé pèse sur l'homme dans le sens du déterminisme, mais, il structure aussi activement la personnalité sans laquelle la liberté serait impossible ou illusoire.

La liberté qui peut d'ailleurs s'exercer à l'égard du passé lui-même, dans la mesure où le sens accordé au passé reste du choix de l'individu (cf.

Sartre). Par sa nature même, la connaissance du passé humain reste, selon les cas, occultée, aléatoire, partielle, subjective, soumise au moment social; elle laisse ainsi souvent une marge d'indétermination propice aux illusions et à l'action de l'imaginaire. HISTOIRE: Ce mot désigne soit le devenir, l'évolution des individus et des sociétés (allemand Geschichte), soit l'étude scientifique de ce devenir (allemand Historie). Introduction Nous avons coutume, lorsque nous considérons des actes humains, de leur attribuer une valeur, de les juger comme bons ou mauvais, justes ou injustes, lâches ou courageux.

Cela vaut-il également pour les actes que nous étudions lorsque nous faisons de l'histoire? Cette recherche consiste-t-elle à juger le passé? Après avoir examiné les motifs qui nous incitent à juger le passé, nous nous demanderons si cette attitude correspond véritablement à la démarche de l'historien; enfin nous nous demanderons s'il est véritablement possible de penser une approche historique objective au point de suspendre tout jugement. I.

Faire de l'histoire, c'est juger le passé. Les différentes époques de notre histoire sont souvent accompagnées de qualificatifs qui montrent que nous portons à leur égard des jugements de valeur; il semble que cette activité de jugement fasse partie de notre intérêt pour le passé.

Telle époque sera dite "barbare", une autre florissante. • Pourquoi le passé nous intéresse. Pourquoi se passionne-t-on pour l'histoire? Parfois pour le simple intérêt de la connaissance des événements passés, souvent parce que ces derniers représentent encore pour nous des enjeux sociaux ou Politiques qui enrichissent nos prises de position au présent.

Un républicain étudiant la monarchie du XVIIe siècle pourra éclairer ses convictions au travers des jugements qu'il portera sur le régime étudié. • Un passé qui est le nôtre. Nous sommes souvent d'autant plus tentés de porter des jugements que nous reconnaissons le passé étudié comme nôtre.

Nous pouvons nous contenter d'une connaissance purement descriptive du passé de civilisations éloignées, mais il semble important de porter des jugements sur un passé dont notre présent est tributaire.

En étudiant la Seconde Guerre mondiale, nous ne pouvons mettre sur le même plan Résistance et collaboration. • Un jugement trop facile? On peut cependant se demander ce que vaut un jugement porté sur une époque révolue : il peut sembler trop facile de juger de loin une époque dans laquelle nous ne sommes pas engagés et de reprocher à certains de n'avoir pas eu le recul dont nous disposons à présent.

Lévi-Strauss fera la même analyse concernant l'ethnocentrisme. «Habitudes de sauvages», «cela n'est pas de chez nous», etc.

Autant de réactions grossières qui traduisent ce même frisson, cette même répulsion en présence de manières de vivre, de croire ou de penser qui nous sont étrangères.

Ainsi l'Antiquité confondait-elle tout ce qui ne participait pas de la culture grecque (puis gréco-romaine) sous le même nom de barbare ; la civilisation occidentale a ensuite utilisé le terme de sauvage dans le même sens. Or, derrière ces épithètes se dissimule un même jugement : il est probable que le mot barbare se réfère étymologiquement à la confusion et à l'inarticulation du chant des oiseaux, opposées à la valeur signifiante du langage humain ; et sauvage, qui veut dire «de la forêt», évoque aussi un genre de vie animale par opposition à la culture humaine.

Dans les deux cas, on refuse d'admettre le fait même de la diversité culturelle; on préfère rejeter hors de la culture, dans la nature, tout ce qui ne se conforme pas à la norme sous laquelle on vit." Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (1970), Unesco. Ce que défend ce texte: Claude Lévi-Strauss tente de montrer dans ce texte que la notion de « sauvage » qu'on oppose traditionnellement à celle d'« homme civilisé », n'est qu'un mythe.

Certes, ce terme, qui dérive du latin silva, signifie au sens étymologique « qui vient de la forêt », et évoque le genre de vie animale, comme dans l'expression « bête sauvage », par opposition à la vie de l'homme dans des sociétés organisées par la culture. Mais le mot « sauvage » fait l'objet d'un emploi révélateur qui ne concerne ni la vie animale ni même celle des premiers hommes préhistoriques.

Il est utilisé en tant qu'il porte en lui un jugement de valeur péjoratif que l'on retrouve également dans le mot « barbare ».. »

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