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Expliquer et discuter ce texte de Henri Poincaré : « Peu nous importe que l'éther existe réellement, c'est l'affaire des métaphysiciens; l'essentiel pour nous, c'est que tout se passe comme s'il existait, et que cette hypothèse est commode pour l'explica

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L'auteur prend exemple de la notion d'éther, milieu hypothétique conçu par la science moderne pour expliquer les différentes formes de l'énergie. Il veut par là caractériser la valeur des hypothèses : sens général du texte. Mais cette question de valeur a besoin d'être précisée. Les hypothèses en effet se justifient scientifiquement si elles rendent compte des faits, et, entre les hypothèses possibles, on choisit celle qui permettra le mieux d'interpréter le plus grand nombre de faits : par là se définit la valeur proprement scientifique de l'hypothèse. D'autre part, on est en droit de demander si l'hypothèse traduit la réalité des choses, et s'il faut dire, non pas seulement que tout se passe comme si..., mais bien que tout se passe ainsi. On remarquera alors la double articulation du texte : que l'existence de l'éther est indifférente au physicien: que c'est une hypothèse commode. Ce qui semble d'une part traduire le problème de la valeur philosophique (en le déclarant sans intérêt pour le savant, d'autre part apporter une interprétation du problème de la valeur scientifique, en y donnant d'ailleurs une solution de sens très restreint. Il s'agit de définir aussi exactement que possible les intentions de l'auteur sur l'un et l'autre points. Or, si le sens littéral des expressions n'est pas douteux, il est plus délicat de déterminer à quoi elles s'appliquent précisément : quel sens faut-il donner ici au terme ("exister ?" car on ne définira quel genre d'enseignement la science nous apporte (ou est incapable d'apporter), que si l'on établit quelle idée du réel vise vraisemblablement l'auteur; — d'autre part, comment comprendre l'idée de commodité, donc quelle aide l'hypothèse apporte-t-elle à la science ou à la pensée ? Ces remarques fournissent la matière de l'introduction et de la mise en train de la discussion, qui se présenteront donc ainsi :... Introduction. — La science se construit en proposant des idées ou hypothèses qui interprètent les phénomènes. Que valent les hypothèses ? Double problème : valeur scientifique, valeur philosophique. C'est à cette double question que paraît correspondre la double articulation du texte de Poincaré : « Peu nous importe que l'éther existe réellement ; l'essentiel pour nous, c'est que tout se passe comme s'il existait. » Renvoyant aux métaphysiciens le problème philosophique, l'auteur pose que le savant ne s'intéresse qu'au problème de la valeur scientifique qu'il interprète par une idée très limitée, puisqu'on demanderait seulement à l'hypothèse d'être « commode pour l'explication des phénomènes ».

« Expliquer et discuter ce texte de Henri Poincaré t: « Peu nous importe que l'éther existe réellement, c'est l'affaire des métaphysiciens; l'essentiel pour nous, c'est que tout se passe comme s'il existait, et que cette hypothèse est commode pour l'explication des phénomènes.

» L'auteur prend exemple de la notion d'éther, milieu hypothétique conçu par la science moderne pour expliquer les différentes formes de l'énergie.

Il veut par là caractériser la valeur des hypothèses : sens général du texte.

Mais cette question de valeur a besoin d'être précisée. Les hypothèses en effet se justifient scientifiquement si elles rendent compte des faits, et, entre les hypothèses possibles, on choisit celle qui permettra le mieux d'interpréter le plus grand nombre de faits : par là se définit la valeur proprement scientifique de l'hypothèse.

D'autre part, on est en droit de demander si l'hypothèse traduit la réalité des choses, et s'il faut dire, non pas seulement que tout se passe comme si..., mais bien que tout se passe ainsi. On remarquera alors la double articulation du texte : que l'existence de l'éther est indifférente au physicien: que c'est une hypothèse commode.

Ce qui semble d'une part traduire le problème de la valeur philosophique (en le déclarant sans intérêt pour le savant, d'autre part apporter une interprétation du problème de la valeur scientifique, en y donnant d'ailleurs une solution de sens très restreint.

Il s'agit de définir aussi exactement que possible les intentions de l'auteur sur l'un et l'autre points. Or, si le sens littéral des expressions n'est pas douteux, il est plus délicat de déterminer à quoi elles s'appliquent précisément : quel sens faut-il donner ici au terme ("exister ?" car on ne définira quel genre d'enseignement la science nous apporte (ou est incapable d'apporter), que si l'on établit quelle idée du réel vise vraisemblablement l'auteur; — d'autre part, comment comprendre l'idée de commodité, donc quelle aide l'hypothèse apporte-t-elle à la science ou à la pensée ? C es remarques fournissent la matière de l'introduction et de la mise en train de la discussion, qui se présenteront donc ainsi :... Introduction.

— La science se construit en proposant des idées ou hypothèses qui interprètent les phénomènes.

Que valent les hypothèses ? Double problème : valeur scientifique, valeur philosophique.

C 'est à cette double question que paraît correspondre la double articulation du texte de Poincaré : « Peu nous importe que l'éther existe réellement ; l'essentiel pour nous, c'est que tout se passe comme s'il existait.

» Renvoyant aux métaphysiciens le problème philosophique, l'auteur pose que le savant ne s'intéresse qu'au problème de la valeur scientifique qu'il interprète par une idée très limitée, puisqu'on demanderait seulement à l'hypothèse d'être « commode pour l'explication des phénomènes ». I.

— Ainsi le physicien, nous dit-on, se désintéresserait de l'existence de l'éther.

Mais de quelle sorte d'existence s'agit-il ? Le « Réel » se confondrait-il, comme pour la pensée commune, avec l'ensemble de nos perceptions contrôlées ? Demander si l'éther existe, reviendrait alors à chercher s'il serait susceptible d'entrer dans le champ de notre perception ou du moins d'être l'objet d'une opération équivalente à la perception.

Certains savants ou penseurs voudraient que la science préparât ainsi par ses conceptions un retour à la perception (comme dans les phénomènes d'ionisation, où des condensations de vapeurs autour de points électriquement définis équivalent à une perception des ions), ou bien qu'elle nous donnât des notions équivalentes à une perception plus fine ou plus analytique (sens dans lequel Jean Perrin entend la réalité de l'atome).

Mais Poincaré s'en remet expressément à la métaphysique de nous donner le Réel.

Il songe donc, semble-t-il, à l'idée de ce que serait la nature des choses, indépendamment de notre perception.

Et sans doute faut-il dire avec lui que la science ne peut atteindre un Réel ainsi défini : une critique de la connaissance devrait en effet intervenir pour en chercher les conditions d'accès. II.

— Faut-il donc réduire la valeur de l'hypothèse à une façon de penser commode ? Précisons. 1° Il apparaît assez clairement que l'auteur ne veut pas attribuer par là à l'hypothèse une valeur pratique ou valeur d'action ; ce qui ressort d'un autre exemple donné aux lignes suivantes, l'hypothèse d'un monde extérieur, car cet te hypothèse n'ajoute rien à notre puissance pratique ou à l'organisation de l'action ; 2° On est tenté d'interpréter encore : l'hypothèse ne serait qu'un langage (« tout se passe comme si...

»), que l'on emploie pour remplacer commodément un système d'équations.

H.

Poincaré semble viser cette interprétation quand un peu plus loin il relie la question de l'éther à un choix entre équations différentielles et équations à différences finies, celles-ci devant se traduire par l'idée d'un réel discontinu.

Mais un tel nominalisme n'est dans le sens ni de l'exemple précédent (réalité du inonde), ni de cet autre encore, donné ailleurs, l'hypothèse du mouvement de la terre ; car ces hypothèses suggèrent une conception concrète du réel.

Il faut croire que, par la symétrie de l'hypothèse et d'un type d'équations, on veut seulement souligner qu'il y a une première raison du choix, et qu'elle est d'ordre mathématique ; 3° Il reste que l'idée de commodité se réfère aux conditions de l'explication scientifique (on donne ainsi son sens plein à l'expression : « commode pour l'explication des phénomènes ».) A ) D'abord on nous dit qu'une hypothèse répond au maniement de certains procédés scientifiques, et le rend plus aisé : ici, emploi d'un certain type d'équations ; dans l'hypothèse que la terre tourne, notion d'un certain système de référence, qui simplifie singulièrement le calcul astronomique.

Mais admettre ce fait, n'est-ce pas déjà souligner une signification mentale réelle, puisque l'hypothèse répondrait ainsi à une organisation plus simple ou plus satisfaisante des éléments de l'expérience ? B) De plus l'hypothèse en se construisant sur des images que suggère l'expérience donne un moyen d'explication : ici, par exemple, il s'agit de choisir entre l'idée des actions à distance, toujours mystérieuses, et celles des actions immédiates, où s'introduit l'idée familière de choc ; la notion d'éther permet de prendre cette seconde position.

Mais en procédant ainsi on utilise des données d'expérience que l'hypothèse permet d'exploiter pour l'explication (par ex. ici, analogies dans la réfraction de la lumière, de la chaleur), et il est impossible de ne pas voir en ce fait quelque chose de plus qu'une simple façon de se représenter. En tout cela donc, l'hypothèse est commode, non pas en tant que moyen d'action ni en tant que pure forme d'expression ; mais commode en ce que par la réalisation aisée des calculs, par le rapprochement établi entre des faits plus nombreux, elle permet une organisation plus complète de l'ensemble de nos représentations et leur donne un sens. III.

— Mais si telle est la pensée de H.

Poincaré, l'hypothèse serait une organisation encore intérieure à la connaissance scientifique, donc totalement indifférente à une conception métaphysique du Réel : dirons-nous donc que la science n'en vraiment qu'une mise en ordre de nos représentations, avec des hypothèses qui permettraient d'en exploiter plus aisément la richesse ? Cependant Poincaré a formulé l'idée de « parenté expérimentale » (phénomènes lumineux, électro-magnétiques, etc.).

or, cette « parenté » n'est-elle pas l'amorce d'une objectivité qui dépasse.

l'organisation des représentations ? Et si l'hypothèse la traduit convenablement, ne va-t-elle pas à une conception des choses ? On continue, il est vrai, à se référer à des types de phénomènes qui donnent des modèles pour la conception du reste la structure des choses que nous représente la science emprunte encore ses matériaux à la perception (dimensions, masse, etc.).

Mais entre une hypothèse, qui tient compte de toutes les données, et la nature des choses, on peut croire à une certaine proportion analogue à celle que nous voyons entre un dessin bien fait et l'objet représenté. Conclusion.

— Il est donc possible que le concept de commodité, convenablement interprété, traduise les conditions qui suffisent à la réalisation du travail scientifique : il fait apparaître l'hypothèse comme moyen de recherche et de coordination.

Mais on peut accorder à l'hypothèse une signification plus pénétrante ; elle invite l'esprit à aller, au delà de la représentation perceptive, à l'idée d'une nature fondamentale des choses : valeur d'objectivité.

Il est possible que l'éther, tel que la science l'a construit, ne donne pas la figure d'une réalité, mais il doit en suggérer le sens et les relations constitutives.. »

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