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Existe-t-il des normes naturelles ?

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« Une opposition traditionnelle : celle de la nature et de la convention. Les normes, les règles que nous reconnaissons, existent-elles par convention (en grec : nomos) ou par nature (phusis) ? Les Sophistes, que Platon combattait, soutiennent avec Protagoras que « l'homme est la mesure de toutes choses ».

Une norme est toujours relative, puisque le point de vue varie avec celui qui la conçoit.

La critique platonicienne des Sophistes, qui prétendaient manipuler le langage sans le soumettre à des normes de vérité pour eux très problématiques (cf.

les séductions de la rhétorique), articule une théorie des valeurs (axiologie) sur une théorie de l'être (ontologie).

La nature et la loi ne peuvent être opposées, comme si l'on voyait dans cette opposition l'incompatibilité du nécessaire et de l'arbitraire propre au choix.

Ainsi, les normes, si elles existent, sont forcément naturelles, car elles se doivent d'exprimer l'essence profonde des choses (nature idéale du Beau, du Bien et du Juste) : « Donc, si toutes choses ne sont pas pareilles à la fois et toujours pour tout le monde, et si d'autre part chacune n'est pas propre à chacun, il est clair que les choses ont en elles-mêmes une essence fixe, qu'elles ne sont ni relatives à nous, ni dépendantes de nous, qu'elles ne sont point tirées dans tous les sens au gré de notre imagination, mais qu'elles existent par elles-mêmes selon l'essence qui leur est naturelle » (Platon, Cratyle, 386 d. Éditions Garnier-Flammarion, page 396). La norme, qui se règle sur l'être essentiel (eidos), ne peut qu'être « naturelle » — si l'on admet que chez Platon nature et essence profonde des choses ne peuvent s'opposer (cf.

aussi le Phédon, 100 a — 101 b — théorie du Beau en soi.

Éditions Garnier-Flammarion, pages 158 à 160). Problématisation de l'idée de norme naturelle Dans le prolongement des Sophistes et des Sceptiques (Pyrrhon), certains textes célèbres de Montaigne et de Pascal insistent sur la relativité culturelle et historique des normes : « Plaisante justice qu'une rivière borne ! Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà...

» (Pascal, Pensées, 294, édition Brunschvicg).

Il n'y a, pour Pascal, aucune loi universelle, vu la façon dont « le caprice des hommes s'est si bien diversifié » (idem).

En fait, l'homme, qui est dans « l'ignorance naturelle », ne peut engendrer de lui-même des normes absolues.

(« Nous avons donc montré que l'homme est vain, par l'estime qu'il fait des choses qui ne sont point essentielles », idem.

Pensées, 328).. »

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