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Existe-t-il des devoirs universels ?

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« PROBLEMATIQUE: L'origine culturelle des devoirs moraux ne doit pas nous empêcher de considérer certains d'entre eux comme universels, comme communs à tous les types de sociétés humaines.

Le devoir de s'abstenir de toute relation incestueuse, ainsi que celui qui défend le meurtre de tous ceux avec qui l'on vit, sont des obligations morales que l'on retrouve dans toute société.

Il est certain que le fait de tolérer une relation incestueuse entre les mères et leurs fils engendre une concurrence entre ces derniers et leurs pères qui menace l'équilibre familial et social.

Non seulement cette rivalité empêche l'éducation des jeunes générations par les anciennes, mais elle crée aussi des conflits ouverts entre hommes, conflits pouvant facilement déboucher sur des meurtres.

C'est pourquoi Freud pense que toute société repose sur deux tabous solidaires l'un de l'autre, la prohibition de l'inceste et celle du meurtre.

Ces deux tabous constituent les devoirs moraux fondamentaux de tout corps social.

Ils forment les principes de base de toute pédagogie, de toute éducation morale.

C'est cette dernière qui engendre dans chaque psychisme individuel cette structure psychologique, que Freud appelle le surmoi, produit de l'intériorisation, par l'individu, de l'autorité parentale.

De ce point de vue, le surmoi peut être considéré comme le « gardien » d'une morale universelle. Mais la vie sociale quelle qu'elle soit impose aux hommes un autre devoir moral indispensable à son bon déroulement : il s'agit du devoir de tenir ses promesses.

C'est sur ce dernier que Nietzsche insiste.

Toute société repose, selon lui, sur un échange de services et de biens entre individus : la société est fondée sur l'aide mutuelle que les individus s'apportent.

Or une telle entraide exige à son tour la fiabilité de chacun, la capacité de promettre, d'honorer ses engagements.

C'est pourquoi partout les individus sont « dressés » par des procédés parfois particulièrement cruels à respecter leurs promesses. • La conscience morale a une origine sociale + L'homme n'est pas un être naturellement moral « La conscience consiste à juger correctement ce qu'on doit faire » (Aristote, Grande Morale, 1197 b).

Elle se réalise par la capacité de choisir de faire le bien plutôt que le mal.

L'idée que l'homme n'est pas un être naturellement moral est présente chez le sociologue Lévy-Bruhl.

Dans toute société il y a des moeurs qui s'imposent, ainsi que des obligations et des interdits.

Les pratiques morales d'une société donnée sont donc liées aux croyances religieuses, à l'état économique et politique, aux acquisitions intellectuelles, aux conditions climatiques et géographiques, bref, à l'ensemble des séries concomitantes des phénomènes sociaux. + Considérer la conscience morale comme un fait culturel conduit au relativisme Affirmer que la conscience morale n'est qu'une manière de sentir et de penser que l'individu acquiert et développe au sein de la vie sociale permet de rendre compte de la diversité, selon les lieux et les temps, des conceptions du bien et du mal.

Mais cela ne permet pas d'expliquer comment l'individu peut se sentir obligé par des règles qui lui sont au départ étrangères.

A moins de considérer, avec le sociologue Durkheim, que la société représente pour l'homme une autorité sacrée à laquelle il accepte de se soumettre.

Mais ce serait là diviniser la société et confondre morale et conformisme.

Enfin et surtout, traiter la conscience morale comme un fait culturel peut conduire à affirmer que toutes les morales se valent, qu'il n'y a pas de hiérarchie des valeurs.

C'est une autre manière de dire qu'il n'y a pas de morale mais uniquement des moeurs et des usages. • La conscience morale est innée + Rousseau prétend que l'homme a un sentiment inné du bien La passion, c'est ce qui est de l'ordre du besoin et des sens.

La raison, avec ses subtilités, ne conduit le plus souvent qu'aux sophismes et à l'erreur.

Seul le sentiment, qui est de l'ordre du coeur, délivre un message clair.

La Profession de foi du vicaire savoyard (Émile) développe largement ce thème, en identifiant la conscience avec ce principe inné de justice et de vertu qui est en nous - conscience qui nous permet de juger nos actions et celles d'autrui comme bonnes ou mauvaises.

« Je n'ai qu'à me consulter sur ce que je veux faire : tout ce que je sens être bien est bien ; tout ce que je sens être mal est mal.

Le meilleur de tous les casuistes est la conscience » (Émile, livre IV). + Tout homme sait où est son devoir L'idée qu'il y a en l'homme une disposition innée au bien se retrouve chez Kant.

Mais ce dernier affirme que cette disposition n'est pas de l'ordre du sentiment mais de la raison.

Cette thèse est exprimée dans la conclusion de la Critique de la raison pratique, avec cette formule célèbre : « Deux choses remplissent le coeur d'une admiration [...] : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi.

». »

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