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Être un sujet, est-ce être libre ?

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« Être sujet, c'est être assujetti, c'est—à—dire soumis aux lois du monde. «Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? [...] rien ne peut fixer le fini entre les deux infinis qui l'enferment et le fuient.

» Pascal, Pensées (1670). • Nous faisons d'abord l'expérience de la dépendance: par rapport à nos parents, aux lois, à toute une série de déterminismes qui agissent sur nous. Penser le sujet comme assujetti, c'est le penser comme pris dans un tout, qui le dépasse et le détermine, et dans lequel, seulement, il peut avoir une existence et un sens. • Dans une conception religieuse de l'homme, seul Dieu, créateur de toutes choses, est un «sujet».

L'homme, en tant que créature, est passif par rapport aux différents plans auxquels il appartient (Dieu, le monde, la société...). • Conséquence de cette conception métaphysique du sujet: idée d'une soumission nécessaire du sujet aux autorités dont il est entouré (les Écritures, les traditions des anciens, les parents, l'ordre social établi en général). Être sujet, c'est être maître de soi—même (philosophie du sujet). «Il n'y a que la volonté, ou liberté de décision, que j'expérimente si grande en moi que je n'ai idée d'aucune autre plus grande» Descartes, Méditations métaphysiques (1641), IV. • L'idée qu'il faut croire ou faire quelque chose sans chercher à comprendre pourquoi («argument d'autorité») ne peut satisfaire un esprit formé aux mathématiques et habitué à l'idée de démonstration rationnelle, reposant sur des arguments déduits logiquement à partir d'évidences simples, par un «sujet» qui serait le point de départ de ses pensées et de ses actes. • Descartes est un des philosophes qui a le plus fermement affirmé cette conception.

Il montre que le sujet autonome se constitue dans: - le cogito - «Je pense donc je suis»: le fait de mon existence en tant que conscience pensante, s'impose à moi avec une certitude absolue.

C'est une vérité que je trouve en moi-même sans le recours à aucune autorité. - l'expérience du libre-arbitre, c'est-à-dire de la capacité de faire un choix, est une faculté qui ne peut pas être divisée.

Prétendre la restreindre, c'est la supprimer. La constitution du sujet par l'extérieur. «J'ai en quelque façon premièrement en moi la notion de l'infini que du fini, c'est-à-dire de Dieu que de moi-même» Descartes, Méditations métaphysiques (1641), III. • La conception cartésienne du sujet semble gommer deux aspects de l'existence humaine: - la finitude (la fatigue, la paresse, le désir, l'hésitation, le remords), ce qui fait que nous ressentons, sous des formes diverses, un profond décalage avec nous-mêmes (lorsqu'on aime deux personnes à la fois par exemple); - l'ouverture au monde: en posant le sujet comme un absolu, dans le cogito, je ne parviens plus à penser son rapport avec ce qui est extérieur à lui. • En réalité, Descartes a longuement traité du problème des passions (dans le traité Les Passions de l'âme) et du problème du solipsisme (la clôture du sujet sur soi-même).

Le sujet ne se définit jamais de manière complètement autonome: la relation est première.

Et ce n'est pas un rapport de soumission, mais de constitution, une condition de possibilité pour que le sujet constitue son autonomie.. »

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