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Être tolérant est ce tout tolérer

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« A u sens moral et politique, la tolérance est un principe fondé sur légale liberté et dignité des convictions et qui exige de ne pas contraindre une opinion lorsqu'elle est contraire à la sienne.

Elle va de paire à cet égard avec la liberté d'expression.

A cet égard la tolérance se confond souvent avec la liberté privée laissant à celle-ci l'extension qu'elle choisit d'avoir et s'oppose dés lors au fanatisme.

A cet égard être tolérant c'est laissé s'exprimer la pluralité des opinions sans jugement de valeur porté à leur encontre.

Et donc ne pas juger à cet égard une opinion plus avérée qu'une autre.

Mais n'y a-t-il pas des opinions et des manières de vivre intolérables, que l'on ne doit pas tolérer au nom justement de la tolérance elle-même ? Ou autrement dit la tolérance n'at-elle pas des limites ? C ertaines opinions en effet ne nuisent-elles pas à la sauvegarde de la société voire à la liberté des individus ? Nous verrons en premier lieu que être tolérant suppose nécessairement de tout tolérer.

Mais, et c'est ce que nous soutiendrons au cours d'un second moment, il y a des opinions qui nuisent à la société et à la tolérance elle-même.

Dans cette mesure il y a des opinions intolérables parce que nocives pour le corps social ou pour la vérité parce que erronées.

Mais interdire certaines des opinions n'est-ce pas risquer de nuire à la recherche de la vérité ? Ne faut-il pas laisser s'exprimer une opinion même dangereuse pour lui permettre de trouver la voie de la vérité ? N'est-ce pas en cela d'ailleurs la véritable de la tolérance ? Etre tolérant c'est tout tolérer car rien ne saurait être certain et à cet égard personne ne peut se dire dépositaire du vrai Pour Montaigne, le monde de l'homme est entièrement celui du devenir, où ni les choses, ni le sujet, ne se prêtent à la connaissance.

C ar écrit M ontaigne, Essais, Livre 2, chapitre 12 : « Finalement, il n'y a aucune constante existence, ni de notre être, ne de celui des objets.

Et nous, et notre jugement et toutes choses mortelles, vont coulant et roulant sans cesse.

A insi il ne se peut établir rien de certain de l'un à l'autre, et le jugeant et le jugé étant en continuelle mutation et branle ».

L'indétermination de la vérité est due à la variété des individus, qui ne sauraient être réduits les uns aux autres.

C omme Montaigne se plaît à conclure à la fin des Essais : « Il n'y a de sagesse que de soi ».

Montaigne ne dit jamais « c'est ainsi que vous devez faire », mais reprenant un mot de Térence « P our moi c'est ainsi que j'en use, vous faîtes comme vous l'entendez » Livre 1, C hapitre 18, p192.

Il n'y a aucun souci de rendre les hommes meilleurs, aucun souci de leur salut.

Libre à son médecin d'être protestant, à son laquais d'être luxurieux.

La prétention de posséder une idée du vrai bien de l'homme, conduit au fanatisme à l'intolérance.

Puisque nous sommes dans l'incapacité de fonder notre compréhension de l'homme, ce qui serait conforme à notre situation réelle, ce serait admettre comme indépassable un pluralisme radical et une équivalence des opinions sur l'homme.

La tolérance n'est un véritable respect d'autrui dans sa différence que par un renversement du discours celui-ci ne prétendant plus enfermer la « vérité », c'est-à-dire ce qu'il faut penser, donc ce que les autres aussi doivent penser mais seulement exprimer ce que nous sommes. Etre tolérant c'est tolérer le tolérable c'est-à-dire ce qui ne nuît pas à la société Selon Locke il y a des limites à la tolérance.

A insi s'agissant de la liberté en religion, n'est tolérable que la religion ne comportant pas de dogmes contraires à la société humaine et aux bonnes mœurs nécessaire à la conservation de la société civile et que d'autre part, ne fait pas passer ses adeptes sous l'obédience d'un prince : « Je dis premièrement, que le magistrat ne soit tolérer aucun dogme qui soit opposé et contraire à la société humaine et aux bonnes moeurs nécessaires pour conserver la société civile(…)Deuxièmement un mal certainement plus caché et plus périlleux pour l'Etat est constitué par ceux qui s'arrogent, pour eux-mêmes et pour ceux de leur secte, un privilège particulier et contraire au droit civil, qu'ils couvrent et masquent par des masques spécieux (…) Troisièmement, l'Eglise dans laquelle chacun passe ipso facto au service et dans l'obédience d'un autre prince, ne peut avoir le droit d'être toléré par le magistrat (…) Quatrièmement, enfin ceux qui nient l'existence d'une puissance divine ne doivent être tolérés en aucune façon.

La parole, le contrat le serment d'un athée ne peuvent former quelque chose de stable et de sacré, et cependant ils forment les liens de toute société humaine divine, au point que la croyance elle-même en Dieu supprimée, tout se dissout ».

Lettre sur la tolérance.

Locke subsume le principe de tolérance à celui de la sécurité et de la préservation du corps social.

La tolérance ne saurait donc faire l'économie de certaines règles qui lui prescrivent certaines limites. Pour Voltaire le vocable de la tolérance est conservé, pour désigner le consentement aux conséquences de liberté accordée à tous.

L'Etat se charge d'en élaborer les limites grâce auxquelles la liberté demeure universelle.

La tolérance est donc refusée aux intolérants.

C ette restriction suppose que la religion doivent admettre, comme l'Etat, la séparation du privé et du public en renonçant à régir le tout de la vie des hommes et en se comprenant elle-même comme une affaire privée.

A la limitation de la compétence de la loi devrait sans doute répondre la restriction de la religion au seul domaine spirituel.

La tolérance est en quelque sorte réflexive et comme le souligne V oltaire ne peut être objet de tolérance que la religion elle-même tolérante.

La tolérance se fonde sur le droit naturel des hommes le fanatisme nie dans ses fondements : on tolère les erreurs non les crimes troublant la société, « il faut donc que les hommes commencent par n'être pas fanatiques pour mériter la tolérance », Voltaire, Traité sur la tolérance.

La tolérance est ici réservée à ceux qui sont capables de respecter les opinions des autres, et à ne pas entraver leurs libertés. La tolérance tournée vers la vérité La tolérance sans limites peut s'accommoder aisément de la recherche de la vérité sans pour autant être limitée de l'extérieur, et même si le présupposé fondamental de la tolérance est que personne ne saurait être l'exclusif dépositaire du vrai.

Plus encore, qu'elle prenne appui sur des arguments sceptiques ne signifie pas que la tolérance présuppose l'indifférence à la vérité et aux normes, et qu'elle ne puisse être pratiquée que dans un horizon sceptique. Or, comprise comme droit à l'expression et aux débats d'idées divergentes ou conflictuelles, la tolérance suppose au contraire une valorisation des convictions en général, et de la recherche de la vérité en particulier : fondée le plus souvent sur l'idée de faillibilité de l'entendement, elle est aussi entendue comme condition de la vérité de se faire jour dans l'Histoire.

Spinoza souligne « la nécessité première de cette liberté pour l'avancement des sciences et des arts (…) qui ne peuvent être cultivés avec un heureux succès que par ceux dont le jugement est libre et entièrement affranchi » Traité théologico-politique. Stuart M ill insiste quant à lui sur le gain épistémologique qu'apporte la tolérance : imposer silence à une opinion vole l'espèce humaine en la privant soit d'une opinion juste, soit si l'opinion réprimée est fausse, du bienfait qu'aurait été « la perception plus claire et l'impression plus vive de la vérité, produite par sa collision avec l'erreur » De la liberté.

L'erreur peut ainsi servir la vérité, il n'y a pas en somme de pensée qui doit intolérable c'est-à-dire tout simplement proscrite car tout concourt en dernière instance à enrichir l'humanité.

C ar « la seule liberté est de travailler à notre avancement à notre gré, aussi longtemps que nous ne herchons pas à priver les autres du leur ou à entraver leurs efforts pour l'obtenir.

C hacun est le gardien naturel de sa propre santé aussi bien physique mentale et spirituelle.

L'humanité gagnera davantage à laisser chaque homme vivre comme bon lui semble qu'à le contraindre comme bon semble aux autres », M ill, De la liberté. Conclusion -La tolérance apparaît comme une nécessité politique pour celui qui combat le fanatisme, et tente de faire cohabiter ensembles les opinions les plus diverses. -M ais parfois certaines opinions peuvent s'avérer nocives pour le corps social, si bien qu'il s'est avéré que nous ne pouvions tolérer l'intolérable, c'est-àdire des opinions qui mettraient en péril la liberté elle-même située à la racine de la tolérance. -Enfin, l'erreur ne nuît pas nécessairement à l'humanité, elle peut même la conduire à la vérité.

Proscrire une opinion jugée erronée, mauvaise, la condamnée avant même qu'elle ne puisse s'exprimer c'est risquer aussi de faire naître un fanatisme plus pernicieux car silencieux.

Laisser s'exprimer une opinion erronée c'est en outre lui donner l'occasion de trouver ainsi le chemin de la vérité.. »

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