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Etre libre, est-ce être autonome ?

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« Définition des termes du sujet: Être libre: sans entrave, en faisant ce que j'ai décidé de faire, maître de ma vie autant que je le veux. AUTONOMIE : N'obéir volontairement qu'à la loi (nomos) que l'on se donne à soi-même (auto), par notre raison. L'hétéronomie, au contraire, c'est l'obéissance à la loi d'une autorité extérieure ou à une pression sensible non dominée. ÊTRE: Du latin esse, « être ». 1) Verbe : exister, se trouver là.

En logique, copule exprimant la relation qui unit le prédicat au sujet (exemple : l'homme est mortel).

2) Nom : ce qui est, l'étant.

3) Le fait d'être (par opposition à ce qui est, l'étant).

4) Ce qu'est une chose, son essence (exemple : l'être de l'homme).

5) Avec une majuscule (l'Être), l'être absolu, l'être parfait, Dieu. Introduction. Nous sommes ici questionnés non point exactement sur la liberté, mais sur le fait d'être libre.

Être à l'origine de ses choix, ne pas être en état de servitude, échapper aux diverses contraintes qui pèsent sur nous, est-ce être autonome, c'est-à-dire obéir à des règles ou lois dont on est soi-même l'auteur ? Ce qui revient à poser la question suivante : la liberté se confond-elle avec l'obéissance à des règles que l'on s'impose soi-même ? Cette interrogation peut recéler, à l'évidence, une dimension paradoxale.

La liberté, en effet, est fréquemment conçue comme une libre spontanéité.

Or, ici, être libre semblerait éventuellement se confondre avec une mise à distance de l'impulsion, du caprice, du simple désir, etc.

Il y a là une donnée réflexive sur laquelle il convient de s'interroger. Quel est le problème soulevé par l'intitulé du sujet ? Il s'agit de savoir si la liberté s'avère inséparable d'une loi rationnelle, d'un exercice de la rationalité , si elle se confond avec un pouvoir de la raison ou bien si elle désigne une puissance de dire oui ou non débordant largement le cadre de la rationalité et s'identifiant à la totalité de nos choix. L'enjeu de l'interrogation est ici décisif : en effet, si nous répondons et à la question et au problème, nous sommes en mesure de mieux comprendre la signification de la pratique même de notre vie, de mieux en faire, en fonction de la réponse, un exercice spirituel authentique. A) Examen du niveau métaphysico-psychologique. Etymologiquement, déjà, l'idée d'autonomie nous renvoie à la condition d'une personne ou d'une collectivité déterminant elles-mêmes la loi à laquelle elles se soumettent.

L'autonomie véhicule donc toujours l'idée de règles ou de lois internes, par opposition à des formes de contraintes externes. Convenons d'appeler libre tout acte émanant du moi et du moi seulement, toute détermination provenant de nousmêmes et non point de contraintes externes.

Être libre, c'est être à l'origine de choix non contraints, ne relevant que de nous, c'est ne pas être le jouet de puissances externes.

Encore reste-t-il à creuser cette idée d'un choix se rattachant au moi.

Nous faudra-t-il relier la liberté à la totalité de nos actes ou bien à l'autodétermination selon la raison ? Rappelons, par exemple, que selon Sartre, être libre désigne une puissance de dire oui ou non, en toute situation, dans la passion comme dans le désir, dans l'irrationnel comme au sein de la maîtrise de soi.

Loin d'être liée seulement aux pouvoirs de la raison, la liberté s'expérimente toujours, selon lui, en toute situation.

Dans la mesure où l'existence précède l'essence, on peut dire que l'homme est un choix perpétuel, une création et une liberté infinies, un pouvoir perpétuel de dépassement détenu par l'existant.

Être libre, c'est exister et choisir. Qu'est-ce que faire un choix réellement libre ? On peut, d'une part (Sartre), lier liberté et pouvoir de dépassement permanent (même en l'absence d'une rationalité), mais on peut aussi privilégier l'expérience du désir ou de la passion (Calliclès : « Pour bien vivre, il faut entretenir en soi-même les plus fortes passions au lieu de les réprimer, et [...] à ces passions, quelque fortes qu'elles soient, il faut se mettre en état de donner satisfaction par son courage et son intelligence [...].

La vie facile, l'intempérance, la licence, quand elles sont favorisées, font la vertu et le bonheur.

» (« Gorgias »).

Dans les deux cas, on refuse d'opérer une connexion entre liberté et rationalité. La théorie la plus classique qui définit la liberté comme absence de contraintes et libre jeu des passions est celle de Calliclès, sophiste du ive siècle av.

J.C., adversaire acharné de Socrate.

Définissant l'impossibilité du bonheur dans l'état de servitude et d'esclavage à l'égard d'un autre ou des autres, il préconise la culture des passions et des désirs que l'on doit multiplier et accroître en nombre et en intensité pour les satisfaire lorsqu'ils atteignent leur plus haut degré.

Si la répression et la maîtrise de ses instincts, volontés, désirs, pulsions de vie engendrent tristesse et douleur, l'épanouissement et le plein éclat des forces de vie, ainsi que de notre puissance, nous réalisent dans le plaisir et la volupté.

Cette culture de la force vitale est un art véritable, réservé à peu de gens.

L'opprobre général auquel un tel mode de vie donne lieu l'atteste largement.

Les disciples d'Epicure n'ont-ils pas été par la suite traités de pourceaux ? Notre lâcheté et notre faiblesse nous font préférer la tempérance, la mesure et la justice.

Pour quelques caractères d'exception qui en ont le courage et la force, la liberté consiste à vivre dans le luxe, l'incontinence et les passions démesurées. Ainsi, être libre, ce peut être dépasser, en toute situation, le donné, dire « oui » ou « non », d'une manière générale, sans que soit opérée une référence à la raison (Sartre), mais ce peut être aussi privilégier, comme Calliclès, la satisfaction de nos désirs les plus forts et les plus intempérants.. »

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