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Être conscient de soi, est-ce être maître de soi ?

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« Discussion : Peut-on faire entrer en équivalence les notions de conscience et de maîtrise ? Si conscience n'implique pas maîtrise, l'inverse n'est pas vrai, il ne peut y avoir de maîtrise sans conscience. Suggestion de plan : Première partie : Que peut-on appeler conscience de soi ? Ce qui s'éprouve soi-même se possède au point d'émerger comme un absolu, ce qui a sa raison d'être en soi.

C'est ce qui permet d'affirmer je pense, je suis, j'existe, sans aucun doute, puisqu'il n'y a pas une distance à franchir, un écart creusé entre un sujet et un objet.

C'est donc dans l'absence de distance que le soi est conscience de soi et qu'il s'éprouve comme conscience de soi : ce que je pense, ce que je connais, ce que je vois ..., s'accompagne d'un sentiment : je connais que je connais, je sais que je sais, je sens que je sens...

La seule façon d'exister pour une conscience, c'est d'avoir conscience qu'elle existe affirme Sartre dans L'imagination. Après avoir constaté mon existence, comme c'est le cas avec le cogito cartésien, je constate que j'ai constaté mon existence : je constate donc qu'il existe en moi une capacité de réflexion sur moi-même.

Ce constat n'est pas réfutable car dès le cogito, le "je pense" est pensé par moi, et donc je me pense. Deuxième partie : La conscience est agir La pensée de soi nécessite la potentialité d'action sur soi, elle est d'autant plus grande que celleci est importante.

En effet, si quelqu'un d'autre me pense, cela ne modifie pas mon état, mais si je me pense, cette pensée a lieu en moi, et donc modifie mon état.

Comme je suis à l'origine de cette pensée de moi, j'agis sur moi ; si je n'avais pas cette possibilité d'action sur moi-même, je ne pourrais donc pas me penser, et mes pensées seraient une suite linéaire d'idées se succédant mécaniquement les unes aux autres sans que j'en suive le fil, et donc sans que j'en sois conscient.

La conscience de soi nécessite donc la possibilité d'agir sur soi. Si je peux modifier mes pensées, je peux donc faire autre chose que d'obéir à des déterminismes naturels à l'instar de l'animal ; je connais donc les décisions que j'ai prises et peux les modifier (si je ne peux pas les modifier, je ne peux pas agir sur moi et suis donc dans un moment d'inconscience, d'action mécanique).

Si je connais et peux modifier mes décisions, j'en suis responsable.

Tout sujet conscient d'exister est donc responsable, c'est-à-dire capable de maîtriser ses actions.

D'autre part, un être n'ayant pas cette possibilité d'action sur ses pensées ne peut pas se déclarer existant. Troisième partie : Limites de l'action consciente Au cours de son histoire, l'homme a tendu à contrôler de plus en plus son environnement et donc ses possibilités d'action sur ses pensées.

Or on constate que cette augmentation (et une meilleure maîtrise) de l'action sur soi-même se fait toujours en corrélation avec les activités humaines appelées intelligentes.

Cette action sur soi-même ne se réduit pas à une action sur le monde extérieur dont on voit les résultats, mais à une action sur le monde (ou sur notre pensée) dont on observe les résultats.

L'homme a donc plus d'existence de soi que l'animal.

Mais l'activité intellectuelle mécanique sans conscience de cette activité existe aussi : elle correspond à une modification de ses pensées par soi-même, mais sans que cette modification soit elle-même pensée. D'un point de vue métaphysique, on modère cette affirmation de soi en faisant appel aux états mentaux que je ne contrôle pas, ce qui prouve qu'un élément extérieur (quel qu'il soit) est à leur origine.

Beaucoup de ces pensées, beaucoup de parties de moi-même semblent m'échapper : mes réflexes, les associations d'idées automatiques, voire la mémoire (que j'ai souvent du mal à contrôler), sont en fait extérieurs et sont donc à exclure du "moi".

La partie de mes pensées qui m'est présente à l'esprit est en fait très réduite et peut sembler insaisissable (argument de la psychanalyse avec Freud).

Existe-t-elle vraiment, alors ? Conclusion : Sartre objecte, dans L'Être et le Néant : "Comment discernerait-elle (la censure) les impulsions refoulables sans avoir conscience de les discerner ? Peut-on concevoir un savoir qui serait ignorance de soi ?" L'intuition de ce qui se dérobe à moi prouve simultanément que je ne suis pas dans l'intégrale maîtrise de moi mais que mon sentiment de ne pas être dans cette maîtrise est une forme de cette dernière.. »

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