Aide en Philo

Est-on libre lorsqu'on obéit ?

Extrait du document

« A.

Introduction Obéir, c'est se soumettre, se plier et acquiescer.

Ce verbe suggère une idée de passivité.

En effet, obéir désigne l'acte par lequel nous nous conformons à ce qui est imposé par autrui, à ce qu'il ordonne ou défend.

Ainsi obéit-on à un maître, à une puissance ou à une loi.

Par exemple, un élève se soumettra à la discipline scolaire collective, un esclave, à la loi de son maître.

Fondamentalement, on obéit à une nécessité, c'est-à-dire à un enchaînement de causes et d'effets auquel on ne peut échapper, et qui s'impose à nous par la loi, la violence, la nature, etc. Qu'est-ce, maintenant, qu'être libre ? Il faut au moins distinguer deux acceptions de cette formule « être libre ».

Au sens quasi populaire du terme « être libre » signifie « obtenir ce qu'on a voulu ».

Mais, en sa signification plus philosophique, « être libre » désigne la capacité d'autodétermination, non point la faculté d'atteindre certaines fins. On notera l'ambiguïté de cette notion, qui peut être définie soit comme libre arbitre, c'est-à-dire pouvoir d'agir à sa guise, et faculté illimitée de dire oui ou non, soit comme autonomie et soumission aux lois. • La question posée est celle de la simultanéité (« à la fois ») de la liberté et de l'obéissance.

On pourrait, en effet, concevoir d'être tantôt libre et tantôt enchaîné par l'obéissance. Cette simultanéité va poser problème dans la mesure où les deux termes semblent contradictoires. B Discussion 1.

Thèse : (On ne peut à la fois obéir et être libre.) La liberté idéale, sans contrainte ni obéissance. En première analyse, la liberté, qu'elle soit explicitée de manière « populaire » ou sous un angle plus philosophique, semble caractérisée par l'absence de contraintes, de telle sorte qu'on ne saurait simultanément obéir et être libre. Explorons les diverses facettes de cette liberté idéale. • Esquissons, tout d'abord, les traits de la liberté dans l'acception.

populaire du terme : elle est conçue comme libre arbitre sans contraintes.

Ainsi, dans le Gorgias de Platon, le sophiste imaginaire Calliclès se réfère avec un cynisme ingénu à cette liberté idéale refoulant toute contrainte, soit externe, soit interne.

Être libre consiste à répudier les contraintes externes des lois mais aussi celles, subjectives, de la morale, à secouer et rejeter les chaînes de l'éducation et des lois, à entretenir les plus fortes passions au lieu de les réprimer.

Vivre au gré de ses désirs et impulsions, sans freins ni limites, telle se présente la liberté idéale du sophiste.

Obéir aux lois, aux commandements moraux, aux valeurs ? Il n'en est pas question, car on ne saurait à la fois obéir et être libre. • Qu'en est-il, maintenant, de la liberté sur le plan philosophique ? La liberté est, bien souvent, également conçue comme un pouvoir de dire oui ou non, pouvoir que rien ne peut limiter.

Choisir sans motif prévalent, sans contrainte ni raison, caractériserait la liberté.

L'acte gratuit de Gide (figure extrême de cette liberté) illustre et exprime, de manière concrète, cette conception et cette vision d'un libre arbitre sans limites.

« J'ai longtemps pensé que c'est là ce qui distingue l'homme des animaux, une action gratuite...

un acte qui n'est motivé par rien » (Prométhée mal enchaîné, Gide).

Etre libre consiste donc à faire exister un acte au-delà de toutes les raisons : l'acte libre, c'est l'acte sans maître, l'acte né de lui-même et « autochtone » (issu de son propre sol). Néanmoins, cette vision de la liberté idéale peut paraître naïve à qui se penche sur la situation concrète de l'homme. Le libre arbitre, dès lors, ne serait plus qu'un mythe enfantin, stérile ou parfaitement utopique. 2.

Antithèse : L'exploration des contraintes et de la « situation » dans le monde. Comment être libre, devant le faisceau de contraintes qui se présente à nous...

Tout un ensemble de limites surgit, limites qui semblent faire obstacle à mon libre arbitre, au pouvoir d'agir à ma guise.

Dès lors s'évanouit et meurt ce pouvoir de choix et d'action que rien ne limitait. a.

L'ordre de la nature. Devant là nature, ce que j'expérimente, au premier chef, c'est un ordre qui ne se laisse point modeler par une volonté, une puissance qui me résiste.

Les phénomènes obéissent, en effet, à des lois indépendantes de nous, à des relations qui paraissent inflexibles.

Nul ne peut échapper à la pesanteur, ni aux lois entropiques qui règlent le vivant. Une loi physique, par exemple, est une proposition qui établit un lien impossible à rompre entre des grandeurs physiques mesurables. Un aveugle déterminisme paraît organiser le monde.

L'ordre de la nature est une nécessité apparemment incontournable. b.

Les contraintes psychologiques du soi et de l'inconscient. Cet ordre contraignant se révèle tout particulièrement puissant dans la sphère du psychisme humain.

Pour qui jette, en effet, un oeil lucide sur son « soi », les contraintes issues de l'inconscient paraissent jouer un rôle évident. Désirs, passions, habitudes sont, en grande partie, subis et issus de mécanismes archaïques innés ou acquis, dont nous saisissons mal la nature et les causes.

Notre libre arbitre se heurte ici à des puissances qui s'imposent à nous. D'ailleurs, n'éprouvonsnous pas fréquemment un sentiment de contraintes psychiques en de nombreuses décisions ? Nous convenons alors que « nous ne pouvons faire autrement ».. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles