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Est-on d'autant plus libre qu'on est conscient?

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« PREMIERE CORRECTION Entrelacée à la notion de responsabilité dans le choix, la question de la liberté se pose dès les origines de la philos ophie (“ Le mythe d'Er ” de P laton).

Dans son sens moral, la cons c i e n c e e s t ainsi enracinée dans l'interrogation du sens de la liberté.

M ais c e n ' e s t q u ' a v e c D escartes , et plus préc isément les empiristes anglo-saxons , que se c onstitue le concept de consc ienc e dans sa dimension épistémique. A u niveau étymologique, conscience s ignale un redoublement de s oi sur soi, une ré-flexion.

Ici réside le nœud de la problématique : la conscience qui est retournement de soi sur soi de l'esprit aboutit à une certaine connaissance (morale ou connaissanc e au sens propre) ; or, la connaissanc e se caractérise par sa détermination régulière et causale : comment donc penser l'articulation de la détermination avec ce qui par définition négative semble être à la causalité, la liberté ? La formulation de l'énonc é repose sur un présupposé d'importance : la dimension continue, et donc la pos sible progress ion de la liberté et de la conscience (“ d'autant plus (…) qu'on est plus ”).

C ontinuité et rupture doivent donc être interrogées dans la relation de la liberté à la conscience. I.

Continuité et déterminisme (Spinoza) Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre, mais privée de raison, est une volonté perdue. P lus nous connaissons, plus notre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développons notre connaissance au point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes et des effets , nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chose arrive et telle autre n'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que tel autre ne viendra jamais à l'existence.

P our Spinoza, une chose est libre quand elle existe par la seule nécess ité de sa propre nature, et une chose est contrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

A u sens absolu, seul Dieu es t infiniment libre, puisqu'il a une connaissanc e absolue de la réalité, et qu'il la fait être et exister suivant sa propre nécessité.

P our Spinoza et à la différenc e de Descartes, la liberté n'est pas dans un libre décret, mais dans une libre néc essité, c elle qui nous fait agir en fonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dans un empire de nécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles la puissanc e de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pour la nôtre.

Bien souvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, par l'existence de causes extérieures : la faim, la puls ion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, de notre pass é, de notre culture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel i l vit et s e trouve plongé, nous sommes nécessairement déterminés à agir en fonction de caus es extérieures à notre propre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tous les hommes s e vantent d'avoir et qui cons iste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, et ignorants des causes qui les déterminent." Spinoza, dénonçant l'absurdité du dualisme cartésien (corps / esprit), pose la question du rapport entre détermination et la liberté à partir d'une conc eption unitaire de l'homme.

La consc ienc e se définit comme une propriété physique de l'idée qui toujours se réfléchit : la conscience est donc dérivée de l'idée.

Elle n'a ainsi aucun pouvoir propre mais dépend de l'adéquation de l'idée dont elle est dérivée.

Son principe régulateur est de tendre à l'adéquation en réduisant l'inconscience et d'assurer par là même l'efficac ité de la volonté par la connaissance des causes de l'affect. La liberté croît alors relativement au développement de la conscience comme savoir des causes et c aractères de l'affec t.

La cons cience, qui n'est pas chez Spinoza une propriété morale du s ujet, est c onscience de la détermination.

La conscience de la détermination permet l'intens ification physique l'essence du mode humain : sa liberté consiste en la conscience de l'illusion que cons titue la liberté (au s ens de l'absolument non-déterminé). II.

Conscience contre conscience : les illusions (empirisme anglo-saxon) La compréhens ion de la cons cienc e es t non-inconscience progressive au principe de la liberté (Spinoza) est encore exacerbée par l'empiris me anglo-saxon. C hez Hume, ce sont des impressions s ensibles que jaillis sent spontanément les idées , elles-mêmes conditions de la réflexivité.

Le sujet es t ainsi confiné à la passivité : sujet sans je, c 'est-à-dire sans s ubstance pérenne puisqu'il n'est que flux d'impressions passagères, sa liberté n'est que l'illusion ignorant l'uniformité de la continuité c ausale. L'augmentation de la conscience ou de la réflexion sur la constitution de la consc ience elle-même dénonc e ainsi la poss ibilité d'une c onscience qui soit au principe de la liberté : le sujet n'étant pas une unité substantielle, la conscience n'augmente pas la liberté mais désigne son inexistenc e – l'inconscience ou l'irréfléchi peuvent seuls encore donner l'illusion de la liberté. III.

Dualité restituée (Kant) M ais en assurant la primauté de l'inconscience dans l'illus ion de la liberté, le sujet est déconstitué, ou ne se réduit qu'à sa dimension empirique causalement déterminée.

C ec i semble repose s ur le postulat d'une unicité du sujet qui, bien qu'explicable empiriquement, ne s aurait confondre l'intimité du sentiment irréductible de liberté dans la propre cons cienc e. P our Berkeley, la c onscience, se fondant en la distinction que l'on éprouve de soi envers ses propres idées, est ce qui garantit la saisie de s o i comme c a u s e libre.

P renant une inflexion pratique, l'acception d'une c o n s c i e n c e qui, par la c o n n a i s s a n c e de soi, s e conçoit comme princ ipe de l'agir, introduit la possibilité de penser un sujet distinct de s a détermination empirique causale. A vec Kant s'explicite la p o s s i b i l i t é d e l ' e x i s t e n c e d e d e u x t y p e s d e s ujet.

Le sujet auquel l ' a c c è s e s t donné dans la réflexion consciente n'est appréhendé que dans son c aractère empirique tributaire des structures a priori de notre subjectivité informant le réel.

Mais ce qui même est au principe de l'information du réel, et donc de la possibilité de sais ir le moi empiriquement déterminé, le sujet transcendantal, se soustrait lui-même à la possibilité d'être rendu conscient (au sens de connaissance de soi).

O pposé à l'acception épistémique du terme, la conscience morale de Kant est le principe de la liberté.

Etant principe, elle ne peut croître ni diminuer (ce qui n'a de sens que l'acception épis témique du terme de c o n s c ienc e opposé à l'inconscience) : la consc ience n'ayant pas de contraire qui progres sivement serait à diminuer, la liberté ne s'augmente ni ne diminue – elle est. Conclusion - - A ccepter la notion de conscience dans sa dimension épis témique réflexive conduit à la négation de la liberté en ce qu'elle ne donne accès au sujet empiriquement déterminé. M ais nier la liberté, si l'argumentation convainc par c ohérence, ne s aurait contraindre la certitude du sentiment du cœur (Rousseau) que l'on éprouve de son intime liberté. La détermination épistémique de la conscience est c e qui permet, par la négative, d'ac céder à une nouvelle compréhension de la conscience qui se soustrait à la poss ibilité d'être expliquée empiriquement : elle est le principe de la liberté, d'une liberté qui ne peut s 'éprouver empiriquement, d'une liberté transcendantale. SECONDE CORRECTION. »

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