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Est-il vrai de dire que l'homme a des désirs et que l'animal n'a que des besoins ?

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« « L'homme n'est ni un ange, ni une bête » (Pascal) autrement dit il n'est ni soumis exclusivement à la satisfaction de ses besoins comme un animal, ni un pur esprit exclusivement guidée par une volonté rationnelle.

Il est donc à la fois nature et esprit.

En somme, l'homme est un être de désir.

C'est par ailleurs toute son ambiguïté.

Etymologiquement, le désir signifie la nostalgie d'une étoile.

Le désir suppose donc le manque ou l'absence de quelque chose. Cependant, il n'est pas naturel d'où la distinction : besoin /désir.

L'expérience du désir en effet, relève du superflue et de l'artificiel.

Le besoin quant à lui est lié au corps, à la nécessité vital.

Notons que ce qui est naturel dans le désir c'est que l'homme ne peut s'en passer.

D'où la distinction : l'animal, être de besoin/ l'homme, être de désir. La valeur du désir : Pour comprendre la valeur du désir, il nous faut d'abord préciser ce qu'il est. Le désir est la recherche d'un objet que l'on imagine ou que l'on sait être source de satisfaction.

On ne désire que ce qu'on n'a pas.

Le désir s'accompagne donc du sentiment d'un manque, d'une privation.

Pour peu que l'objet de notre désir soit difficilement accessible, ce sentiment de manque peut devenir souffrance, douleur.

On comprend, dans ces conditions, que satisfaire ses désirs c'est mettre fin à cette souffrance et, pour peu que nous désirions réellement un objet source de satisfaction, une source de plaisir.

Or, si l'on en croit Kant, l'une des destinations à laquelle la nature a voué l'homme est le bonheur.

On a donc l'impression que satisfaire ses désirs c'est répondre à cette destination, à condition bien sûr que le bonheur se limite à une somme de plaisirs. Il faut souligner que seul l'homme désire.

Dieu, parce qu'il est parfait, ne manque de rien et ne saurait désirer. Quant à l'animal, il ne désire pas mais reste cantonné à la sphère du besoin.

Le désir n'est pas le besoin.

Le besoin est vital et ne pas le satisfaire conduit à la mort.

Le désir, lui, n'a rien de vital.

L'animal, parce qu'il répond à ses instincts, parce qu'il est le produit d'une adaptation, vise à satisfaire ses propres besoins qui sont les besoins de l'espèce.

Seul l'homme est mu par le désir. Or, justement, le désir n'est pas seulement corporel (le corps nous est commun avec l'animal).

Il existe aussi des désirs intellectuels.

La philosophie elle-même est désir, désir de connaissance et de savoir.

Dans le Banquet, Platon identifie le philosophe à Éros (désir, amour), fils de Poros (ressource, richesse intellectuelle ou psychologique) et de Penia (pauvreté).

Éros est donc « intermédiaire » entre la ressource ou la richesse et la pauvreté, assez riche pour combler son dénuement mais trop pauvre pour être pleinement satisfait.

Éros passe sa vie à philosopher.

Les philosophes, dit le texte, ne sont ni sages ni ignorants.

Les dieux ne philosophent pas car ils sont sages et ne désirent donc pas l'être.

Les ignorants ne philosophent pas non plus car, croyant déjà connaître, ils ne désirent pas la connaissance.

Fils d'un père sage (Poros) et d'une mère pauvre (Penia), Éros ne peut être que philosophe. La philosophie est donc désir et ne saurait condamner absolument le désir.

Il relève de la condition humaine et semble être notre dignité par rapport à l'animal. On peut même définir l'homme par le désir.

C'est ce que fait Spinoza.

Pour Spinoza, l'homme est animé par ce qu'il appelle le conatus, défini comme le « désir de persévérer dans son être ».

Celui-ci ne caractérise du reste pas seulement l'homme mais la Nature toute entière (c'est-à-dire Dieu).

La Nature (dont nous sommes une petite partie) est elle aussi désir de persévérer dans son être (elle est « nature naturante ») et la réalisation de son conatus est la production d'elle-même (« nature naturée »).

La Nature se produit elle-même.

Elle peut le faire, du reste, sans limite car, infinie, elle ne rencontre aucun obstacle.

L'homme, en tant que partie de la nature, est, lui aussi, animé par ce désir de production de lui-même.

Le conatus se manifeste en lui tant au niveau de son corps qu'au niveau de son âme.

En tant que corps, il cherche à vivre le plus longtemps possible, à garder la santé mais aussi vise à une vie agréable, à un certain confort.

Bref, il vise à l'utile.

En tant qu'âme il désire connaître, et connaître pour connaître c'est-à-dire pour permettre à son âme de persévérer dans son être. Tant que nous agissons selon notre seul conatus nous éprouvons de la joie.

La tristesse vient lorsque nous sommes empêchés de réaliser notre conatus à cause de l'intervention des choses extérieures.

Satisfaire nos désirs, en tant qu'ils proviennent de nous même et non en tant que nous subissons les actions extérieures, est donc pour Spinoza une bonne règle de vie.

Accomplir ses désirs consiste alors à rechercher l'utile qui nous est propre, ce qui est bon pour nous.

Le bon se définit d'ailleurs comme ce qui est l'objet de nos désirs.

Quelque chose n'est pas désirable parce qu'il est bon mais au contraire bon parce que nous le désirons.. »

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