Est-il possible de faire le bien d'autrui malgré lui ?
Extrait du document
«
A utrui doit être ici défini comme c et autre moi et par ailleurs comme encore cet autre qui n'est pas moi.
En ce sens, nous pouvons dire qu'avec qu'autrui
nous partageons la même fin ou encore le même projet.
M ais il est aussi, ce qui es t hors d'atteinte mais ce dans quoi je suis engagé, il est ainsi l'impossible
au sens de ce qui a fuit autrement dit « un visage sans rien derrière » Thomas M ann.
Le bien doit être ici compris comme les fins que nous poursuivons, ce
vers quoi nous tendons, ce qui est bon pour nous etc.
A insi il convient de se demander si chacun de nous n'a pas sa propre idée du bien qui correspond alors
à son propre désir.
Si le bien est une fin propre à chac un, au contenu particulier comment peut-on alors faire le bien d'autrui plus encore malgré lui, à savoir
contre sa volonté autrement dit à l'enc ontre de s on désir.
Autrui autre moi-même :
En tant que personne, autrui s'affirme comme semblable à moi et par ailleurs aspirant au même bien que moi.
" C ar, semblable au joueur d'échecs qui
prévoit la tactique de son adversaire et va trans former le coup préparé contre lui en un piège pour s on auteur, je puis faire s ervir le projet de l'autre à
mes fins, comme lui le mien aux siennes.
Il peut tirer les marrons du feu pour moi, ou moi pour lui." C .
A udry, Sartre et la réalité humaine, Seghers, 1966.
O n peut également ici penser au c oncept de fraternité, à s on élaboration notamment dans la pensée religieuse (Dieu père de tous) : ce qui est bon pour
moi est bon pour autrui.
Selon le devoir, comme oeuvre de la Raison pratique : l'autre en tant que pers onne doit être respecté comme liberté, dignité etc.
La personne es t ce qui s e distingue de la chose, comme la fin s e distingue des moyens.
T out être dont l'existence ne dépend pas de la libre volonté, mais de
la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire en rapport avec autre chos e que lui-même.
Les êtres naturels sont des choses.
Les êtres raisonnables,
c'est-à-dire capables d'agissements libres, sont des pers onnes, c'est-à-dire des fins en soi.
Ils ne peuvent servir simplement comme moyens, et par suite
limitent notre libre activité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect.
La pers onne est une fin objective, dont l'exis tence même es t une fin en s oi,
qui ne peut être remplac ée par auc une autre.
Étant fin en s oi, on lui doit un absolu respect.
La personne humaine est la seule valeur absolue existante, il n'y
en a pas d'autres s ur le plan pratique.
L'impératif catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que : "La nature raisonnable existe
comme fin en soi." C 'est ainsi que nous devons nous représenter notre propre
existence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions.
La moralité, soit l'usage de la raison dans le domaine pratique, repose
par c onséquent sur la maxime suivante : "A gis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,
toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen."
Autrui différent de moi
« A utrui c'est l'autre c'est-à-dire le moi qui n'est pas moi », J.
P Sartre.
A utrui est ainsi pensé comme étant le même et un autre, le même que moi et
un autre que moi, ayant un rapport de s oi à s oi, c omme moi, sans être moi.
« A utrui, en tant qu'autrui n'est pas seulement un alter ego.
Il est ce que moi
je ne suis pas.
» Levinas
A utrui se donne à moi comme un visage, selon Levinas, ma conscience sort alors d'elle-même pour aller vers un autre.
Il faut donc penser le rapport à
l'autre sur le mode de la dualité et non plus sur celui de l'unité.
P our Lévinas, l'éthique est la « voie royale vers l'absolument autre » (Préface).
En effet, le désir d'infini n'est pas un désir au sens habituel et négatif de
manque mais une expérience sans retour possible de soi vers l'autre, du familier vers l'étranger.
C ar « l'absolument autre, c'est autrui » (Rupture de la
totalité), autrui n'es t donc pas la négation de moi-même, ce qui impliquerait encore une relation d'identité, mais il es t pos itivement « l'absolument autre ».
A utrui me révèle le sens de l'éthique comme « rapport non allergique du M ême et de l'A utre » (L'Être comme bonté).
L'éthique trouvant son sens premier dans la relation de fac e à face, elle présuppose une ouverture à « l'absolument autre » que seul le visage d'autrui
permet d'entrevoir.
L'éthique est bien originellement une « optique » mais sans image, car la vision est encore une totalis ation.
Or le visage empêche le
regard de se fixer, il nous tourne vers un au-delà, un ailleurs ; il figure « l'infiniment autre » qu'on ne parviendra jamais à totaliser.
Le visage d'autrui se
donne à voir comme « révélation » de l'A utre dans sa nudité et sa fragilité.
Il m'appelle alors à la responsabilité infinie devant lui.
« Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.
C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire,
que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.
La meilleure manière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux !
Quand on observe la couleur des yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.
La relation avec le visage peut certes être dominée par la perception,
mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas.
Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.
La peau du visage est celle qui reste la plus nue, la plus dénuée.
La plus nue,
bien que d'une nudité décente.
La plus dénuée aussi: il y a dans le visage une pauvreté essentielle.
La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté
en se donnant des poses, une contenance.
Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.
En même temps le visage est ce qui
nous interdit de tuer.
»
Lévinas, « Ethique et infini ».
Lévinas c ommence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.
Q uand je pose l'autre comme objet, je le projette sur une s urface
d'objectivité : il m'apparaît c omme un tableau à décrire, une surface à observer et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les
éléments du visage sont eux-mêmes réduc tibles à des unités plus petites.
C e rapport est un rapport théorique qui ne me donne pas véritablement autrui :
dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôt qu'elle ne s'ouvre à l'altérité du donné.
En posant autrui comme objet, je res te
seul.
La saisie véritable d'autrui (c elle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible aux simples données de l'expérienc e) ne donne
pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente une pauvreté.
L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en
effet, la possibilité physique de tuer autrui s e donne en même temps que l'impossibilité morale d'acc omplir cet ac te.
A utrui nous es t livré dans une
dimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer.
A utrui comme le produit d'une histoire, d'une culture donc différent de moi et ayant des aspirations différentes.
La relation à autrui :
Le terrain sur lequel la relation humaine s 'établit est celui de la commune présence au niveau du sentiment.
Etre relié veut dire donc dire ici être
affectivement présent dans la relation.
Krisnamurti dans La Relation de l'homme au monde : « Notre vie telle qu'elle es t, notre vie de tous les jours , est
faite de relations.
La vie est relation.
Etre relié s uppose un contact, non s eulement physique, mais psychologique, affectif, intellectuel.
Il ne peut y avoir
de relation sans grande affection.
Il n'existe auc un lien entre vous et moi si c e qui exis te entre nous est purement intellectuel, verbal ; cela ce n'est pas
une relation.
Il n'y a relation que s 'il y a sens un contact, de la communication, de la communion, ce qui suppos e une affection immens e ».
Le but de la
relation à autrui ainsi conçue est l'accomplissement.
En somme, ce qu'il faut démontrer c'es t que selon le type de relation que l'on a avec autrui (amour, amitié etc .), nous nous mettons dans une position
telle, qui nous permet de faire le bien d'autrui et cela malgré lui.
Faire le bien d'autrui suppose donc que celui soit à la fois très proche de moi et as sez loin de moi pour que je puisse établir une relation autre que celle que
j'ai avec n'importe quel autre.
C 'es t à cette condition qu'il semble possible de faire le bien d'autrui malgré lui..
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