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Est-il juste d'opposer travail manuel et travail intellectuel ?

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« Est-il juste d'opposer travail manuel et travail intellectuel? Le travail constitue une activité proprement humaine, nous ne disons pas qu'un fleuve qui transporte des cailloux travaille.

Le travail dès lors se présente de prime abord comme un acte qui se passe entre l'homme et la nature.

En effet, il est transformation des données naturelles pour satisfaire ses besoins, sa survie.

Pourtant la spécificité du travail humain réside dans l'outil, en effet les animaux eux aussi transforment la nature( l'oiseau construit un nid, l'abeille une ruche,...) Ce qui implique que la production, la transformation sont conscientes, dans le travail humain.

Si le travail manuel et intellectuel semblent tous deux avoir un même but, l'appropriation consciente de la nature, ne diffèrent-ils pas dans leur nature : l'un suppose l'utilisation du corps et agit sur la matière, tandis que l'autre semble ne pas toucher concrètement à la matière? Cependant ne faut-il pas que le travail comme activité consciente soit pensé? Ne faut-il pas concevoir une idée du travail qui dépasse cette dichotomie? 1.

Il existe une bien une différence entre le travail manuel et le travail intellectuel En reprenant les propos de Marx, nous pouvons dire que le travail manuel est la mise en action des "forces dont son corps est doué, bras et jambes, têtes et mains." Dans un travail manuel, l'homme utilise donc son corps pour travailler et dans notre société nous avons tendance à opposer le travail manuel au travail intellectuel.

Le travail manuel a d'ailleurs été dévalorisé, considéré comme travail inintelligent.

Il est en effet associé à une force physique seulement qui ne nécessite aucune réflexion.

Le travail manuel est donc transformation directe de la matière par l'intermédiaire du corps. Le travail intellectuel ne semble pas avoir de contact direct avec l'environnement extérieur.

Certes, il utilise aussi des outils mais des outils purement abstraits.

Par exemple, le mathématicien se sert de chiffres, l'avocat d e lois écrites,...

Le travail intellectuel dès lors ne demande pas de force physique particulière, ni un savoir-faire manuel. Il semble alors que le travail intellectuel précède et ordonne le travail manuel.

En effet, l'ingénieur calcule et conçoit ce qu'il faut faire pour fabriquer une voiture, alors que l'ouvrier met en oeuvre les moyens pour la réaliser. 2.

Tout travail demande une élaboration antérieure, une réflexion consciente Pour reprendre Marx, ce qui distingue "le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, c'est qu'il a construit d'abord la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche." Dès lors, nous retrouvons ce que disait Aristote, le travail manuel, travail avec des outils, demande une intelligence qui prévoit les effets de son action et les moyens pour arriver au résultat.

" l'être le plus intelligent est celui qui est capable de bien utiliser le plus grand nombre d'outils : or, la main semble bien être non pas un outil, mais plusieurs.

" Dans l a m ê m e optique, Bergson affirme que homo faber (fabricant d'outil) a précédé homo sapiens( sage).

L'intelligence est originellement technicienne, elle est l'aptitude à fabriquer des outils ).

Il y a donc une relation intime entre l'activité technique et la réflexion théorique. BERGSON dans L'activité créatrice au chapitre II explique que l'homme est d'abord un technicien c'est-àdire que son intelligence est la faculté de produire outils : « l'intelligence, envisagée dans ce qui paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils et, d'en varier indéfiniment la fabrication ».

L'homme est un homo faber, homme fabricateur, parce qu'il est un homo sapiens, un homme intelligent. Bergson veut en effet substituer à l' « homo sapiens », l'homme qui pense, l' « homo faber », l'homme qui fabrique.

Cette formulation est lourde de conséquences : elle témoigne de la portée de cette question de la technique sur l'identité humaine elle-même.

Si l'homme devient « h o m o faber », il n'est plus qu'un fabricateur d'outils, un être tourné vers l'efficacité avant tout autre souci ; alors que tant qu'il est encore un homo sapiens, il reste un être capable de juger de la qualité morale d'une finalité. Et parce que la technique exige de procéder par détours pour transformer la nature, elle témoigne de la faculté qu'a l'intelligence humaine de prendre un certain recul par rapport à la réalité.

Tandis que l'animal est seulement présent à la nature, l'homme est capable de se la représenter. 3.

Une nouvelle conception du travail C'est surtout par le développement spectaculaire de la technique qui a l'origine de la séparation.

Son accroissement a séparé et opposé travail intellectuel et manuel qui produit une ségrégation des individus, mouvement inverse d e l'humanisation et donc dépossédé le travailleur de son autonomie.

En effet, l'ouvrier qui travaille à la chaîne ne doit plus qu'effectuer une tâche répétitive et ne voit pas le résultat de son action, puisqu'il n'a pas une représentation globale de la production. Pour Simone Weil, le travail doit être pensé comme activité qui ne sépare pas la pensée de l'action, le "travail intellectuel" et "le travail manuel".

Il donne à l'homme la mesure de sa liberté dans le sens qu'il lui montre ce qu'il peut faire à la nécessité des choses. Il est important donc de redonner une valeur positive au travail, comme oeuvre, activité créatrice.

C'est pourquoi Valéry affirme dans la France travaille qu'il "importe de reconnaître et de faire connaître les vertus spécifiques de ces artisans de qualité". Le travail manuel et le travail intellectuel peuvent paraître opposés, puisqu'ils sont deux manières différentes de toucher au monde, soit par contact direct, soit par concepts.

Pourtant tous deux dans leur volonté de transformer la nature pour la rendre utile, doivent visualiser leur action et se la représenter au moyen de l'intelligence.

L'accroissement de la technique a amené ce que Marx appelle l'aliénation de l'homme, il faut prendre conscience que la séparation des deux types d e travail comporte des dangers, d'exploitation mais aussi d'appauvrissement de l'homme.

Il est alors nécessaire de réfléchir à la notion de travail et de le réhabilité comme mise en oeuvre de TOUS les moyens humaines, dans une perspective créatrice.. »

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