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Est-il juste d'affirmer que l'activité technique dévalorise l'homme ?

Extrait du document

« La machine fait perdre de la valeur à l'homme dans la mesure où le travail humain perd de sa valeur.

C'est là une valeur strictement économique.

D'où une difficulté : faut-il parler de dévalorisation de l'homme, de la nature humaine ? La perte de valeur de l'homme en tant qu'agent économique ne peut-elle pas être au contraire la voie vers la reconnaissance de sa valeur propre ? C'était le rêve du machinisme à l'origine : libérer l'homme du travail et le restaurer dans sa valeur proprement humaine.

Mais cette analyse est quelque peu idéaliste : l'exemple du chômage n'est qu'un aspect d'un problème plus profond.

Ce qui est remplacé par la machine, ce n'est pas l'homme en général, c'est (analyse marxiste) le prolétaire, l'ouvrier.

L'homme en général n'existe pour ainsi dire pas ; ou bien la seule manière de le changer est de bouleverser le système économique lui-même, non de faire varier les paramètres (diminution de la valeur du travail non qualifiée) du travail.

Que dévalorise la technique ? La valeur humaine a-t-elle un sens en-dehors de la technique, puisqu'on s'accorde à voir dans la technique un critère essentiel d'apparition de l'humain ? Si l'homme est un animal technicien, comment la technique le dévaloriserait-elle ? Introduction: La technique a acquis dans notre société une telle importance et elle manifeste une telle puissance que la tentation est grande de voir en elle la cause de nos difficultés et de nos angoisses. L'être humain vit le temps présent comme un temps de crise.

A tort ou à raison, il a le sentiment que la technique lui retire sa valeur propre.

On voit cela avec la détresse et la dévalorisation de soi qu'entraîne le chômage dans nos sociétés post-industrielles.

Mais il semble que le développement des techniques ait aussi porté atteinte à d'autres champs de notre humanité.

Examinons en quoi la technique dévalorise l'homme, et si cette accusation faite à l'encontre de la technique se trouve justifiée. 1 ière partie: L'homme dévalorisé et renié par la technique. Le travail n'est pas uniquement pour l'homme une nécessité vitale.

Il donne aussi sens à son existence.

Car le travail est aussi expression de soi.

Or il est incontestable que la technique a dévalorisé le travail, soit en remplaçant le travailleur par la machine, soit en rendant le travail monotone et parcellisé.

Jadis l'homme était fier de son travail, les objets fabriqués témoignaient de son savoir-faire, d'une intelligence pratique en acte. Chacun a en mémoire la scène des "Temps Modernes" où l'on voit Charlot prendre les boutons du manteau d'une femme pour des écrous à viser.

Le travail à la chaîne fait de l'homme non le maître mais l'instrument, le valet de la machine.

La technique impose des valeurs propres qui vont à l'encontre de celles de l'humanité. Une référence à utiliser pour étoffer cette partie: LE TRAVAIL ALIENE. Il faut distinguer ici « exploitation » et « aliénation ».

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation » désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie.

Le mot « aliénation » renvoie à une situation où le travailleur ne se « reconnaît » plus dans son travail.

Il ne s'agit plus seulement de la dimension économique.

La dénonciation se fait en fonction d'une certaine idée de ce que devrait représenter le travail pour l'homme : permettre la réalisation de l'individu en étant la manifestation, l'extériorisation de lui-même.

La critique de l'aliénation fait référence à une « essence » de l'humanité, dont le travail est censé accomplir la réalisation.

Cette critique suppose donc un point de vue « philosophique », en quoi elle se distingue de la problématique plus « économique » qui analyse l'exploitation du travail. Cette réflexion sur l'aliénation implique en effet que le travail, non seulement comme rapport à la nature, mais aussi comme rapport à autrui, met en jeu la définition et la réalisation de l'humanité. La production capitaliste entraîne d ‘abord l'appauvrissement continu de toute une partie de la population : « L'ouvrier s'appauvrit à mesure qu'il produit la richesse, à mesure que sa production gagne en puissance et en volume.

» Mais ce n'est là encore que l'aspect le plus extérieur, et en quelque sorte quantitatif, du phénomène.

En réalité, l'ouvrier se perd lui-même dan le processus de production.

« Plus il crée de marchandises, plus l'ouvrier devient lui-même une marchandise vile.

La dévalorisation des hommes augmente en raison de la valorisation directe des objets.

Le travail ne produit pas seulement des marchandises, il se produit lui-même et il produit l'ouvrier comme des marchandises dans la mesure même où il produit des marchandises en général.

» L'ouvrier se perd comme homme et devient chose dans l'acte économique de production.

Cette aliénation se présente sous un double aspect, que Marx caractérise brièvement comme suit : « 1.

Le rapport entre l'ouvrier et les produits du travail comme objet étranger et comme objet qui le domine.

Ce rapport est en même temps son lien avec le monde environnant sensible, avec les objets de la nature, monde sensible hostile à l'ouvrier. 2.

Le rapport du travail avec l'acte de production à l'intérieur du travail.

C'est la relation de l'ouvrier avec son activité propre comme avec une activité étrangère, qui ne lui appartient pas, une activité qui est souffrance, une force qui est impuissance, une procréation qui est castration.

» C'est donc à la fois le rapport du travailleur avec le produit de son travail et son rapport avec ce travail lui-même qui portent la marque de l'aliénation.

Le premier a d'ailleurs pour corollaire un rapport aliéné à la nature. Précisons.

L'ouvrier est d'abord aliéné par rapport à son produit.

Celui-ci lui échappe.

Aussitôt qu'il est créé, l'ouvrier en est dépossédé : « L'objet que le travail produit, le produit du travail, vient s'opposer au travail comme s'il s'agissait d'un être étranger, comme si le produit était une puissance indépendante du producteur.

» L'ouvrier ne perd pas seulement son produit, mais son produit se présente en face de lui comme une puissance hostile : transformé en capital, il devient l'instrument d'exploitation de sa force de travail.

Plus le capital s'accroît du fruit de son travail, et plus il se pose face à l'ouvrier en maître, plus l'ouvrier doit en passer par ses conditions, car, une fois. »

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