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Est-il bon de douter?

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« Que ce soit vis-à-vis de la pertinence de l'accomplissement d'une action ou de la validité d'un raisonnement, le doute se caractérise par une incertitude qui se traduit par la suspension du jugement.

Le doute apparaît comme une parenthèse dans le cours des actes, des paroles, des pensées : parenthèse synonyme de retour sur soi, plus ou moins étendue et dans son objet et dans la durée.

En renonçant à l'impulsion première, le sujet se met en retrait, mais ne se met-il pas également en danger ? Quelles seraient les modalités d'une telle démarche afin que le sujet ne se perde pas dans un questionnement sans fin, donc sans conséquence tant dans le domaine de la pensée que de l'action ? LE DOUTE COMME VOIE VERS LA VERITE - La méthode socratique de la maïeutique s'appuie sur une remise en question des idées communément admises, de la doxa, afin de parvenir à une connaissance rationnelle : non plus répéter ce qui est dit, mais sonder cette opinion courante.

Il s'agit de n'avoir pour témoin que sa propre pensée, de débusquer ses lacunes et ses apories. L'oracle de Delphes consulté par Chérophon, ami de Socrate, avait affirmé que Socrate était le plus sage des hommes.

Que veut-il signifier par là ? Socrate, respectueux de la parole du dieu, entreprend d'interroger les Athéniens les plus réputés pour leur sagesse et découvre, lors de cette enquête, qu'aucun ne possède de véritable savoir.

Lui, par contre, l'emporte sur eux tous en cela seulement que, ne sachant rien, il ne croit pas non plus savoir.

Son art d'interroger, la «Maïeutique», consiste à forcer l'interlocuteur à développer sa pensée sur une question qu'il pense connaître pour le conduire, de conséquence en conséquence, à se contredire et donc à avouer qu'il ne sait pas.

Il faut donc d'abord reconnaître son ignorance en découvrant par l'analyse des opinions que nos croyances sont contradictoires.

Puis, à cette ignorance il s'agit de substituer un savoir dont on puisse développer les conséquences sans contradiction.

Ce savoir n'est pas donné de l'extérieur, comme si l'esprit était un tonneau vide qu'il s'agirait de remplir, c'est au contraire un savoir que chacun porte en soi et dont il faut seulement prendre conscience.

La maïeutique c'est l'art d'accoucher les esprits, comme la sage-femme accouche les corps.

Une proposition étant donnée, Socrate la confronte avec le plus grand nombre possible d'exemples et d'opinions, en la complétant ou en l'élargissant et le résultat, la définition qui s'applique à tous les cas, est l'objet de la science qui a pour but le général.

Il faut rechercher ce qu'est chaque chose dans son essence.

A la question, p.

ex.

: qu'est-ce que le beau, l'interlocuteur répond en énumérant des belles choses, belle femme, belle jument, bel enterrement, etc. Il faut remplacer l'énumération par la question : qu'est-ce qui est commun à toutes les choses que j'appelle belles? Socrate ne professe pas un savoir positif, il se borne à mettre sur le chemin de l'interrogation, il arrache l'esprit à la sécurité des lieux communs, des idées toutes faites : c'est seulement alors que son interlocuteur éprouvera la nécessité de rechercher ce qui, au départ de l'interrogation, semblait acquis. Faut-il par exemple apprendre aux jeunes gens le maniement des armes ? C'est là une question controversée et qui ne peut être résolue en se rangeant du côté de l'avis qui compte le maximum de partisans ; il appartient, en effet, à celui qui sait, de trancher dans son domaine : c'est le médecin, non le cuisinier, qui doit déterminer le régime le meilleur pour la santé.

Donc ici : pourquoi apprendre le maniement des armes? Pour apprendre à être courageux. Mais qu'est-ce que le courage ? Ne pas reculer devant l'ennemi dit l'un des interlocuteurs.

Sans doute, mais certaines armées ont pour tactique de reculer.

Le courage consiste à agir comme il convient en présence du danger' et suppose donc la connaissance de ce qui est à craindre et à éviter.

Cela renvoie à la question de ce qui est juste et donc suppose que l'on ait la science du juste.

Le courage dépourvu de cette connaissance n'est que la témérité dont l'animal lui-même fait preuve.

Il faut donc remplacer la question initiale par son enjeu : qu'est-ce que le juste, comment en -acquérir la connaissance. ð Il est bon de douter afin de s'éloigner du leurre d'une connaissance qui ne nécessiterait aucun effort de l'esprit.

De plus, la maïeutique, en s'efforçant de ne prendre à témoin que la raison, vise également une connaissance de soi. C'est également en utilisant le doute, mais un doute circonstancié, limité dans le temps, que Descartes se propose de fonder « quelque chose de ferme et de constant dans les sciences ».

On parle à ce propos de doute méthodique, mais il est aussi qualifié d'hyperbolique puisque Descartes considère comme faux ce qui a pu le tromper, ne serait-ce qu'une fois.

Le philosophe remonte ainsi jusqu'à la conscience du je suis. ð Le doute est la première étape de la refonte de la connaissance.

En s'écartant de tout ce qui peut être trompeur, y compris de la certitude de son état de veille par exemple, le philosophe suspend son jugement pour mieux l'affirmer dès lors que les preuves nécessaires seront apportées.

Le doute nous préserve de l'illusion. Dans Qu'est-ce que les Lumières ? Kant prend la défense du doute en tant que moteur principal contre l'obscurantisme.

Car douter, si c'est un acte clé de la sphère philosophique et scientifique, concerne également chacun dans ses croyances, ses opinions etc.

Ce qui permet à un peuple de progresser vers le Bien, de se libérer du joug des superstitions, c'est la possibilité de questionner, de conquérir des libertés. ð Douter, c'est s'affranchir dans une certaine mesure de conditionnements premiers.

Quelque soit la décision prise à l'issue du doute, l'examen de la raison assoit l'individu dans ses pensées, fait de lui l'auteur de sa personne. LE DOUTE COMME EXERCICE DE LA LIBERTE - Là où le doute peut sembler néfaste, c'est lorsqu'il peut faire obstacle à l'action ou à la prise de décision.. »

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