Est-ce dans l'hésitation que nous sommes le plus conscients ?
Extrait du document
«
Étudiez le vocabulaire du sujet:
* hésiter: être dans un état d'incertitude, d'irrésolution, balance, délibérer.
* le plus conscient par rapport au moins conscient.
* la conscience.
L'hésitation provoque l'éveil de la conscience.
-> Il n'y a pas de prise de conscience sans obstacle.
Une conscience éveillée est une conscience qui a réussi à
prendre une nouvelle attitude :
- en découvrant l'obstacle, elle hésite ;
- en cherchant à le surmonter, elle hésite encore ;
- en prenant conscience de la difficulté à le surmonter, elle décide ;
- en se surmontant soi-même, elle choisit ;
- en surmontant l'obstacle, elle agit.
- « Les moments de crise intérieure » dont parle Bergson sont propices à l'éveil car il faut agir.
C'est « dans l'hésitation que nous sommes le plus conscients » car nous avons le sens aigu de notre
responsabilité.
Être intensément éveillé, c'est prendre conscience que choix, liberté et morale sont indissociables.
"Qu'arrive-t-il quand une de nos actions cesse d'être spontanée pour
devenir automatique ? La conscience s'en retire.
Dans l'apprentissage
d'un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de
chacun des mouvements que nous exécutons, parce qu'il vient de nous,
parce qu'il résulte d'une décision et implique un choix; puis, à mesure que
ces mouvements s'enchaînent davantage entre eux et se déterminent
plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous
décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et
disparaît.
Quels sont, d'autre part les moments où notre conscience
atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise
intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où
nous sentons que notre avenir sera ce que nous l'aurons fait? Les
variations d'intensité de notre conscience semblent donc bien
correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous
voulez de création, que nous distribuons sur notre conduite.
Tout porte à
croire qu'il en est ainsi de la conscience en général.
Si conscience signifie
mémoire et anticipation, c'est que conscience est synonyme de choix."
BERGSON
Analyse du texte:
Bergson part d'un observation: la conscience qui accompagne nos actions spontanées disparaît dans les actes
automatiques.
Il propose ensuite des exemples:
* La situation d'apprentissage: quand nous apprenons quelque chose, nous sommes conscients de ce que nous
faisons (de l'apprentissage), nous y faisons attention, nous nous concentrons sur cela (nous faisons donc un choix
dans les objets qui nous entourent et dans nos pensées), tandis que lorsque nous savons parfaitement faire cette
chose, nous exécutons nos actes machinalement, sans en avoir conscience.
* La situation de choix crucial: lorsque nous avons un choix important à faire (qui met en jeu notre avenir), notre
conscience est très aiguë.
Il énonce enfin une conclusion: être conscient, c'est avant tout choisir.
Et parce que choisir c'est, à partir de notre
expérience passée (de ce que nous sommes), anticiper le futur (ce que sera le résultat de notre choix) à partir d'un
présent qui devient aussitôt un passé, être conscient c'est se souvenir et anticiper.
La conscience est donc bien à
la fois mémoire et anticipation.
Intérêt de ce texte:
L'intérêt de ce texte tient évidemment à ce qu'il tente de donner une définition de cette réalité mystérieuse qu'est
la conscience en la caractérisant par son activité centrale, choisir, et donc en la posant comme liberté.
Une réflexion critique pourra donc s'engager sur ce thème, où l'on opposera la conception bergsonienne de la
conscience aux diverses autres positions possibles, notamment à celle, opposée, du monisme et de
l'épiphénoménisme, lequel réduit la conscience à n'être qu'un reflet de la réalité organique et peut ainsi la dépouiller
de toute liberté en la soumettant au déterminisme mécanique du monde physique.
INTRODUCTION: Souvent j'agis de manière automatique, mon comportement est bordé par des habitudes, mon
agir se meut dans le déjà-fait, dans la répétition, et finalement la plupart du temps je ne maintiens pas une
attention soutenue, bref ma conscience se détend.
L'idée d'être plus ou moins conscient n'est-elle pas liée à
l'intérêt ou mieux à l'importance que revêt pour moi le moment vécu ? Le fait d'être « le plus conscient » ne.
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