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Essence et existence

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« Termes du sujet: ESSENCE : Ce qui fait qu'une chose est ce qu'elle est, sa nature.

L'essence est pensée comme éternelle ou au contraire comme en devenir. Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée. A.

L'existence déduite de l'essence • L'existence, c'est le simple fait d'être, d'exister, abstraction faite de la nature de ce qui existe, de l'essence.

Je puis ainsi distinguer ce que je suis — un homme, un citoyen français, un père de famille, etc.

— et le simple fait que je suis.

Tandis qu'une essence se définit, s'analyse, le simple fait de l'existence se constate, s'éprouve. Étymologiquement, le mot existence (qui vient du latin existentia) se compose d'un dérivé du participe présent sistens, « se tenant » et du préfixe ex, « hors de ».

Cette étymologie suggère que l'existence surgit à partir de quelque chose.

Mais est-il possible de déduire l'existence, de poser un principe dont l'existence dériverait nécessairement ? L'existence peut-elle se déduire de l'essence ? • Certains philosophes ont tenté de rendre compte de l'existence à partir de l'essence.

Ainsi, au XVII siècle, Leibniz pense que le réel existant se déduit du possible.

Il existe certes une infinité de mondes possibles, mais Dieu, dans sa perfection, n'a pu créer que le meilleur (le nôtre), c'est-à-dire celui qui réalise le maximum de diversité pour un minimum de désordre.

La création des existants par Dieu serait alors un choix rationnel, guidé par le souci de l'harmonie.

Les théologiens chrétiens rejettent, il faut le souligner, cette théorie rationaliste de la création des êtres.

Pour eux, la création n'a rien à voir avec une déduction.

C'est par un acte d'amour mystérieux et gratuit que Dieu a créé tout ce qui existe. B.

Le problème de l'existence de Dieu • Selon saint Anselme (1033-1109), théologien d'origine lombarde, l'existence de Dieu lui-même peut se déduire de son essence.

Bien entendu, les partisans de cet argument reconnaissent que pour tout ce qui n'est pas Dieu, l'essence doit être radicalement distinguée de l'existence.

Par exemple, l'essence de l'homme n'implique nullement son existence.

Mais pour Dieu, il en irait tout autrement : la seule essence, la seule idée de Dieu impliquerait son existence. • Saint Anselme raisonne de la façon suivante.

Quand je parle de Dieu, j'ai en mon esprit l'idée d'un être « tel qu'on ne peut rien penser de plus grand » ; or, Si cet être est seulement dans mon esprit, je peux penser quelque chose de plus grand que lui, à savoir un être qui serait aussi dans la réalité.

Il faut donc que cet être dont j'ai l'idée soit aussi une réalité ou, en d'autres termes, qu'il existe.

Dans la cinquième de ses Méditations métaphysiques (1641), Descartes reprend l'argument de saint Anselme, en partant de l'idée de perfection.

De même que le mathématicien, à partir d'une définition, déduit les conséquences qu'elle renferme, on peut déduire de l'idée d'un Être parfait son existence nécessaire, l'idée de perfection absolue impliquant l'existence : «L'existence, conclut Descartes, ne peut non plus être séparée de l'essence de Dieu, que de l'essence d'un triangle rectiligne la grandeur de ses trois angles égaux à deux droits.

» • Pour Descartes, la première vérité est l'existence de ma conscience.

C'est donc à l'intérieur même de la pensée qu'il faut rechercher l'effet qui postule Dieu comme cause.

La première preuve avancée par Descartes est la suivante : Dieu possède toutes les perfections, or l'existence est une perfection, car un être sans existence est nécessairement imparfait.

Donc nous devons aussi compter parmi les perfections de Dieu donc il faut que Dieu existe (« Discours de la méthode », IV et « Méditations métaphysiques », III). Cette preuve est, au fond, la formulation originale de l'argument ontologique de Saint Anselme (XI ième siècle).

Elle avait été critiquée par Gaunilon.

Kant la critique aussi dans la « Critique de la raison pure ». C.

L'existence irréductible à l'essence • C'est cette preuve de l'existence de Dieu – preuve dite « ontologique » parce qu'elle déduit l'existence de Dieu, son « étant » (ontos en grec), de l'analyse logique de son concept – que Kant tâche de réfuter dans sa Critique de la raison pure (1781).

De l'idée d'un Être parfait, dit Kant, je peux tout au plus déduire l'idée d'un être existant nécessairement.

Mais je ne peux pas, d'une simple idée, déduire l'existence elle-même.

L'existence est une donnée que je peux seulement constater.

D'une somme de cent euros dans ma tête, par exemple, je ne peux d'aucune façon déduire l'existence de cent euros dans ma poche.

Conceptuellement, il n'y a certes pas de différence entre. »

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