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Engagement et liberté ?

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« La responsabilité est une notion centrale de la philosophie contemporaine que nul, peut-être, n'a mieux développée que Jean-Paul Sartre (L'Être et le Néant, 1942 ; L'Existentialisme est un humanisme, 1946...). Nous sommes toujours et complètement, dit Sartre, responsables de nos actes, et même de ceux d'autrui, devant qui nous avons à nous situer, car nous sommes responsables du sens donné à notre existence.

Pourquoi ? Parce que nous sommes libres ; et nous sommes libres parce que nous ne sommes pas pré-définis : nous ne sommes que ce que nous nous faisons.

Telle est la signification de la formule de l'existentialisme sartrien : « L'existence précède l'essence ».

L'homme n'est pas comme une chose, qui est toujours ce qu'elle est, et rien d'autre ; c'est un être de purs possibles, un « être des lointains » (Heidegger).

Il est projet (» pro-jet »), c'est-à-dire toujours à distance de lui-même, de son avenir comme de son passé.

A aucun moment, le sens de son existence n'est tracé. Pour Sartre, la liberté humaine n'est donc pas un droit.

Elle n'est pas non plus une situation (comme ne pas être en prison, par exemple) : elle est notre condition originaire d'hommes, quelles que soient les situations dans lesquelles nous nous trouvons.

Nous sommes, dit Sartre fortement, « condamnés à être libres ».

Même le prisonnier dans sa cellule est libre, au sens où il peut accepter ou refuser son sort (tenter de s'évader par exemple, ou faire la grève de la faim).

On ne choisit pas les situations, mais on choisit toujours le sens qu'on leur donne. Ainsi, tout homme est engagé, parce qu'il est libre malgré soi et même s'il tente de se masquer à lui-même cette liberté, par ce que Sartre appelle la mauvaise foi ».

Il n'y a pas d'excuses à nos actes : ni excuses internes, d'ordre psychologique (Sartre récuse l'inconscient de Freud, le déterminisme psychique) ; ni excuses externes, d'ordre social ou historique (il refuse également le déterminisme historique de Marx).

Il n'y a pas non plus de neutralité possible : refuser de prendre parti relève encore d'un « projet existentiel » fondamental.

Sartre disait en ce sens que les Français n'avaient jamais été aussi libres que sous l'Occupation, parce qu'ils avaient toujours le choix entre la collaboration, l'acceptation passive ou la résistance. [N'est véritable penseur que celui qui se dévoue à une vie toute spirituelle.

S'il dénonce la ruine des valeurs, il n'a pas à vouloir infléchir le cours de l'histoire.

L'artiste, quant à lui, doit revendiquer l'art pour l'art.] Tout engagement crée des obligations Si je m'engage envers une personne, c'est comme si je signais un contrat moral avec elle.

Je fais la promesse de me comporter d'une certaine manière, je me donne des obligations et abandonne de fait une partie de ma liberté. Un engagement a valeur de loi Certains engagements se traduisent par un contrat légal.

C'est le cas, par exemple, du mariage.

Lorsque je me marie, je prends l'engagement de rester fidèle à une personne, de subvenir à une partie de ses besoins, de la protéger, de veiller à son bien-être comme si c'était le mien.

Si je m'engage à rester fidèle à ma femme, cela réduit ma liberté car je ne peux plus séduire toutes les autres, car cela serait moralement condamnable.

Le mariage crée des obligations légales qui font que je ne suis plus libre.

Je peux être poursuivi en justice par mon conjoint si je ne les respecte pas. L'engagement est un lien «S'engager porte malheur», disait une inscription sur le temple d'Apollon à Delphes.

Celui qui s'engage ou est engagé - que ce soit dans l'armée, dans une entreprise, vis-à-vis d'un assureur, dans une relation de couple n'est plus le seul maître de sa destinée.

Il doit rendre compte de ses actes aux personnes avec lesquelles il s'est lié. L'intellectuel engagé trahit sa mission Julien Benda, dans La Trahison des clercs, fait le procès des intellectuels de son temps.

Ils ont, pensent-ils, trahi leur mission fondamentale qui est de chercher la vérité et d'honorer le bien.

Au lieu de préserver cette lucidité qui découle du libre examen des choses et des valeurs, ils se sont soumis aux jeux des passions politiques, à de prétendues nécessités historiques. La liberté est avant tout une valeur intellectuelle Benda voit en Socrate la figure exemplaire du clerc, c'est-à-dire du défenseur des valeurs spirituelles.

Il oppose. »

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