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En quoi le théâtre permet-il de donner L'illusion du vrai ?

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« Par théâtre, nous entendons diverses choses : le terme désigne en effet l'art de la représentation dramatique, un genre littéraire singulier et le bâtiment lui-même, dans lequel se déroulent les spectacles. Le terme « illusion » désigne tout ce qui a trait à l'erreur.

Ainsi, une illusion est une interprétation erronée d'une donnée sensorielle, comme c'est le cas d'un mirage qui surgit dans le désert.

Mais une illusion, c'est aussi une erreur de l'esprit, une croyance fausse et erronée. Une chose est vraie lorsqu'elle a le caractère de la vérité, à savoir, lorsqu'elle manifeste la conformité d'un discours avec les faits.

Le concept de vérité est donc indissociablement lié à celui du langage, puisque la vérité est cette propriété d'un discours (oral ou écrit) qui dit quelque chose d'une autre conformément à l'expérience que le producteur du discours, ou autrui, a pu faire de cette chose.

En termes plus précis, plus philosophiques, on dira que la vérité est la propriété d'un discours qui prédique une propriété d'un sujet de prédication, de sorte que cette prédication appartient réellement au sujet en question.

Le problème de la vérité est infiniment vaste, nous pouvons d'ores et déjà en indiquer quelques aspects : la prédication dont nous parlions à l'instant est elle fondée sur une expérience empirique, ou sur une certitude d'ordre logique, avec la même assurance ? Lorsque nous nous demandons en quoi le théâtre nous permet de donner l'illusion du vrai, nous cherchons à savoir par quels moyens, techniques, visuels, linguistiques, le théâtre arrive à se présenter à nous comme davantage qu'un spectacle, mais bien comme la représentation authentique, spontanée, actuelle, des actions qui ont néanmoins lieu sur une scène.

Nous touchons ici au cœur du sujet et au cœur de la question qui nous occupe : le théâtre est en effet le lieu d'une illusion, mais d'une illusion qui se nie comme telle.

Le théâtre représente des actions dont il prétend qu'elles sont vraies, actuelles, ainsi que des émotions dont les personnages prétendent qu'ils sont réellement affligés, mais chacun sait que cette prétendue vérité est fictive, et qu'il faut un effort d'adhésion pour que le spectacle théâtral fonctionne. La question au centre de notre travail sera donc de déterminer dans quelle mesure le théâtre est le lieu du paradoxe d'une représentation d'actions et d'émotions qui se prétendent véridiques, tout en réclamant l'adhésion du public comme relai nécessaire de l'illusion théâtrale. I. Le théâtre nous permet de donner l'illusion du vrai par des moyens matériels et linguistiques a. Le théâtre et les moyens matériels et référentiels de la production de l'illusion Nous commencerons par dire que le théâtre nous permet non seulement de donner l'illusion du vrai, mais qu'il conspire à cette fin par de très nombreux moyens, à la fois linguistiques et matériels.

En effet, le théâtre nous permet de donner l'illusion du vrai au moyen des décors sur scènes qui cherchent, notamment dans le cadre de l'esthétique naturaliste née au XIXe siècle, à reproduire la réalité.

C'est ainsi que le metteur en scène Antoine à la fin du XIX siècle a représenté une véritable boucherie sur scène, avec de véritables morceaux de viande et l'odeur du sang qui incommodaient les spectateurs.

Mais le théâtre nous permet également de donner l'illusion du vrai en représentant la réalité contemporaine et sociale du spectateur, tout en posant de grands problèmes humains. Pensons par exemple aux pièces de Sophocle, qui non seulement représentent une réalité contemporaine à celle que lui-même connaissait, mais s'interrogeait sur des questions touchant l'humanité entière à toutes les époques : pensons à ce propos à Antigone, qui pèse notamment les différentes valeurs de la justice (celle des hommes et celle des Dieux) ou à Œdipe qui aborde les problèmes ambigus du destin et de la culpabilité.

Il semble donc que le théâtre conspire à donner l'illusion du vrai, non seulement au moyen des décors sur scène mais aussi en raison de l'univers de référence de la pièce qui peut être contemporain de celui des spectateurs. .../... POINT DE CULTURE GENERALE : Œdipe, c'est le héros maudit par essence.

Promis à un destin fatal par l'oracle, telle la Belle au bois dormant à qui une sorcière jette un mauvais sort, l'enfant est retiré à ses parents Laïos, roi de Thèbes, et Jocaste, pour être élevé loin du foyer familial.

Bien sûr, en dépit de toutes les précautions, comme pour la princesse du conte, la prédiction se réalise, et sans le savoir Œdipe tue réellement son père biologique et épouse sa mère.

Comprenant sa méprise des années plus tard, alors que la peste dévaste son royaume, et horrifié de son parricide et de son inceste, le roi se crève les yeux et se bannit du monde.

À ce malheur, s'en est ajouté un autre beaucoup plus tard puisque le pauvre homme a vu la psychanalyse donner son nom à un complexe, dont l'humanité entière souffrirait.

C'est dire à quel point la culpabilité doit peser sur ses épaules. Mais n'est-ce pas un peu trop réducteur de ne penser à Œdipe qu'en termes freudiens ? C'est oublier en effet la. »

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