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En quoi le fait de penser empêcherait d'être heureux ?

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« Définition des termes du sujet: Heureux, heureuse: Qui jouit du bonheur, qui est durablement content de son sort. PENSÉE: Faculté de connaître, de comprendre, de juger, de raisonner, qui est censée caractériser l'homme, par opposition à l'animal.

Synonyme d'entendement, de raison. PENSER: Exercer une activité proprement intellectuelle ou rationnelle; juger; exercer son esprit sur la matière de la connaissance; unir des représentations dans une conscience. Qu'est-ce qui s'oppose entre ces deux états ? Et quelle est cette nécessité qui exigerait une telle abstinence ? N'y a-t-il pas un bonheur de penser ? L'intitulé du sujet montre bien que penser est un acte, et que le bonheur est un instant d'être.

L'un serait donc intellectuel, l'autre de l'ordre de la sensation. On peut donc se demander si l'exercice de la raison et de la pensée ne bloque pas le bonheur (par exemple, douter, comme Descartes y incite dans l'exercice de la pensée, ne bloque-t-il pas tout bonheur ?).

Le bonheur n'est pas par nature irrationnel ; donc en quoi serait-il mis à mal par la pensée ? Et s'empêcher de penser apporterait-il le bonheur ? C omment est-il possible de s'abstenir de penser ? Le bonheur est-il alors possible ? Existe-t-il un état de nature, comme l'avance Rousseau, où l'homme serait simplement heureux ? Et ne peut-on pas mettre en avant une nécessité inverse : celle de mettre en exercice notre pensée dans le but de parvenir au bonheur ? Problématique. Est-ce l'activité réflexive philosophique ou l'inconscience voire l'ignorance qui font le bonheur ? Le bonheur ne serait-il pas, comme le dit A ristote, le parachèvement de l'acte réussi et rationnel ? Y a-t-il bonheur dans l' (auto-) aveuglement ou encore dans l' (auto-) mystification de la conscience ? Les ignorants, les imbéciles sont-ils heureux ?! Première partie. Etre heureux, c'est parvenir à un état de satisfaction complète: à la différence du plaisir, ce sentiment agréable et provisoire, le bonheur désigne un état durable.

Or comment peut-on atteindre cet état ? Si nous jetons un regard sur la condition humaine, nous voyons qu'elle s'avère tragique ou angoissante.

La mort ne forme-t-elle pas l'horizon ultime et indépassable de toute vie ? L'homme n'est-il pas condamné à mourir ? Mais alors, ne faut-il pas s'abstenir d'exercer une activité réflexive pour être heureux ? Puisque l'ordre des choses engendre mal et souffrance, puisque les possibilités de douleur sont multiples, renonçons à penser et contentons-nous d'une jouissance sans connaissance.

La réflexion, la pensée, par leur lucidité nous condamne aux affres du malheur.

Mieux vaut être un imbécile heureux qu'un sage mal-heureux. Mais, un authentique bonheur peut-il faire l'économie d'une authentique pensée ? V ouloir refouler le malheur ce n'est pas le supprimer mais seulement l'ignorer. B.

Il faut accéder à la sérénité pour être heureux : il faut donc penser. Pour être heureux réellement, que faut-il faire ? A ccéder à la paix de l'âme.

Or la vraie paix de l'âme est obtenue par le travail de l'esprit, c'est-à-dire par la pensée.

D'une manière générale, pour devenir paisible, « ataraxique », serein, ne faut-il pas tenter de ne plus être ballotté par les passions et les désirs ? Donc, pour atteindre cette visée, une certaine prise de conscience de notre dépendance par rapport à la sensibilité est nécessaire.

Il faut avoir une connaissance claire et distincte de ce que nous sommes pour édifier une certaine paix de l'âme.

Il faut comprendre l'essence de nos passions, le sens de notre goût du pouvoir ou de l'argent, pour accéder au bonheur, qui sera dès lors analysé intellectuellement.

Si je ne me connais pas, comment serais-je heureux ? Donc je dois penser pour être heureux.

Plus je pense, mieux je me maîtrise et mieux j'accède au bonheur.

Je deviens serein et heureux.

« Une affection qui est une passion cesse d'être une passion, sitôt que nous nous en formons une idée claire et distincte [...] Une affection est d'autant plus en notre pouvoir, et l'Âme pâtit d'autant moins, que cette affection nous est plus connue.

» (Spinoza, Éthique, cinquième partie, Garnier-Flammarion) Transition. Mais quel est le vrai bonheur ? Il est liberté.

Être heureux, c'est d'abord être libre.

Donc, il nous faut davantage creuser la nature de la liberté, pour mieux répondre au problème. C.

Il faut accéder à la liberté pour être heureux : il faut donc penser. Il est bel et bien nécessaire de penser pour être heureux.

En effet, pour accéder à l'état de bonheur, ne faut-il pas distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas ? Ainsi les stoïciens distinguent-ils, d'une part, tout ce qui est en quelque sorte voulu par le destin (la beauté, la laideur, la basse et la haute naissance, etc.) et, d'autre part, ce qui est du domaine du jugement libre.

Il faut conserver sa liberté de jugement et d'opinion.

C royances, jugements et désirs dépendent de nous.

A insi, une opinion sur la mort dépend de moi.

P ar conséquent, il faut bien penser pour être heureux : il nous faut nous purifier de nos jugements défectueux.

C onstruire de bons jugements, c'est être libre et c'est accéder ainsi à l'état de sujet heureux.

La source de tout bien et de tout mal que nous pouvons éprouver réside strictement dans notre propre volonté.

Nul autre que soi n'est maître de ce qui nous importe réellement, et nous n'avons pas à nous soucier des choses sur lesquelles nous n'avons aucune prise et où d'autres sont les maîtres.

Les obstacles ou les contraintes que nous rencontrons sont hors de nous, tandis qu'en nous résident certaines choses, qui nous sont absolument propres, libres de toute contrainte et de tout obstacle, et sur lesquelles nul ne peut agir.

Il s'agit dès lors de veiller sur ce bien propre, et de ne pas désirer celui des autres ; d'être fidèle et constant à soi-même, ce que nul ne peut nous empêcher de faire.

Si chacun est ainsi l'artisan de son propre bonheur, chacun est aussi l'artisan de son propre malheur en s'échappant de soi-même et en abandonnant son bien propre, pour tenter de posséder le bien d'autrui.

Le malheur réside donc dans l'hétéronomie : lorsque nous recevons de l'extérieur une loi à laquelle nous obéissons et nous soumettons.

Nul ne nous oblige à croire ce que l'on peut dire de nous, en bien ou en mal : car dans un cas nous devenons dépendants de la versatilité du jugement d'autrui, dans l'autre nous finissons par donner plus de raison à autrui qu'à nous-mêmes.

Enfin, à l'égard des opinions communes comme des théories des philosophes, ou même de nos propres opinions, il faut savoir garder une distance identique à celle qui est requise dans l'habileté du jeu, c'est-à-dire qu'il faut savoir cesser de jouer en temps voulu.

Dans toutes les affaires importantes de la vie, nul ne nous oblige en effet que notre propre volonté. « Souviens-toi que ce n'est pas celui qui injurie et qui frappe qui outrage, mais l'opinion tranchée que l'on est outragé par eux.

Lorsque quelqu'un donc t'a mis en colère, sache que c'est ton propre jugement qui t'a mis en colère.

En conséquence, dès le début efforce-toi de ne pas te laisser emporter par ta représentation.

» (Épictète) C omment donc le travail de la pensée ne serait-il pas nécessaire pour se rendre heureux ? Loin qu'il faille s'abstenir de penser pour être heureux, il nous faut bien penser et, en pensant bien, nous rendre libres.

Par conséquent, pas d'état heureux sans conversion de l'individu à la pensée, sans décision volontaire de se faire sage et libre.

Alors le bonheur parachève l'acte rationnel et maîtrisé par l'entendement. Conclusion Qu'est le bonheur, sinon le parachèvement de l'acte pensé et réfléchi ? Dès lors, le vide de la pensée n'est que le bas degré du bonheur : c'est l'état de « pourceau satisfait ».

Le sage sera heureux grâce à la pensée maîtrisant la vie.. »

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