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En quel sens peut-on dire que l'homme est un «animal politique» ?

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« APPROCHE: L'union des hommes fait leur force «L'homme n'est environné que de faiblesse, écrivait Sénèque : il n'a ni la puissance des ongles, ni celle des dents pour se faire redouter ; nu, sans défense, l'association est son bouclier» (Des bienfaits, IV, 18). «Ce qui donne naissance à une cité, écrivait Platon, c'est, je crois, l'impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même» (La République, II, 369 b-c). La division toujours croissante du travail prouve assez combien la collaboration d'un grand nombre d'hommes démultiplie leur puissance productive ainsi que leur emprise sur la nature. L'homme sauvage, ou l'impossible autarcie Les théoriciens du droit naturel ont défini l'état de nature comme un état dans lequel les hommes auraient été indépendants de toute institution. Ces penseurs eux-mêmes ont accordé que l'état de nature n'est qu'une fiction commode, «un état qui n'a peut-être point existé» (Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité, 1755). Cette lubie n'a, assurément, aucun fondement historique.

ranima!, écrivait Proudhon, «paraît plus robuste que l'homme contre la solitude» (Qu'est-ce que la propriété , 1840). L'homme naît prématuré «Celui, écrivait Aristote, qui ne peut appartenir à aucune communauté, [...] c'est soit une bête, soit un dieu». L'homme isolé, l'homme «naturel», est un être démuni, diminué, — tel ce Victor de l'Aveyron recueilli par le docteur Itard et dont les progrès furent si laborieux et si limités. Ainsi, l'homme est-il un animal politique, non seulement parce qu'il vit de façon grégaire, en société, en cité — mais encore parce que, comme il naît prématuré, c'est la société et elle seule qui est susceptible de le conduire à l'humanité véritable. C'est dans Les politiques qu'Aristote formule l'idée selon laquelle « l'homme est par nature un animal politique ».

Par là se trouve suggérés trois éléments principaux : 1° l'homme est un animal comme les autres, à la différence près qu'il est le plus « politique » de tous ; il s'agira donc de déterminer en quoi il diffère des animaux grégaires, c'est-à-dire de ceux qui vivent en groupe ou en communauté, tels les fourmis ou les abeilles.

2° L'homme est un animal politique : la détermination de la notion de politique devra nous permettra d'approfondir la dimension propre au vivre-ensemble humain, à la différence justement des animaux.

3° L'homme est par nature un animal politique, c'est-à-dire que la condition sociale lui échoit naturellement, avant même qu'il n'en conçoive l'idée.

Nous commencerons par ce premier point. I – Les théories conventionnalistes L'idée que l'homme vit en société est issue d'un fait d'expérience ; cependant, il s'agit de déterminer dans quelle mesure sa nature ou les circonstances le conduisent à adopter un tel mode de vie.

À l'inverse d'Aristote, les théories conventionnalistes de Hobbes et de Rousseau (pour ne citer qu'elles) suggèrent que l'homme existe naturellement hors des cités, dans un état de nature, et ne crée de société politique que par convention. En effet, l'état civil – le fait de vivre en société – est toujours conçu par rapport à un état de nature ; celui-ci ne correspond à une période historique de l'évolution de l'humanité, mais constitue une fiction théorique permettant de déterminer les conditions d'émergence de la vie en société. Ainsi, pour Thomas Hobbes, dans le Léviathan et le De Cive (Du citoyen), l'état de nature est un état de guerre de tous contre tous.

Les hommes, seuls et attachés à leur biens, ne s'en remettent qu'à la force pour assurer leur subsistance.

Or, c'est précisément de ces conditions extrêmes que va surgir le besoin de s'associer et de former, par contrat, un État : c'est le contrat social.

Alors, chacun délègue ses prérogatives au souverain, seul capable d'administrer les différents par l'usage du droit – et non plus de la force – et d'organiser la société. La société est donc civile, en ce sens qu'elle s'oppose à l'état de nature.

C'est justement l'idée contre laquelle se dresse Aristote, qui considère que l'homme est toujours déjà unie dans une société ; mais encore faut-il s'entendre sur sa définition. II – La cité naturelle Dire que l'homme est un animal politique, c'est à la fois insister sur ce qui rattache l'homme à l'ensemble de la nature, via l'animalité, et sur ce qui le distingue à travers la notion de politique.

En effet, nombreux sont les animaux grégaires, qui vivent en communauté ou en colonie, à l'instar des fourmis ou des abeilles.

Cependant, le simple fait de leur réunion n'en fait pas des « animaux politiques ».. »

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