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Doit-on souhaiter réaliser tout nos désirs?

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« Le désir renvoie à une expérience de manque que l'on doit tout d'abord distinguer du besoin.

Celui-ci désigne l'état dans lequel se trouve l'organisme lorsqu'il est privé de ce qui assure son fonctionnement.

Le désir apparaît au contraire comme une expérience de manque dont la satisfaction semble plus difficile et moins assurée.

Une chose est avérée pourtant c'est que à travers la réalisation de nos désirs nous cherchons à atteindre le bonheur.

Est-ce à dire pour autant que la satisfaction de tous nos désirs nous permette d'atteindre cette fin ? Hobbes dans le Léviathan définit la félicité, c'est-à-dire le souverain bien ou le bonheur, comme une quête de désir après désir.

Il écrit à cet égard : « Je mets au premier rang une inclination générale de toute l'humanité, un désir perpétuel et sans répit d'acquérir pouvoir après pouvoir, qui ne cesse qu'à la mort », Léviathan, chapitre 11. Mais peut-on par la quête perpétuelle de satisfaire tous nos désirs parvenir au contentement ? N'y a-t-il pas dans le désir un caractère illimité qui ramène l'homme à une continuelle insatisfaction ? En d'autres termes souhaiter satisfaire tous ses désirs est-ce un signe de force et d'affirmation de soi ? Ou est-ce davantage le signe d'une âme faible en continuelle manque qui ne parvient jamais au contentement et donc à la tranquillité ? L'illusion du désir, le désir comme manque Calliclès dans le Gorgias en (491d-492c) de Platon, définit le bonheur par le fait de satisfaire ses désirs à mesure qu'ils naissent.

Mais le problème comme le souligne Socrate (interlocuteur de Calliclès dans le dialogue) c'est que le désir renaît continuellement de lui-même, si bien que le véritable contentement n'est jamais réellement atteint.

Telle est la position que reprend Schopenhauer qui considère que le désir qui procédant d'un manque ne sera satisfait qu'au prix de la frustration d'autres désirs.

Plus encore écrit-il au cours de son ouvrage Le monde comme volonté et comme représentation : « Tout vouloir procède d'une privation, c'est-à-dire d'une souffrance.

La satisfaction y met fin, mais pour un désir qui est satisfait, dix au moins sont contrariés, de plus le désir est long, et ses exigences tendent à l'infini, la satisfaction est courte et parcimonieusement mesurée.

Mais ce contentement suprême lui-même n'est qu'apparent : le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir, le premier est une déception non encore reconnue ».

L'expérience du désir apparaît avant tout aux yeux de l'auteur comme celle d'un asservissement.

Tant que nous ne parvenons pas à nous libérer du désir nous ne pourrons atteindre un bonheur durable.

Le désir est donc le signe de l'imperfection de l'homme, d'une souffrance, à cet égard Schopenhauer préconise un ascétisme, c'est-àdire un refoulement du désir et de la volonté. Changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde Si il est avéré que nous désirons trop ou nous désirons mal.

Ne suffit-il pas d'en régler l'usage pour accéder au bonheur ? Telle est la conclusion que tire Descartes et qu'il reprend pour troisième maxime dans Le Discours de la méthode (Troisième partie) : « Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde ». Dans la troisième partie du « Discours de la méthode », Descartes affirme qu'une de ses règles d'action est « de tâcher plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde » (« Fortune » désigne ici le cours changeant de la nature). Pour comprendre cette maxime, qui semble d'un conformisme révoltant, il faut savoir qu'elle fait partie d'une morale « par provision », c'est-à-dire qu'elle ne correspond pas à la morale définitive de Descartes, mais s'intègre à un ensemble de règles provisoires et révisables, dictées par l'urgence de la vie et de l'action, alors même que la raison et la recherche recommandent la prudence. Le « Discours de la méthode » présente la biographie intellectuelle de l'auteur, et les principaux résultats auxquels il est parvenu par une démarche aussi singulière que révolutionnaire.

Afin de parvenir à une certitude absolue et indubitable, Descartes décide de remettre au moins temporairement en cause la totalité de ses opinions.

Pour parvenir « à la connaissance vraie de tout ce qui est utile à la vie », il se voit obligé de rejeter la totalité de ce qu'il avait cru.

Dans les « Méditations », il décrit ainsi son attitude : « Je suppose que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de songes me représente ; je pense n'avoir aucun sens… ». Il faut comprendre que ce doute est une démarche intellectuelle qui a pour but de détruire le « palais » de l'ancienne métaphysique, qui n'était bâti que « sur du sable et de la boue », pour reconnaître le véritable palais des sciences sur le roc de la certitude. Mais une question nouvelle apparaît : pendant que je détruis mon ancienne demeure, pour en reconstruire une nouvelle, où vais-je loger ? « Car ce n'est pas assez, avant de recommencer à rebâtir le logis où l'on demeure, que de l'abattre […] il faut aussi s'être pourvu de quelque autre où o puisse être logé commodément pendant le temps qu'on y travaillera.

» Pendant que le doute m'oblige à n'admettre aucun principe, comment vais-je vivre, et vivre au milieu des. »

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