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Doit-on satisfaire tous ses désirs ?

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« VOCABULAIRE: DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.

Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin.

Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.

Ce qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.

On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous. Introduction. À première vue, je désire ce que je n'ai pas: quelque chose me manque et j'en souffre.

Il semble alors naturel que je souhaite satisfaire mes désirs.

Toutefois, une telle satisfaction est-elle toujours possible ? N'existe-t-il pas, au moins, des rêves irréalisables? Ou des désirs mauvais, inquiétants, qu'il vaudrait mieux ne pas réaliser ? Dès lors, v doit-on vraiment souhaiter satisfaire tous ses désirs ? Un principe d'existence : satisfaire tous ses désirs. Dans le Gorgias de Platon, Socrate félicite le sophiste Calliclès en ces termes « La franchise de ton exposé, Calliclès, dénote une belle crânerie : tu dis nettement, toi, ce que d'autres pensent mais ne veulent pas dire [...].

Tu soutiens qu'il ne faut pas gourmander ses désirs, si l'on veut être tel qu'on doit être, mais les laisser grandir autant que possible et leur ménager par tous les moyens la satisfaction qu'ils demandent et que c'est en cela que consiste la vertu » (trad.

Chambry, G.

F.

, p.

236). Ainsi, pour Calliclès, en un sens, tous les hommes souhaitent satisfaire tous leurs désirs. Tous ne l'avouent pas.

Certains affirment même le contraire.

C'est que, « ne pouvant fournir à [leurs] passions de quoi les contenter, [ils font] l'éloge de la tempérance et de la justice à cause de leur propre lâcheté ».

Ils ont honte, ils veulent « cacher leur propre impuissance » (ibid., p.

235). Calliclès, lui, ne se contente pas de souhaiter vaguement une telle satisfaction.

Il souligne qu'il faut « en être capable [...] par son courage et son intelligence », il faut avoir la force « de remplir tous ses désirs à mesure qu'ils éclosent ». On ne doit pas simplement, alors, souhaiter satisfaire ses désirs: on doit, pour être heureux, y parvenir vraiment : c'est un idéal conforme à « la loi de la nature » (ibid.

, p.

225).

« Le luxe, l'incontinence et la liberté, quand ils sont soutenus par la force, constituent la vertu et le bonheur » (p.

236).

L'intempérance est la vertu des forts, la tempérance celle des faibles. Enfin, tous les désirs devraient être satisfaits.

Calliclès n'en exclut aucun.

C'est la morale des faibles, « toutes ces belles idées, ces conversations contraires à la nature », qui introduirait une opposition entre les désirs légitimes et ceux qui ne le sont pas.

Qu'objecter à cette thèse de Calliclès ? Satisfaire ou maîtriser ses désirs. La caractère contradictoire du désir. Socrate, dans le dialogue platonicien, interroge le sophiste à sa façon, avec l'ironie qui invite à approfondir l'examen du problème. S'il faut manger quand on a faim, se désaltérer quand on a soif, et s'« il faut avoir tous les autres désirs, pouvoir les satisfaire, et y trouver du plaisir pour vivre heureux », comme l'affirme Calliclès, on en vient à se poser que « c'est vivre heureux, quand on a la gale et envie de se gratter, de se gratter à son aise et de passer sa vie à se gratter » (ibid., p.

238). Autrement dit, selon Socrate, on ne doit pas mettre tous les désirs sur le même plan.

L'agréable n'est pas forcément bon; il y a des plaisirs bons et des plaisirs mauvais.

N'est souhaitable que la satisfaction de certains désirs.

Plus précisément, souhaiter satisfaire certains désirs, nos passions par exemple, c'est ignorer qu'une telle satisfaction est impossible.

Il y a des désirs sans limites, insatiables, qu'on ne peut pas plus contenter qu'on ne peut « remplir des tonneaux percés avec un crible troué de même » (ibid., p.

237).

Celui qui ne renonce pas au désir de satisfaire tous ses désirs, loin d'être heureux, est un insensé perpétuellement tourmenté, qui mène « une existence inassouvie et sans frein ».

A une telle existence, Socrate préfère « une vie réglée, contente et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte ».

.

Platon, dans le « Gorgias », affirme ainsi qu'une vie réglée contente et satisfaite de ce que chaque jour lui apporte et préférable à une existence inassouvie et sans frein.

L'homme qui entend mener une vie de plaisir est comparable à un tonneau percé qu'il faudrait constamment remplir : à peine satisfait, le désir renaît et avec lui la souffrance.

Mais fixer son attention sur le plaisir, c'est, surtout, s'attarder sur les objets du monde sensible et renoncer au bonheur d'une vie contemplative qui seule peut nous mettre en contact avec l'éternité.. »

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