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Doit-on rapprocher ou opposer le beau naturel et le beau artistique

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« I.

— INTRODUCTION. Le beau est une idée.

Les jugements de valeur que nous portons sur lui relèvent tantôt du beau naturel, tantôt du beau artistique.

Nous parlons d'un splendide coucher de soleil, ou d'un paysage extraordinaire, ou de la beauté saisissante du tableau d'un peintre. Assez souvent même nous exprimons la beauté naturelle par référence à la beauté artistique et inversement; c'est dire qu'entre les deux genres de beauté, s'établit un va-et-vient incessant. II.

— ANALYSE DE L'IDÉE DE BEAUTÉ. L'idée de beau se révèle assez complexe à l'analyse.

On lui attribue d'abord une origine se rattachant à notre sensibilité immédiate.

Nous n'accédons pas par la conscience à ce que Cézanne appelait : « les racines de l'être, la source impalpable des sensations ». Pour sa part, H.

Matisse parlait de « ces beaux rouges, de « ces beaux jaunes » qui remuent le fond sensuel des hommes.

Il existe, en effet, de belles couleurs dont la vue provoque de l'attirance et d'autres, moins séduisantes. Nos sens ne sont pas tous « esthétiques » au même degré.

C'est un fait que la vue et l'ouïe sont, davantage liées au monde extérieur et de façon plus immédiate que l'odorat et le goût.

Le plaisir artistique, comme par une sorte de consentement social, est devenu une règle admise, à la fois par le créateur et le contemplateur. Ce plaisir a conduit à un éloignement relatif de la nature, puisque, pour l'augmenter, l'artiste transforme des matériaux naturels en « objets » humains. III.

— LE BEAU ET LA CRÉATION ARTISTIQUE. Si paradoxal que cela puisse paraître, il faut dire qu'il n'y a pas de beau naturel. L'expérience du beau arrive à travers une longue élaboration, et la subjectivité humaine, devenant dominante, construit le beau à travers une culture et une civilisation. Parallèlement, se transforment et s'enrichissent les notions d'agréable ou de désagréable à mesure que le plaisir ou le déplaisir que l'on éprouve se complique.

On peut dire que le beau n'est pas dans les choses, les êtres ou les situations, mais qu'il s'intègre à la vision de ceux-ci, lorsque les comportements esthétiques sont devenus conscients.

Ainsi peut-on se rendre compte de ce que Kant appelle « le deuxième moment du jugement du goût », c'est-à-dire l'agréable, qui n'est rien d'autre que ce qui plait à quelqu'un en particulier, au beau qui « exige un passage plus ou moins à l'universel, à une universalité de suffrage, plus ou moins à une idée commune ayant valeur d'idée objective, puisque représentant une subjectivité universelle, une subjectivité nécessaire.

» Le beau perçu dans les oeuvres du passé sert d'éducateur et enrichit notre sentiment de la beauté au point que cette dernière est, par l'activité créatrice, non pas à répéter telle quelle, mais à recommencer, à réinventer. Dans la création artistique, c'est « l'homme tout entier qui se réinvente et qui se mesure à lui-même dans la contemplation et la jouissance devant les oeuvres d'art a.

Il existe.

donc un comportement esthétique conscient et l'expérience esthétique a un caractère privilégié. IV.

— DU BEAU ARTISTIQUE AU BEAU NATUREL. On a souvent caractérisé le beau d'inutile.

Kant dit qu'il est une t finalité sans fin ».

Le beau produit par l'art, ne sert en effet à rien, sinon à donner à l'homme "dans l'expérience même, une conscience de soi, selon les formes d'un divertissement qui ramène l'esprit des nécessités objectives aux nécessités subjectives". Il n'est donc pas étonnant que la notion de beau se transporte du domaine de la création artistique au domaine de la nature.

La nature nous fournit des représentations, mais nous exigeons que celles-ci se conforment à des règles de proportions, d'harmonie, d'unité, dans la diversité.

Cette expérience est pleine de fraîcheur parce que « nous avons l'impression de nous rencontrer dans la nature elle-même, de retrouver en quelque sorte notre être naturel.

» En somme, l'expérience artistique s'intègre à la perception. Néanmoins, en observant la réalité naturelle avec un oeil esthétiquement formé, nous finissons par penser que le spectacle naturel était en réalité plus riche que nous ne l'avions cru au départ et qu'il existe dans le réel non artistique de nouvelles beautés à puiser, de nouvelles significations à découvrir. Les rapports de l'homme avec la nature sur le plan esthétique apparaissent aussi inépuisables qu'ils le sont sur le plan de la connaissance, où la science trouve dans son savoir le ressort de sa recherche.

L'artiste vrai découvre la nature et sa beauté ! V.

— CONCLUSION. En réalité, la notion du beau relève du domaine de l'activité artistique et il semble qu'il ne puisse exister de beau naturel qu'en relation avec la notion du beau artistique. Mais, si l'homme embellit la nature, c'est, fort souvent, en repartant de la nature qu'il refaçonne et transforme suivant son idéal de la beauté.. »

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