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Doit-on parler du goût ou des goûts ?

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« VOCABULAIRE: DOIT-ON: Ce genre d'interrogation interroge sur le devoir ainsi que sur la nécessité et la possibilité. GOÛT: 1) Sens par lequel on perçoit les saveurs.

2) Faculté de porter un jugement approprié sur la beauté d'une oeuvre d'art.

Faculté de reconnaître et d'apprécier le beau.

Kant définira les caractéristiques du jugement de goût: : « Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée », « Est beau ce qui plaît universellement sans concept », « La beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans la représentation d'une fin », « Est beau ce qui est reconnu sans concept comme l'objet d'une satisfaction nécessaire ». Lorsqu'il s'agit du beau et de l'art, l'opinion oscille souvent entre deux attitudes contradictoires.

Tantôt on souligne la relativité des jugements qui s'y rapportent, celle des « goûts et des couleurs «, en s'en remettant à la subjectivité de chacun.

Tantôt, au contraire, on se rapporte à un étalon ou à une mesure objective, qui se trouverait dans la connaissance des experts ou des artistes officiels, pour décider de ce qui est beau ou non, artistique ou pas. Cette hésitation fait ressortir les ambiguïtés liées au thème de la reconnaissance, au problème de savoir comment on peut reconnaître la beauté et l'art – en particulier la question de savoir s'ils entretiennent un quelconque rapport avec la raison. On entend souvent dire que «des goûts et des couleurs, on ne discute pas».

Cela signifie que chacun a une perception subjective du beau et que celle-ci ne peut être partagée, en tout cas pas par tous.

Untel s'extasie devant un portrait de Picasso alors que tel autre le trouve difforme : à chacun sa vérité.

Mais ce relativisme en matière de goût semble interdire toute possibilité de s'accorder pour qualifier, avec certitude, une oeuvre de « belle ». Comment trouver alors un juste milieu entre la valorisation de ce que chacun ressent personnellement en présence d'une oeuvre d'art et la nécessité de définir un goût commun à tous? 1.

Les goûts sont divers parce que les hommes le sont. • Une chose n'est pas belle ou laide dans l'absolu, mais pour un individu singulier qui la goûte.

C'est ce que soutient Hume dans le Traité de la nature humaine : « La beauté n'est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l'esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente.

Une personne peut même percevoir de la difformité là où une autre perçoit de la beauté.

Et tout individu devrait être d'accord avec son propre sentiment, sans prétendre régler ceux des autres ». • Affirmer que les goûts sont relatifs, c'est donc refuser à la fois de se laisser influencer et d'imposer à l'autre ses propres normes.

C'est admettre que le critère du beau est celui du plaisir ressenti, et que ce plaisir varie en fonction des personnes.

La chose « belle » est celle qui contente les sens, et le sentiment de plaisir est la justification nécessaire et suffisante de cette beauté, pour celui qui la ressent. • Mais comment communiquer avec autrui sur la beauté, si les goûts sont individuels? Car comme le montre Kant dans la Critique de la faculté de juger, quand on trouve une chose belle, on ne peut «faire autrement qu'estimer que cet objet doit contenir un principe de satisfaction pour tous ».

On veut qu'elle plaise aussi à autrui.

Or cela semble impossible si on fonde le goût sur la partialité du sentiment. Ainsi, toute discussion sur l'art est rendue caduque par le relativisme.

Il devient impossible de parler d'oeuvres de référence, puisque chacun a « ses » chef-d'oeuvres.

On a perdu le sens de ce qui fait qu'une chose «est» belle.

On a manqué ce que H.

Arendt, dans la Crise de la culture, nomme le « caractère public de la beauté ». II.

Les critères du goût esthétique. • Kant le montre dans la Critique de la faculté de juger : il ne faut pas confondre le beau avec l'agréable et le bon, les goûts sensuel et moral et le goût esthétique.

Est agréable ce qui plaît et répond à une attente (un bon plat); est bon ce qui suscite l'estime et l'approbation (un homme vertueux); mais est beau ce qui « plaît simplement », sans que son existence ne se relie au moindre intérêt.

La beauté suscite en l'âme une harmonie des facultés qui est la même pour tous, puisqu'aucun jugement partial ne s'y mêle.

C'est pourquoi la satisfaction ressentie est commune à tous : il y a un « sens commun » du beau, un goût valable pour tous.. »

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