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Doit-on faire le bonheur des autres ?

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« APPROCHE: Faire le bonheur des autres est-il un devoir ou non ? Ce devoir est-il une obligation morale ? Une charge, un fardeau ? Si rechercher son propre bonheur est une tendance naturelle, chercher le bonheur d'autrui peut apparaître comme quelque chose qui ne va pas de soi : ce devoir comme fardeau peut alors prendre le sens d'obligation morale dès lors qu'on considère sa valeur morale : ce devoir est-il alors un devoir parmi d'autres, ou "le" devoir par excellence : ne met-on pas parfois en avant ceux qui travaillent au bonheur de leurs proches, voire de l'humanité tout entière ? Si c'est cela être moral, alors que signifie exactement faire le bonheur des autres ? Cela implique-t-il que l'on renonce à son propre bonheur ? Comment faire le bonheur d'autrui ? Comment prétendre connaître ce qui fera le bonheur d'autrui ? Cette difficulté ne remet-elle pas en cause l'assimilation du devoir et de la recherche du bonheur d'autrui ? En effet, comment concevoir un devoir dont on ne peut dire avec certitude ce qu'il nous commande de faire ? Ce devoir n'est-il pas le masque de l'immoralité même (par l'abnégation) ? N'est-ce pas singer la vertu que de se rabaisser et toujours viser le bien d'autrui plutôt que le sien ? Introduction et problématique: Lorsque nous aimons quelqu'un, nous sommes prêts à tout pour "faire son bonheur".

Le bonheur d'autrui est-il le but de ce que l'on nomme l'altruisme.

Avons-nous le devoir de faire le bonheur d'autrui ? Le bonheur d'autrui est-il le but même de mon action ou est-il concerné par les effets secondaires de mes actes ? Selon les réponses que l'on donne à cette question, on peut considérer que mon devoir est de veiller à mon propre bonheur sans faire le malheur d'autrui, ou de me consacrer directement au bonheur d'autrui, soit en contribuant à créer les conditions de son épanouissement, soit en lui octroyant ce qui le rend(rait) heureux. Nous examinerons dans un premier temps les différents stades de la bienveillance envers autrui, dont nous montrerons ensuite qu'elle est limitée par le respect pour la liberté d'autrui.

Enfin, nous verrons que le souci pour le bonheur des autres se réalise véritablement dans la réciprocité de la relation amicale. Égoïsme et altruisme L'exigence minimale de la morale consiste dans le renoncement à l'égoïsme pur et simple : je n'ai pas le devoir de renoncer à mon bonheur, mais de relativiser ce dernier par rapport aux autres.

On peut envisager plusieurs façons de prendre en compte le bonheur d'autrui dans la perception de son devoir. • Tenir compte d'autrui Une des formulations de l'impératif catégorique chez Kant est la suivante : «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen.» Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs (1785).

L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandement christique quant à son fondement.

En effet le commandement d'amour du Christ vient de l'extérieur et est fondé sur un commandement antérieur qui prescrit l'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératif kantien vient, lui, de la raison.

C'est en nous-mêmes que nous le trouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notre moralité.

Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraints à nous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nous pouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaise conscience»).

Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «comme une fin» ne signifie pas nécessairement les «aimer».

C'est à la fois moins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, en reconnaissant en eux la dignité humaine.

Mais c'est aussi plus exigeant, car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là que le «devoir» est ressenti comme tel. • Penser aux autres Puis-je me contenter de ne pas rendre les autres tristes ou malheureux ? Une telle attitude aboutit à une indifférence réciproque dont on peut penser qu'elle appauvrit les rapports entre les hommes.

La bienveillance est en revanche l'attitude qui consiste à souhaiter le bonheur d'autrui. a.

S'il s'agit d'une pure sympathie, elle ne peut être un devoir : je ne peux pas décider d'éprouver de la sympathie pour quelqu'un. b.

En tant qu'être raisonnable, j'ai en revanche conscience des désirs et des besoins de ceux qui m'entourent.

Mon « prochain » est la personne qu'il m'est donné de pouvoir aider.

Dans cette mesure, j'ai le devoir de contribuer au bonheur d'autrui. • Vivre pour autrui? Ai-je pour autant le devoir de me consacrer exclusivement au bonheur d'autrui? Cela reviendrait à renoncer totalement à ma propre aspiration au bonheur.

Kant nous rappelle qu'une telle ambition serait démesurée car si nous sommes des êtres rationnels nous demeurons également des êtres sensibles.

Il est illusoire et vain de prétendre nier cette sensibilité, qui d'ailleurs donne aux autres l'occasion de se montrer bienveillants envers moi.

Déjà Pascal observait: "tous les hommes recherchent d'être heureux, cela sans exception; quelques différents moyens qu'ils y emploient, ils tendent tous à ce but".

Aussi, le bonheur, point focal de toute existence humaine, ne semble pas nous être dû de droit, mais paraît procéder d'une insatiable recherche d'un "mieux et plus d'être", d'une inlassable maturation spirituelle. Deuxième partie: l'inaliénable liberté d'autrui.. »

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