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Dire de l'art qu'il n'est pas utilitaire, est-ce dire qu'il est inutile ?

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« Termes du sujet: UTILE / UTILITÉ (adj.) 1.

— (Sens objectif) Tout ce qui peut servir valablement de moyen en vue d'une fin quelconque.

2.

— (Sens subjectif) Tout ce qui est apte à satisfaire un besoin, ou à contribuer à un résultat désirable.

3.

— (Sens vulg.) Tout ce qui peut servir au développement écon.

d'une société, au progrès, à la vie.

4. — Utilitaire : a) Qui concerne l'utile ; par ext., qui concerne ou considère seulement la vie pratique.

b) Qui concerne l'utilitarisme.

5.

— Utilitarisme.

: a) Sens propre, doctrine de BENTHAM et de son école, qui prend pour principe moral, socio.

et pol.

l'utile au sens 1.

b) Par ext., toute doctrine qui accorde à l'utile une valeur de principe, en part. en morale.

6.

— Utilité : a) Caractère de ce qui est utile.

b) (Écon.) Importance que le sujet attribue à un bien disponible en quantité limitée ; cette utilité est supposée diminuer à proportion de l'augmentation des unités du bien qui sont consommées ; par définition, on appelle utilité marginale l'utilité de la dernière unité de bien disponible ; si le bien satisfait plusieurs besoins, cette utilité est égale à l'utilité de l'unité de bien affectée à la satisfaction du besoin le moins intense.

Rem.

: le néomarginalisme reconnaît que le sujet, s'il peut apprécier les différences d'utilité, ne peut, de façon homogène, les exprimer par une quantité ; d'où le remplacement de la notion par celle de préférence, qui suppose simplement la possibilité d'un ordre. Lorsque nous parlons d'art, nous désignons en vérité deux réalités distinctes.

Jusqu'au dix-huitième siècle, le terme « art » désignait l'ensemble des techniques de production d'artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau.

Ainsi, l'activité de l'artiste et celle de l'artisan étaient recouvertes par le même terme.

Or, il semble que ces deux activités ne soient pas entièrement réductibles l'une à l'autre, qu'elles possèdent chacune une spécificité à élucider.

Par conséquent, il nous faudra au cours de ce travail préciser d'une part ce qui distingue l'art de l'horloger de celui du poète, l'activité du coutelier de celle du plasticien ; et toujours préciser à laquelle de ces deux activités singulières nous pensons lorsque nous employons le signifiant « art ». Une chose utile est une chose qui sert valablement de moyen à la réalisation d'une ou plusieurs fins.

A l'inverse, une chose inutile est soit une chose qui ne sert pas efficacement de moyen à la fin qu'un agent veut lui voir accomplir, soit une chose qui ne sert à strictement aucune fin. La question qui nous est posée semble s'opposer frontalement au principe de non contradiction.

Ce principe aristotélicien expose que l'on ne peut dire quelque chose d'une autre et son contraire, simultanément et sous les mêmes rapports.

Analysons un instant la question : si nous disons de l'art qu'il n'est pas utile, cela signifie nécessairement qu'il est inutile.

En effet, nous ne pouvons dire de l'art à la fois qu'il n'est pas utile et qu'il est son contraire, à savoir non inutile.

Par conséquent, si nous voulons donner un sens à la question posée, et dépasser son caractère contraire au principe de non contradiction, nous devrons nous interroger plus profondément sur les concepts de non utile, et d'inutile, qui ne sont sans doute pas aussi synonymes qu'ils le semblent. Nous nous demanderons donc si la question qui nous est posée tombe sous le coup de la critique du principe de non contradiction, ou s'il existe bien une différence entre le non utile et l'inutile. I. L'art dans son acception ancienne est utile par définitions a.

L'utilité, dimension majeure des productions des arts mécaniques Nous commencerons par étudier le concept d'art en nous référant à son acception ancienne que l'on désigne aujourd'hui par le terme d'artisanat.

L'artisanat est cette activité de production d'artefacts dont la définition préexiste dans l'esprit du producteur avant leur réalisation.

En ce sens, l'artisan est celui qui détient une recette, une formule qu'un maître lui a transmis, et qu'il s'efforce d'appliquer au mieux pour faire advenir à l'être des objets qui correspondent rigoureusement à ce qu'il a appris être l'idéal de sa production.

Si c'est ainsi que nous entendons le concept d'art, nous n'aurons pas de peine à montrer qu'en art ce n'est pas la forme seule qui compte.

En effet, cette expression implique que la forme a de la valeur à l'exclusion de tout le reste : pour l'infirmer, il suffit donc de montrer qu'autre chose que la forme a de la valeur, à savoir l'utilité.

En effet, ce que nous demandons aux productions de l'artisanat, c'est de servir valablement de moyens à la réalisation de certaines fins.

Par conséquent, leur utilité compte principalement à nos yeux, et non leur incarnation dans une forme.

Pour s'en convaincre, il suffit de penser à un vase splendide qui laisserait fuir l'eau dont nous avons besoin, et à un vase de terre cuite qui la retiendrait efficacement : nous choisirions le second plutôt que le premier, si nous nous rapportons au vase comme au moyen d'atteindre une fin pratique. Dire de l'artisanat qu'il n'est pas utile et inutile est une contradiction A la lumière de ce que nous venons d'exposer, nous dirons de cette forme d'art qu'est l'artisanat que non seulement il est faux de prétendre qu'il n'est pas utile, mais également qu'il est erronée de dire qu'il est inutile.

En effet, nous venons de voir que par définition l'artisanat est une activité de production d'artefacts qui servent valablement de moyens à la réalisation des fins que nous leur attribuons.

Allant plus loin, nous pouvons même dire que l'artisanat est pénétré de part en part par le concept d'utilité, dans la mesure où c'est la fin attribuée à l'artefact qui détermine l'ensemble de ses étapes de sa production.

Nous n'avons donc pas à distinguer entre le non utile et l'inutile, dans la mesure où, en dépit de toutes les distinctions potentielles entre ces deux concepts, il est erroné de dire de l'artisanat qu'il n'est pas utile. II. Les beaux arts ne sont pas utiles, c'est-à-dire inutiles L'art, à l'inverse de l'artisanat, n'est pas utile. »

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