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Devoir et intersubjectivité ?

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« Il faut distinguer le devoir, comme obligation morale valant absolument et sans condition, susceptible d'être exigé de tout être raisonnable, et les devoirs, comme obligations sociales, liées à une charge, une profession ou un statut, qui n'ont qu'une valeur conditionnelle et ne peuvent prétendre à l'universalité. Kant fait de l'impératif catégorique de la moralité l'énoncé de notre devoir en tant qu'êtres raisonnables.

Le devoir est un commandement religieux. 1.

L'éthique de la discussion La prise de conscience de ses devoirs ne prend cependant pas nécessairement la forme d'un ordre indiscutable ou d'une accusation.

L'homme conscient de ses devoirs est également capable de devenir un sujet éthique, grâce à un dialogue ou une discussion rationnelle définissant la possibilité d'une vie en commun.

A insi le philosophe contemporain Jürgen Habermas, poursuivant la réflexion de Kant, a élaboré une « éthique du discours », permettant d'envisager une communauté des sujets raisonnables grâce à la communication (cf.

Habermas, De l'éthique de la discussion). C ependant, on peut penser- comme l'exprime aujourd'hui Habermas avec la notion d'une éthique de la discussion - que la protection des droits individuels n'est possible qu'au sein d'un régime qui accepte la légitimité d'un débat public, luttes politiques et libertés civiles formant les deux aspects indissociables d'un processus démocratique réel.

La morale sert de légitimation à la politique qui met en oeuvre les conditions de la morale.

Oublier un des deux pôles, c'est couper la liberté d'une de ses assises.

Au philosophe allemand Jurgen Habermas (1929) revient le soin de traduire ces soucis dans les termes d'une démocratie vivante.

Le concept d'espace public, grâce auquel il tente de penser l'érosion continue de la politique moderne, devient vite déterminant.

Si l'on entend par espace public l'ensemble des relations au coeur desquelles s'accomplit, de façon vivante, une parole politique (et non les lieux publics), on aura sans doute compris que l'État démocratique moderne souffre de le voir colonisé par les médias et les autres instances de confiscation de la parole (ou d'imprégnation de modèles figés).

Les citoyens se détournent de l'espace public parce qu'ils ne peuvent plus y être entendus, à défaut de le vivifier euxmêmes. Malgré tout, ils disposent, par le langage, d'une puissance immanente de lien (il existe un lien incontournable entre des hommes qui ne sont pas des monades séparées), d'une puissance d'intersubjectivité, qu'il convient de faire valoir (on parle et on vit ensemble).

La neutralisation de l'espace public dans la dispersion et la fluidité, l'espace du journal ou de la télévision, de la place publique, voués à la seule coprésence et au côtoiement, les barrières mises à la proximité, l'opposition du quotidien et du spectaculaire, suspendent un échange appropriable par les citoyens (L'Espace public, 1962). Sur le modèle du langage, de l'intersubjectivité, la parole peut être à nouveau vivifiée dans un espace public décolonisé.

Il en découlerait que l'attention à autrui y trouverait de nouvelles exigences exercées contre la désaffection par les citoyens des affaires publiques, que les hommes politiques se verraient soumis à des contrôles (obligés de convaincre, et non de persuader, toucher ou se faire voir/donner à voir dans les médias). En définitive, la philosophie politique se charge à nouveau de l'horizon du droit : la question n'est plus de savoir ce qu'est la vie bonne, ni comment transformer le monde, mais de savoir à quelles conditions une norme peut passer pour valide, aux yeux de tous ? Habermas veut ainsi rétablir le point de vue du « nous », de l'unité sociale, à partir d'un accord normatif et non d'un impératif coercitif.

Il dénomme cet accord « communication », parce qu'il repose sur et engendre du « commun » (Théorie de l'agir communicationnel, 1981). A u philosophe allemand Jurgen Habermas (1929) revient le soin de traduire ces soucis dans les termes d'une démocratie vivante.

Le concept d'espace public, grâce auquel il tente de penser l'érosion continue de la politique moderne, devient vite déterminant.

Si l'on entend par espace public l'ensemble des relations au coeur desquelles s'accomplit, de façon vivante, une parole politique (et non les lieux publics), on aura sans doute compris que l'État démocratique moderne souffre de le voir colonisé par les médias et les autres instances de confiscation de la parole (ou d'imprégnation de modèles figés). Les citoyens se détournent de l'espace public parce qu'ils ne peuvent plus y être entendus, à défaut de le vivifier eux-mêmes. Malgré tout, ils disposent, par le langage, d'une puissance immanente de lien (il existe un lien incontournable entre des hommes qui ne sont pas des monades séparées), d'une puissance d'intersubjectivité, qu'il convient de faire valoir (on parle et on vit ensemble).

La neutralisation de l'espace public dans la dispersion et la fluidité, l'espace du journal ou de la télévision, de la place publique, voués à la seule coprésence et au côtoiement, les barrières mises à la proximité, l'opposition du quotidien et du spectaculaire, suspendent un échange appropriable par les citoyens (L'Espace public, 1962). Sur le modèle du langage, de l'intersubjectivité, la parole peut être à nouveau vivifiée dans un espace public décolonisé.

Il en découlerait que l'attention à autrui y trouverait de nouvelles exigences exercées contre la désaffection par les citoyens des affaires publiques, que les hommes politiques se verraient soumis à des contrôles (obligés de convaincre, et non de persuader, toucher ou se faire voir/donner à voir dans les médias). En définitive, la philosophie politique se charge à nouveau de l'horizon du droit : la question n'est plus de savoir ce qu'est la vie bonne, ni comment transformer le monde, mais de savoir à quelles conditions une norme peut passer pour valide, aux yeux de tous ? Habermas veut ainsi rétablir le point de vue du « nous », de l'unité sociale, à partir d'un accord normatif et non d'un impératif coercitif.

Il dénomme cet accord « communication », parce qu'il repose sur et engendre du « commun » (Théorie de l'agir communicationnel, 1981). 2.

Le devoir et la norme La question essentielle de la morale est donc bien celle de savoir à quelles conditions une norme peut être valide.

C'est en cela que la morale doit pouvoir faire l'objet d'une argumentation rationnelle, par laquelle nous dépassons nos simples préférences individuelles, et prenons conscience de nos devoirs.

Les liens entre morale et communication montrent ainsi que le devoir n'est pas simplement un principe abstrait, mais qu'il fait l'objet d'une élaboration au sein de la communauté universelle des sujets responsables. Citations: « L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi.

» Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946. « Quand on se plaint de la méchanceté d'autrui, on oublie cette autre méchanceté plus redoutable encore, celle qu'auraient les choses s'il n'y avait pas d'autrui.

» Gilles Deleuze, Logique du sens, 1969. « V ivre ensemble et mettre en commun discussions et pensées : c'est en ce sens-là, semble-t-il, qu'on doit parler de vie en société quand il s'agit des hommes, et il n'en est pas pour eux comme pour les bestiaux où elle consiste seulement à paître dans le même lieu.

» A ristote, Éthique à Nicomaque, Ive s.

av.

J.-C . « Penserions-nous beaucoup et penserions-nous bien si nous ne pensions pas pour ainsi dire en commun avec d'autres qui nous font part de leurs pensées et auxquels nous communiquons les nôtres ? » Kant, Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée?, 1786. « Tout homme fut enveloppé d'abord dans le tissu humain, et aussitôt après dans les bras humains; il n'y a point d'expérience qui précède cette expérience de l'humain; tel est son premier monde.

» A lain, Éléments de philosophie, 1941. Quand un enfant « vient au monde », ce monde n'est pas un monde de choses, mais un monde humain, c'est-à-dire un monde qui porte déjà l'empreinte de l'homme, un monde où tout est déjà signe, symbole, message.. »

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