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Désir: manque et puissance ?

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« VOCABULAIRE: DÉSIR : Tension vers un objet que l'on se représente comme source possible de satisfaction ou de plaisir.

Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons; comme acte, c'est cette aspiration même. Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisation réfléchie de moyens en vue d'une fin.

Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que je sais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicament quand, pourtant, je ne le désire pas). Finalement, on peut dire que vouloir, c'est désirer au point d'agir effectivement pour atteindre ce qu'on désire.

Ce qu'on veut, c'est toujours ce qu'on fait, de même que ce qu'on fait, c'est toujours ce qu'on veut.

On peut finalement considérer la volonté comme une espèce de désir, c'est-à-dire comme le désir dont la satisfaction dépend de nous. Le désir ne peut être confondu avec le besoin.

Des besoins naturels comme la faim, la soif, le sommeil, ou les besoins culturels de tabac ou d'alcool, expriment des manques impérieux qu'il faut nécessairement combler.

Alors que le désir est capricieux, dit-on couramment.

Il change, augmente, diminue, passe d'un objet à l'autre, comme si jamais aucun ne pouvait le satisfaire pleinement.

Le désir semble jaillir de l'individu lui-même, par exemple celui de « faire le tour du monde ».

Le désir se situe au-delà des limites du simple besoin.

Cependant, comme le besoin, il révèle un manque. L'étymologie nous apprend que desiderare veut dire constater l'absence d'une constellation, sideris, alors que considerare indique son observation attentive.

Une constellation d'étoiles, l'inaccessible par excellence ! Mais, si tel est le cas, ne peut-on voir là l'origine du désespoir humain, de sa misère ? Pourtant, que d'oeuvres accomplies grâce au désir, qui n'auraient pas vu le jour sans lui ! Lorsqu'il diminue ou disparaît, n'est-ce pas le signe d'une perte de vitalité, d'un trouble morbide ? Si le désir ouvre l'homme sur une quête interminable, n'est-ce pas la marque d'une puissance qui lui est propre ? La diversité des désirs exprimerait alors la richesse de l'être humain. Désir et manque : souffrance et plaisir Le désir est une tendance consciente de l'âme vers un objet imaginé ou conçu, qui s'accompagne d'une souffrance liée au manque de l'objet.

Ce pathos indique la passivité du sujet affecté par l'absence ou la présence de l'objet. Une fois acquis, le manque est comblé et l'objet procure du plaisir.

Le désir dessine donc un objectif à atteindre. Ainsi, entre désir et plaisir, le rapport au temps n'est pas le même.

Le désir fait se projeter dans le futur, alors que le plaisir se vit comme sentiment présent, dû à la présence de l'objet.

Le sujet éprouve désir et plaisir (ou l'inverse, aversion et peine).

Désir, aversion, plaisir et peine sont ainsi quatre passions qui meuvent et émeuvent l'âme de diverses façons. Les désirs, illimités et insatiables Celui qui se laisse aller à suivre tous ses désirs, en est vite le jouet, car ils sont illimités et insatiables.

Les assouvir ne les éteint pas, ils renaissent, s'attachent à d'autres objets.

Excès, le désir exprime une démesure, l'ubris des Grecs.

De plus, la réalité oppose des obstacles innombrables, n'offrant que de façon limitée les conditions de leur réalisation.

Enfin, les désirs des hommes entrent en conflit et peuvent être source de violence.

Désir et plaisir ne mènent donc pas nécessairement au bonheur, loin de là... Ainsi, la question de leur maîtrise se pose, car l'anxiété et la frustration peuvent devenir le lot de l'existence.

A la force des désirs qui peuvent réduire l'homme en esclavage, il semble nécessaire d'opposer le pouvoir de la volonté éclairée par la raison. Cependant, la répression des désirs ne peut-elle pas avoir les effets inverses de ceux attendus ? Que faut-il donc entendre par maîtrise des désirs ? Désir, puissance de l'homme Certes, il y a toujours une inadéquation entre ce que fait miroiter le désir et ce qu'offre la réalité pour l'assouvir. Mais justement, le désir n'ouvre-t-il pas sur un absolu que seul l'homme peut espérer atteindre, vers lequel seul il peut tendre ? René, le héros de Chateaubriand, souffre de cette inadaptation au réel, ce mal-vivre.

Mais il y voit aussi l'expression d'une force vitale et de tous ses espoirs.

Le désir est l'affirmation même d'une existence qu'il reste à créer.

Allons plus loin : on ne peut nier le plaisir qu'il y a à désirer.

Dom Juan nous mène plus loin encore : l'objet de son désir, dans sa quête effrénée, c'est son désir même. Désiré et désirable Dès lors, une question se pose : est-ce parce qu'on désire une chose qu'elle est désirable, ou parce qu'elle est désirable qu'on la désire ? Dans toute culture, le désirable varie, selon les coutumes, les époques, les lieux, etc.

A un enfant, on présente telle ou telle chose comme désirable et bonne.

Ainsi, sa faculté de désirer est nourrie de ces choix déjà effectués par ses proches.

Cependant, plus que la concrétisation dans des objets ou des objectifs, n'estce pas la nécessité de désirer qui prime ? Le désir est l'essence de l'homme.

Et, dirigé vers tel ou tel objet, le désir le rendrait désirable. Désir et éthique. »

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