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DESCARTES: raison et chimères

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... soit que nous veillons, soit que nous dormions, nous ne nous devons jamais laisser persuader qu'à l'évidence de notre raison. Et il est à remarquer que je dis de notre raison, et non point de notre imagination ni de nos sens : comme encore que nous voyons le soleil très clairement, nous ne devons pas juger pour cela qu'il ne soit que de la grandeur que nous le voyons ; et nous pouvons bien imaginer distinctement une tête de lion entée sur le corps d'une chèvre, sans qu'il faille conclure pour cela qu'il y ait au monde une chimère. Car la raison ne nous dicte point que ce que nous voyons ou imaginons ainsi soit véritable, mais elle nous dicte bien que toutes nos idées ou notions doivent avoir quelque fondement de vérité. Car il ne serait pas possible que Dieu, qui est tout parfait et tout véritable, les eût mises en nous sans cela... DESCARTES

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soit que nous veillons, soit que nous dormions, nous ne nous devons jamais laisser persuader qu'à l'évidence de notre raison. Et il est à remarquer que je dis de notre raison, et non point de notre imagination ni de nos sens : comme encore que nous voyons le soleil très clairement, nous ne devons pas juger pour cela qu'il ne soit que de la grandeur que nous le voyons ; et nous pouvons bien imaginer distinctement une tête de lion entée sur le corps d'une chèvre, sans qu'il faille conclure pour cela qu'il y ait au monde une chimère. Car la raison ne nous dicte point que ce que nous voyons ou imaginons ainsi soit véritable, mais elle nous dicte bien que toutes nos idées ou notions doivent avoir quelque fondement de vérité. Car il ne serait pas possible que Dieu, qui est tout parfait et tout véritable, les eût mises en nous sans cela...

" DESCARTES • Rien ne nous garantit l'existence de la matière Du cogito (je pense donc je suis), Descartes s'élève à Dieu (Dieu existe car j'existe moi qui ai une idée de Dieu dont seul Dieu peut être l'origine).

De là, Descartes peut redescendre au monde. C'est par les sens que nous percevons les corps.

Ceux-ci nous apparaissent sous des formes changeantes donc fausses.

Il n'y correspond rien d'identique hors de nous.

De plus, il ne suffit pas que nous ayons des sensations (sens) pour conclure à l'existence des corps (Qui sait si la vie tout entière n'est pas un songe ?).

Dans l'idée de corps, la raison ne trouve que l'étendue et le mouvement, notions claires et distinctes.

De l'idée d'étendue à l'existence de l'étendue, le cogito ne permet pas le passage, pas plus que de l'idée de triangle (raison) à l'existence d'un triangle ou encore de l'image d'une chimère (imagination) à sa réalité. • Sinon l'infinie perfection de Dieu Mais après la découverte que Dieu existe et qu'il est parfait, le passage est possible.

Si Dieu avait mis en nous une idée claire et distincte dont la définition fut contradictoire avec la réalité, il serait trompeur et donc imparfait. Qu'il n'y ait pas de triangle dans la nature puisque la définition du triangle ne contient pas l'existence d'un triangle, soit. Mais l'idée de corps contient, dans sa définition, l'existence d'une matière étendue hors de nous.

Donc la véracité divine, l'infinie perfection de Dieu garantissent l'existence du monde extérieur.

Par l'intermédiaire de Dieu, nous pouvons conclure à la réalité du monde extérieur.

La matière, dont l'existence demeurait douteuse au stade de la représentation, se trouve ainsi garantie par la véracité divine, même si le monde extérieur n'est pas tel que je le perçois (les sens sont trompeurs). J'avais conscience de penser et aussi de percevoir ; je savais que je pense, et aussi que je perçois des couleurs, des formes...

Pour ma pensée ou mon esprit, ma connaissance était certaine (Je peux douter de tout mais je ne peux pas douter de l'existence de ma pensée qui est la condition inhérente à l'acte même de douter) ; pour ces perceptions, rien ne m'assurait qu'elles correspondaient à une réalité extérieure ; elles pouvaient être vraies ou fausses.

L'esprit ou l'âme est plus aisé à connaître que le corps.

Le monde extérieur n'existe-t-il donc pas ? Non, puisque Dieu a mis en nous une forte inclination à croire que les choses existent.

Notre faculté de sentir ne peut pas être une supercherie, car Dieu nous aurait trompés, ce qui en ferait un Dieu malin et donc un faux Dieu.

Nos perceptions nous représentent donc une réalité.

Ainsi l'idéalisme initial du système cartésien n'exclut pas le réalisme du monde. • Une difficulté : le dualisme âme/corps Tels qu'ils se présentent à nous, ces corps sont revêtus de qualités passagères, variables selon l'humeur du sujet, les hasards de la lumière ou d'une position.

Le bleu ou le rouge, le doux ou l'amer ne sont pas dans les choses mais dans les sens.

Dépouillés de cette vêture artificielle, que sont les corps ? Des particules simples, accessibles par l'analyse, dont l'agitation, en changeant les rapports, transforme la qualité.

Une certaine quantité de matière donc remplissant un espace pendant un temps déterminé.

C'est donc l'étendue qui est l'essence de la matière. Reste une difficulté : le dualisme cartésien.

D'un côté l'âme immatérielle (ou l'esprit) dont toute l'essence est la pensée ; de l'autre, le corps matériel dont toute l'essence est l'étendue.

Comment l'âme qui est immatérielle peut-elle mouvoir le corps qui est matériel ? Comment le corps qui est immatériel peut-il affecter l'âme qui est immatérielle ? Descartes émet une hypothèse absurde : il loge l'âme dans la glande pinéale, partie du cerveau qui réaliserait l'union de l'âme et du corps.

C'est pour résoudre ce problème que Berkeley affirmera que seul l'esprit existe.

Il n'y a pour le sujet pensant d'autre réalité que lui-même.. »

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