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DESCARTES

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L'indifférence me semble signifier proprement l'état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'elle n'est pas poussée d'un côté plutôt que de l'autre par la perception du vrai ou du bien ; et c'est en ce sens que je l'ai prise lorsque j'ai écrit que le plus bas degré de la liberté est celui où nous nous déterminons aux choses pour lesquelles nous sommes indifférents. Mais peut-être d'autres entendent-ils par indifférence la faculté positive de se déterminer pour l'un ou l'autre de deux contraires, c'est-à-dire de poursuivre ou de fuir, d'affirmer ou de nier. Cette faculté positive, je n'ai pas nié qu'elle fût dans la volonté. Bien plus, j'estime qu'elle s'y trouve, non seulement dans ces actes où elle n'est poussée par aucune raison évidente d'un côté plutôt que de l'autre, mais aussi dans tous les autres ; à tel point que, lorsqu'une raison très évidente nous porte d'un côté, bien que, moralement parlant, nous ne puissions guère choisir le parti contraire, absolument parlant, néanmoins, nous le pouvons. Car il nous est toujours possible de nous retenir de poursuivre un bien clairement connu ou d'admettre une vérité évidente, pourvu que nous pensions que c'est un bien d'affirmer par là notre libre arbitre. DESCARTES

« « L'indifférence me semble signifier proprement l'état dans lequel se trouve la volonté lorsqu'elle n'est pas poussée d'un côté plutôt que de l'autre par la perception du vrai ou du bien ; et c'est en ce sens que je l'ai prise lorsque j'ai écrit que le plus bas degré de la liberté est celui ou nous nous déterminons aux choses pour lesquelles nous sommes indifférents./ Mais peut-être d'autres entendent-ils par indifférence la faculté positive de se déterminer pour l'un ou l'autre de deux contraires, c'est-à-dire de poursuivre ou de fuir, d'affirmer ou de nier.

C ette faculté positive, je n'ai pas nié qu'elle fût dans la volonté.

Bien plus, j'estime qu'elle s'y trouve, non seulement dans ces actes où elle n'est poussée par aucune raison évidente d'un côté plutôt que de l'autre, mais aussi dans tous les autres /; à tel point que, lorsqu'une raison très évidente nous porte d'un côté, bien que, moralement parlant, nous ne puissions guère choisir le parti contraire, absolument parlant, néanmoins, nous le pouvons.

Car il nous est toujours possible de nous retenir de poursuivre un bien clairement connu ou d'admettre une vérité évidente, pourvu que nous pensions que c'est un bien d'affirmer par là notre libre arbitre.

» DESC A RTES, Lettre à Mesland du 9 février 1645. INTRODUCTION Le thème de ce texte est la liberté d’indifférence.

C ette expression fait difficulté dans la mesure où l’indifférence serait cet état où nous ne sommes déterminés par rien.

Cette absence de détermination serait la liberté d’indifférence.

Or loin d’être la condition suprême de notre autonomie elle est bien plutôt la source de notre indétermination.

Descartes ne contredit pas cette acception de la liberté d’indifférence, qui la rapproche de l’absence de détermination, mais il introduit un deuxième sens censé réhabiliter la liberté d’indifférence ; celle-ci se trouve alors élevée au rang de « faculté positive ».

L’indifférence dans ce deuxième sens n’exprime pas l’absence d’influence extérieure, de raisons, mais la possibilité pour l’homme de se déterminer par lui-même.

Le problème consiste alors à expliquer comment la liberté d’indifférence peut être à la fois comprise comme absence de détermination et comme faculté d’autodétermination. PLAN DETAILLE Première partie : Le plus bas degré de la liberté. 1.1 Indifférence d’équilibre. Le premier sens de l’indifférence la comprend comme absence de détermination.

Il n’y a aucune raison qui motive l’homme agir, il se trouve alors dans un état d’équilibre ; autrement dit il n’est pas influencé de l’extérieur à choisir un parti plutôt qu’un autre.

En ce sens l’indifférence est liée à la liberté en tant qu’elles expriment toutes les deux l’absence de contrainte.

« La perception du vrai ou du bien » fait référence au rôle de l’entendement pour la volonté.

L’entendement est censé éclairer la volonté, la guider dans ses choix en lui montrant la voie à suivre.

Dans le cas de l’indifférence il y a défaillance de l’entendement, ou ignorance du but à choisir.

L’hésitation de la volonté s’explique alors par la limitation de l’entendement humain. 1.2 La proportionnalité au sein de la liberté. Descartes a identifié la liberté d’indifférence au plus bas degré de liberté dans les Méditations métaphysiques, et plus précisément dans la quatrième méditation.

Il tendait à démontrer alors, son ouvrage précède cette lettre à Mesland de quatre années, que nous étions d’autant plus libres que nous étions plus déterminés.

La liberté était proportionnelle à notre détermination.

L’indifférence comprise comme absence de détermination, se trouve au bas de l’échelle. En ce sens loin d’être le caractère essentiel de la liberté, l’indifférence en est bien plutôt l’état le plus faible.

La liberté entendue comme puissance de se déterminer à agir de telle ou telle façon est irréductible à l’indifférence. Transition : Le premier sens de l’indifférence, que nous pouvons appeler indifférence négative, peut être identifiée à l’état d’hésitation ou d’équilibre d’un individu quand à celui-ci manquent des raisons d’agir.

C ependant cette acception est-elle le seul sens de l’indifférence ? Deuxième partie : L’indifférence, une faculté positive ? 2.1 Un nouveau sens de l’indifférence. La deuxième acception de l’indifférence « la faculté positive de se déterminer pour l’un ou l’autre des deux contraires, c’est-à-dire de poursuivre ou de fuir, d’affirmer ou de nier » se trouve déjà dans la quatrième Méditation à l’endroit de la définition de la liberté ce qui atteste le rapprochement entre la liberté et l’indifférence.

C ette deuxième acception comporte deux caractéristiques la faculté de juger « affirmer ou nier » et la faculté de désirer « poursuivre ou fuir ». L’indifférence peut être dite positive en tant qu’il est question non pas d’absence de détermination, mais de pouvoir de choisir entre des contraires. 2.2 La liberté est-elle inséparable de cette indifférence positive ? Il s’avère que cette indifférence positive est inhérente à la liberté.

Descartes ne distingue pas la liberté de la volonté.

C’est pourquoi il est question de volonté dans le texte.

L’individu se trouve avoir le pouvoir de choisir entre des contraires dans tous les cas allant de la plus grande obscurité à la plus grande évidence. Transition : L’indifférence positive ou le pouvoir de choisir des contraires, pose le problème du refus de l’évidence.

Q u’est-ce qui motive la liberté à refuser ce que lui dicte l’entendement ? Troisième partie : La disjonction entre l’entendement et la volonté. 3.1 La clarté de l’entendement ne suffit pas pour déterminer la volonté. L’entendement pourrait être le seul guide de la volonté et être la seule origine de sa détermination.

Or la volonté peut ne pas suivre l’évidence.

Son pouvoir inconditionné de choix s’exprime par la possibilité qui lui revient de suivre le pire tout en connaissant le meilleur.

Pourquoi l’homme choisirait-il de ne pas suivre l’évidence ? Est-ce la simple transgression de ce que lui dicte l’entendement qui tente l’homme ? 3.2 Le Bien dans la manifestation de notre liberté. L’indifférence positive est le pouvoir de choix.

Ce pouvoir est le signe que la faculté de se déterminer acquiert de l’indépendance par rapport à l’entendement. L’individu ne refuse pas l’évidence pour le mal mais pour un autre bien résidant dans l’expression de sa puissante liberté.

Le pouvoir de choix persiste même face à l’évidence. CONCLUSION La liberté d’indifférence est le plus souvent décriée.

Descartes lui-même dans les Méditations métaphysiques et encore ici dans cette Lettre à Mesland la réduit au plus bas degré de la liberté.

M ais elle n’est pas que cela, elle s’avère irréductible à l’indifférence négative, l’état d’équilibre, dont il est question au début du texte.

Elle trouve sous la plume cartésienne une réhabilitation à travers la caractérisation de l’indifférence positive; celle-ci suppose la redéfinition d’une liberté inséparable d’un pouvoir inconditionné de choix.. »

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