Aide en Philo

DESCARTES

Extrait du document

(...) Il me semble que la différence qui est entre les plus grandes âmes et celles qui sont basses et vulgaires, consiste principalement, en ce que les âmes vulgaires se laissent aller à leurs passions, et ne sont heureuses ou malheureuses que selon que les choses qui leur surviennent sont agréables ou déplaisantes; au lieu que les autres ont des raisonnements si forts et si puissants que, bien qu'elles aient aussi des passions, et même souvent de plus violentes que celles du commun, leur raison demeure néanmoins toujours la maîtresse, et fait que les affections mêmes leur servent, et contribuent à la parfaite félicité dont elles jouissent dès cette vie. (...) Ainsi, ressentant de la douleur en leur corps, elles s'exercent à la supporter patiemment, et cette épreuve qu'elles font de leur force, leur est agréable, ainsi voyant leurs amis en quelque grande affliction, elles compatissent à leur mal, et font tout leur possible pour les en délivrer, et ne craignent pas même de s'exposer à la mort pour ce sujet, s'il en est besoin. Mais, cependant, le témoignage que leur donne leur conscience, de ce qu'elles s'acquittent en cela de leur devoir, et font une action louable et vertueuse, les rend plus heureuses, que toute la tristesse, que leur donne la compassion, ne les afflige. Et enfin, comme les plus grandes prospérités de la fortune ne les enivrent jamais, et ne les rendent point plus insolentes, aussi les plus grandes adversités ne les peuvent abattre ni rendre si tristes, que le corps, auquel elles sont jointes, en devienne malade. DESCARTES

« (...) Il me semble que la différence qui est entre les plus grandes âmes et celles qui sont basses et vulgaires, consiste principalement, en ce que les âmes vulgaires se laissent aller à leurs passions, et ne sont heureuses ou malheureuses que selon que les choses qui leur surviennent sont agréables ou déplaisantes; au lieu que les autres ont des raisonnements si forts et si puissants que, bien qu'elles aient aussi des passions, et même souvent de plus violentes que celles du commun, leur raison demeure néanmoins toujours la maîtresse, et fait que les affections mêmes leur servent, et contribuent à la parfaite félicité dont elles jouissent dès cette vie.

(...) Ainsi, ressentant de la douleur en leur corps, elles s'exercent à la supporter patiemment, et cette épreuve qu'elles font de leur force, leur est agréable, ainsi voyant leurs amis en quelque grande affliction, elles compatissent à leur mal, et font tout leur possible pour les en délivrer, et ne craignent pas même de s'exposer à la mort pour ce sujet, s'il en est besoin.

Mais, cependant, le témoignage que leur donne leur conscience, de ce qu'elles s'acquittent en cela de leur devoir, et font une action louable et vertueuse, les rend plus heureuses, que toute la tristesse, que leur donne la compassion, ne les afflige.

Et enfin, comme les plus grandes prospérités de la fortune ne les enivrent jamais, et ne les rendent point plus insolentes, aussi les plus grandes adversités ne les peuvent abattre ni rendre si tristes, que le corps, auquel elles sont jointes, en devienne malade. QUESTIONNEMENT INDICATIF • Que signifie « passion » ici ? • Le problème est-il, pour Descartes, d'avoir de faibles « passions » ou de fortes et violentes « passions » ? • Que signifie « fortune » dans ce texte ? • Les « grandes âmes » dédaignent-elles de « se rendre la fortune favorable en cette vie » ? • Sens et valeur de la métaphore « des comédies » ? • Sur quoi repose la force et la grandeur « des grandes âmes » ? • Comment penser que « les plus grandes âmes » jouissent d'une parfaite félicité dès cette vie » ? Que signifie félicité ? Thèse et argumentation de Descartes: La première moitié du texte est occupée par l'exposé de "la différence qui est entre les plus grandes âmes et celles qui sont basses et vulgaires". On peut noter d'emblée que l'enjeu de cette opposition n'est pas pure opposition entre raison et passion au sens où les âmes basses ne connaîtraient que les passions et les âmes élevées que la raison.

Aucune communication ne serait alors possible ni aucune conversion de l'âme.

Les âmes nobles connaissent au contraire l'épreuve des passions et même "de plus violentes que celles du commun".

Précision qui peut s'expliquer par le fait que les âmes élevées ont une conscience plus aigues et de leurs idées et de leurs sentiments. Descartes affirme que la différence joue en faveur des hommes "nobles", cad qui savent bien conduire leur raison. Ils savent en effet demeurer constants quelles que soient les circonstances extérieures, alors que ce qui rend une âme "basse et vulgaire" c'est le fait de ne pas se gouverner elle-même et de se laisser au contraire ballotter au gré des circonstances.

La conscience vulgaire est la conscience versatile, dont l'âme prend le parti du moment présent. Comment le sage peut-il alors demeurer constant à travers les caprices de la fortunes ? C'est qu'il est capable de "raisonnements forts et puissants".

Cette affirmation ne désigne pas une intelligence supérieure: il serait peu plausible de dire que le bonheur et la sérénité sont réservés à une élite.

Il s'agit d'une force de caractère contre les vents et marées des sentiments et des passions. Descartes précise alors ce qui fait la force du sage.

Il ne s'agit pas d'une "méthode coué" consistant à se répéter qu'au fond tout va bien; mais une considération métaphysique de la distinction entre âme et corps. La "parfaite félicité" est le bonheur non pas seulement théorique, contemplatif mais un bonheur pratique tourné vers l'action.

C'est ce que tend à montrer l'analogie du théâtre.

Descartes s'inspire du stoïcisme: agir comme si tout dépendait de nous se laisser affecter par les revers de fortune.

L'autre principe fidèle au stoïcisme exige un détachement aux choses qui ne dépendent pas de nous.

Descartes ne recommande l'attitude du spectateur qu'en ce qui concerne ce qui ne dépend pas de nous, ce qui nous arrive dans que nous puissions le changer. Pour étayer ce commentaire Changer mes désirs plutôt que l’ordre du monde (Descartes). Dans la troisième partie du « Discours de la méthode », Descartes affirme qu’une de ses règles d’action est « de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles