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De tout ce que je suis ou de ce que je possède que puis-je considérer comme véritablement moi ?

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Le sujet nous convoque d'emblée à une réflexion sur deux notions, à savoir « être » et « avoir ». Le rapprochement de ces deux notions nous force à reconnaître que toutes deux semblent participer pleinement à la construction de chaque individu. Mais dans quelle mesure ces deux notions déterminent-elles l'identité de chacun ?Aussi, le caractère de la question soulève plusieurs difficultés car il faut chercher dans ces deux thèmes (l'être et l'avoir), tout ce qui peut se rapporter au moi, ce qui le définit en tant qu'individu. Ainsi, peut-on dire que nous sommes ce que nous possédons et que notre être définit notre identité ? Et si nous nous définissons par nos possessions, est-ce que cela ne revient-il pas à dire que nous ne sommes rien, puisque nous avons besoin d'avoir pour être ? Est-ce que ce que je suis permet avec certitude de me définir en tant qu'individu ? Ce que je suis n'est-il pas interchangeable ? Par conséquent, qu'est-ce qui fait ma singularité ? Comment puis-je affirmer que je suis moi et pas un autre ?   

« Demande d'échange de corrigé de Barrau Pauline ([email protected]). Sujet déposé : De tout ce que je suis ou de ce que je possède que puis-je considérer comme véritablement moi ? Le sujet nous convoque d'emblée à une réflexion sur deux notions, à savoir « être » et « avoir ».

Le rapprochement de ces deux notions nous force à reconnaître que toutes deux semblent participer pleinement à la construction de chaque individu.

Mais dans quelle mesure ces deux notions déterminent-elles l'identité de chacun ?Aussi, le caractère de la question soulève plusieurs difficultés car il faut chercher dans ces deux thèmes (l'être et l'avoir), tout ce qui peut se rapporter au moi, ce qui le définit en tant qu'individu.

Ainsi, peut-on dire que nous sommes ce que nous possédons et que notre être définit notre identité ? Et si nous nous définissons par nos possessions, est-ce que cela ne revient-il pas à dire que nous ne sommes rien, puisque nous avons besoin d'avoir pour être ? Est-ce que ce que je suis permet avec certitude de me définir en tant qu'individu ? Ce que je suis n'est-il pas interchangeable ? Par conséquent, qu'est-ce qui fait ma singularité ? Comment puis-je affirmer que je suis moi et pas un autre ? A première vue, l'individu se définit par ce qu'il possède, et par ce qu'il est.D'une part, ce que je suis est souvent tenté de se définir par ce que j'ai.

D'ailleurs, ce que je suis et ce que j'ai, est souvent difficile à distinguer.

Au niveau grammatical, cette ambiguïté est réelle : « J'ai les cheveux bruns » se confond avec « je suis brun ».

Elle s'applique même au corps entier : ai-je un corps ou suis-je ce corps ? En outre, nous avons dans l'esprit que les objets que nous possédons nous représentent : étant marié, je me dois de porter une alliance ; si je suis un grand lecteur, je me dois de posséder une bibliothèque bien remplie.

La plupart des objets que nous avons en notre possession nous définissent.

Notre façon de nous habiller témoigne en général de notre personnalité.

De plus, les biens en notre possession s'imprègnent de nous, de nos souvenirs, de ce que nous leur associons comme sentiments.

Mon journal intime est par exemple le reflet de moi-même.D'autre part, il semble évident que ce que je suis me définit.

Je suis tout d'abord un être pensant (« Je pense, donc je suis » Descartes) et de mon moi profond proviennent mes idées, mes opinions, mes sentiments.

Je suis un caractère, et une personnalité : je peux être lunatique, mélancolique, sensible.

Je suis l'objet d'une expérience incontestable.

Je suis également le support d'une action : mes actes témoignent de ce que je suis.

Je suis une identité sociale : un nom, un prénom, un homme, une femme, un enfant, un père ou une mère de famille, une profession…), mais aussi culturelle.

Je suis un espagnol ayant des coutumes qui restent différentes de celles d'un français.

Je suis aussi une identité historique. Ainsi, il semble que mon identité soit déterminée par ce que je possède et ce que je suis.Néanmoins, mon identité repose-t-elle véritablement sur mes possessions ? Si cela est le cas, cela suppose que je ne sois pas d'abord pour ensuite exprimer ce que je suis à travers ce que je possède, et que mon être ne peut se définir uniquement que par ce que je possède.

De plus, ce que je suis peut ne pas me définir véritablement, car ce que je suis ne peut-il pas évoluer, changer, ou être influencé ? Rien de ce que je possède n'est véritablement moi.

D'ailleurs ce que je suis est interchangeable.

Celui qui pense être ce qu'il possède court toujours le risque de tout perdre, puisque l'avoir n'est en aucun cas quelque chose de fixe, de pérenne.

Les objets ne sont pas éternels : une catastrophe naturelle, la ruine, un entourage malhonnête, un événement, peuvent nous ôter tout ce que nous possédions du jour au lendemain.

Nous-mêmes ne sommes pas éternels.

Je peux mourir à tout instant et perdre tout ce que je possédais auparavant.

Ainsi, dire que nous sommes ce que nous possédons revient à dire que nous ne sommes rien et c'est risquer de se perdre et de passer à côté de soi.Par ailleurs, ce que je suis est sans cesse remis en question.

Certes, si je suis un nom sur une carte d'identité, il m'est possible de le changer administrativement et de rester tout de même la même personne physique et de caractère.

Je suis ainsi ce que je parais être : je renvoie aux autre une image qu'ils interprètent.

La société me précède et m'éduque.

Les autres me définissent.

Je construis l'image que je désire avoir de moi-même, ou que les autres souhaitent avoir de moi.

Je joue un rôle et j'invente la façon d'incarner ce rôle.

En outre, mes opinions et mes idées, bien qu'elles soient le fruit de ma propre réflexion, peuvent aussi être le produit de mon éducation, de mon environnement, de ma culture.

Elles peuvent être influencées par la société dans laquelle je vis.

Elles ne m'appartiennent donc pas véritablement, et ne me définissent pas par conséquent.

Ne pouvant me diriger librement, on peut dire de moi que je suis « aliéné ».

De plus, mes paroles et mes actes ne me définissent pas vraiment, car ils peuvent provenir de mon inconscient.

Je ne suis jamais sûr qu'ils soient libérés de tout intérêt, de toute motivation secrète et inconsciente.

Enfin, ce que je suis à un moment donné ne me définit pas de manière pérenne.

Je suis en évolution constante. S'il est vrai que nous ne sommes pas ce que nous possédons, et que notre être ne peut pas définir notre identité, alors quels critères sont valables pour déterminer ce qui est véritablement moi ? Qu'est-ce qui me caractérise en tant qu'individu unique ? Quel est donc le propre de l'homme ? Ce qui est véritablement moi est ce qui me distingue.

Ce qui définit chaque individu est ce qui le caractérise en tant qu'homme unique.

Le sujet humain est un être doué de raison et de conscience.

Il se caractérise par ses capacités à penser une distinction entre soi et ce qui n'est pas soi, entre ce qui lui arrive et le monde extérieur.

Mon appartenance à une société ne me prive pas d'une part active dans la construction de ce que je suis.

L'originalité du sujet social est liée à la quantité de modèles sociaux disponibles, mais encore à sa capacité à affirmer sa différence vis-à-vis des autres.

Personne ne peut faire mes choix à ma place, personne ne peut accéder à la personne que je suis et que plus tard je serai.

Mon identité est à ma charge et est à moi, pour moi, et en moi.

Ce que je possède, c'est moi-même.

Ont dit d'ailleurs à ce sujet « être en pleine possession de ses facultés, de ses idées ».

Celui que je suis et que je deviens est le résultat d'un choix dont j'ai pleinement l'initiative.

L'essence même de l'homme est ainsi la liberté : la nature a fait l'homme en ce sens, l'homme se construit lui-même. Ainsi, si l'on pouvait croire initialement que l'être et l'avoir nous définissaient, l'analyse de ces deux notions a pu montrer que rien dans ce que nous possédons et de ce que nous sommes n'est véritablement à l'origine de notre identité.

En effet, si ce que nous possédions nous définissait, cela reviendrait à dire que nous n'étions rien au départ, car nous avions besoin d'avoir pour être.

De plus, s'il était évident à première vue qu'un individu se définisse par ce qu'il est, il apparaît que ce que je suis est interchangeable et que je ne peux donc pas le considérer comme véritablement moi.

Il est ainsi légitime d'affirmer que ce qui constitue l'identité de chacun est ce qui le distingue des autres.

Cette identité est à la charge de chacun, pour chacun, et en chacun.

Cependant, la question essentielle est de savoir si le « moi » est bien une chose distincte dont nous avons conscience : a-t-on conscience du « soi » ? \Sujet désiré en échange :Alain Qu'est-ce qu'un inconscient ? C'est un homme qui ne se pose pas de question.

Celui qui agit avec vitesse et sûreté ne se pose pas de question ; il n'en a pas le temps.

Celui qui suit son désir ou son impulsion sans s'examiner soi-même n'a point non plus occasion de parler, comme Ulysse, à son propre coeur, ni de dire Moi, ni de penser Moi.

En sorte que, faute d'examen moral, il manque aussi de cet examen contemplatif qui fait qu'on dit : « Je sais ce que je sais ; je sais ce que je désire ; je sais ce que je veux.

» Pour prendre conscience, il faut se diviser soi-même.

Ce que les passionnés, dans le paroxysme, ne font jamais ; ils sont tout entiers à ce qu'ils font ou à ce qu'ils disent ; et par là ils ne sont point du tout pour eux-mêmes.

Cet état est rare.

Autant qu'il reste de bon sens en un homme, il reste des éclairs de penser à ce qu'il dit ou à ce qu'il fait ; c'est se méfier de soi ; c'est guetter de soi l'erreur ou la faute.

Peser, penser, c'est le même mot ; ne le ferait-on qu'un petit moment, c'est cette chaîne de points clairs qui fait encore le souvenir.

Qui s'emporte sans scrupule aucun, sans hésitation aucune, sans jugement aucun ne sait plus ce qu'il fait, et ne saura jamais ce qu'il a fait.

Alain. »

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