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De l'inconscience au conscient y a t il continuité ou rupture ?

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« Analyse du sujet : - - - Il semble intuitivement évident de considérer qu'il y a rupture de l'inconscience au conscient, car si l'on comprend l'inconscience comme l'absence de conscience, il n'y a pas lieu de tracer une continuité de l'une à l'autre. Toutefois, le simple fait que l'on puisse passer de l'inconscience à la conscience et inversement nous invite à suggérer qu'il y a bien un lien entre l'une et l'autre. Si l'on ne pense pas le problème ainsi, il faut accepter l'idée que quelque chose nous transfère de la conscience à l'inconscience, que quelque chose nous permette de faire le saut de l'une à l'autre, hypothèse qui semble délicate à soutenir. Il faut se rappeler que Freud a renouvelé la conception que nous avions de l'inconscient, puisqu'il en a fait une instance autonome, capable de désirs et soumis à certaines lois. Des suites de l'influence de Freud, il est communément accepté que l'inconscient dirige un grand nombre de nos actions conscientes et que celles-ci ne seraient que l'aboutissement du processus inconscient. Tout le problème consiste alors à savoir à quel point le passage de l'inconscient au niveau conscient implique des modifications. Si la conscience ne fait que continuer l'opération initiée inconsciemment, alors il y aurait continuité, mais si elle en modifie radicalement la consistance, on peut alors considérer qu'il y a rupture. Problématisation : Il apparaît évident que le fait de plonger dans l'inconscience nous ramène à un état totalement différent de celui dans lequel nous sommes quand nous sommes conscients.

Toutefois, il est peu probable que nous soyons expédiés dans un autre monde à l'occasion d'un coma ou d'une simple sieste.

Aussi, nous pouvons supposer qu'il existe bien un lien de l'inconscience au conscient.

Le problème consistera principalement pour nous à évaluer la nature de ce lien : implique-t-il un tel changement qu'il puisse s'apparenter à une rupture ? Proposition de plan : 1.

Le cogito, instance de la conscience. - - - - - - - Jusqu'à une période tardive de la philosophie, le terme d' « inconscient » ne fut quasiment pas employé.

On peut cependant considérer qu'il aurait parfois trouvé sa place et que les philosophes l'auraient peut-être utilisés s'ils l'avaient eu à disposition.

Mais alors, la définition en aurait sans doute été négative, elle n'aurait servi qu'à désigner « l'absence de conscience ». Qu'est-ce que la « conscience » ? Descartes, le représentant principal de la philosophie classique, assimilera la conscience à la rationalité ou, pour lui emprunter son vocabulaire, à l'esprit. C'est ce qu'on appelle traditionnellement le cogito, qui consiste à poser la réalité absolue de la conscience et à en déduire l'absoluité du sujet rationnel.

On la résume généralement par la formule latine « cogito ergo sum » qui signifie « je pense donc je suis.

» En effet, d'après Descartes, la conscience nous donne accès à la certitude du fait que nous existons réellement : « cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit » écrit-il dans les Méditations métaphysiques (deuxième méditation). Mais qui plus est, ce philosophe en infère que ce que je suis, c'est une chose pourvue de rationalité : « je suis une chose vraie, et vraiment existante ; mais quelle chose ? Je l'ai dit : une chose qui pense, c'est-à-dire un esprit, un entendement ou une raison » ajoute-t-il dans les Méditations métaphysiques (deuxième méditation).

Aussi la conscience véritable est-elle ramenée à la raison, et il n'y a de conscience véritable que dans un sujet pensant, un animal rationnel.

La conscience devient ainsi l'essence de l'homme. En opposition à cela, l'inconscience serait l'irrationalité.

Un « inconscient », ce serait alors quelqu'un qui se conduirait comme un animal. On saisit ainsi que dans cette perspective, le rapport de l'inconscience au conscient recoupe l'opposition des passions à la raison.

L'inconscience, comprise comme absence de conscience et donc comme absence de raison, ressemblerait bel et bien à la passion, à l'action de celui qui ne peut agir en suivant les préceptes d'une réflexion élaborée en son âme et conscience. Dans cette optique, il y a donc bien rupture et non continuité de l'inconscience au conscient, car le conscient est aussi éloigné de l'inconscience que la raison l'est des passions, ou encore l'homme de l'animal. Cette affirmation n'a cependant de sens que pour autant que l'hypothèse du cogito est vraie. Faut-il y accorder tant de crédit ? 2.

La raison n'est jamais que la suivante de cette grande raison que constitue le corps. - Nietzsche ne se privera pas de remettre en cause cette hypothèse du cogito et reprochera à Descartes d'avoir manqué de probité intellectuelle. Effectivement, ainsi que Nietzsche l'écrit : « une pensée vient quand « elle » veut, et non pas quand « je » veux ; de sorte que c'est une falsification de l'état de fait que de dire : le sujet. »

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