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De la démocratie en Amérique (tome II) de Tocqueville: démocratie et liberté

Publié le 10/01/2024

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« Texte 2 : Tocqueville Intro : Ce texte est extrait de De la démocratie en Amérique (tome II), une œuvre d'Alexis de Tocqueville, un philosophe politique français du XIX° siècle.

Dans ce texte, Tocqueville aborde le rapport entre le développement de la démocratie et la liberté (thème), permettant ainsi de traiter les notions de liberté, bonheur et politique.

Il s’interroge sur les risques qui pèsent sur la liberté dans les États démocratiques modernes.

Au premier abord, on pourrait penser que la démocratie, permettant à chaque citoyen d’être leur propre gouvernant par des représentants, semble garantir la liberté de tous.

Au contraire, selon Tocqueville, dans les sociétés démocratiques, la liberté est menacée dès que l'enrichissement des individus les conduit à privilégier l'ordre et la sécurité à la défense de leurs droits fondamentaux, voire de sacrifier les seconds pour mieux garantir les premiers. Alors, la démocratie permet-elle vraiment de protéger les libertés des citoyens, dans la mesure où elle donne à chaque citoyen la possibilité de jouir d'une égalité de droits et de devoirs civiques? Ou bien contraire, être citoyen d'une démocratie n'est pas suffisant à garantir la liberté de tous, puisque les citoyens s'en détournent au profit de leur bien-être personnel ? Pour soutenir sa thèse, de la ligne 1 à ...

Tocqueville commence par localiser le moment critique pour la sauvegarde de la liberté dans les sociétés démocratiques : c'est justement la prospérité qui est une période dangereuse ; Tocqueville nous explique pourquoi : la prospérité peut conduire les individus à se désintéresser de la défense de leur liberté, au profit de la poursuite des avantages matériels qu'ils découvrent.

Tocqueville indique alors le caractère contradictoire de cette attitude : les hommes croient poursuivre leur intérêt, et pourtant ils oublient que la liberté qu'ils négligent est le premier de leurs intérêts.

Tocqueville souligne alors, de la ligne … à … (ici deuxième paragraphe) les conséquences politiques de cette attitude, qui peut conduire, selon lui, à la dictature.

Il justifie cette affirmation en montrant que, dans une société où chacun accorde la priorité au bien-être matériel sur la liberté, les individus voient dans la liberté de chacun une menace pour leur bien-être, en oubliant que la liberté est la première condition du bien-être.

Or dans ce contexte, un dirigeant habile peut réduire progressivement les libertés individuelles, au nom de la défense de l'ordre public et de la sécurité.

Tocqueville conclut en affirmant qu'un peuple qui privilégie la sécurité à la liberté est déjà esclave intérieurement, en lui-même : mais il le deviendra bientôt extérieurement, puisqu'il pose les bases de l'émergence d'une dictature. Partie 1 : Le texte commence par l'affirmation selon laquelle il existe une phase dangereuse dans l'histoire des démocraties, une période dans laquelle la démocratie même est en péril.

Quelle est cette période, et en quoi peut-elle remettre en cause l'organisation démocratique de la société ? A.

[Reformulation] Pour Tocqueville, cette période dangereuse n'est donc pas une période de crise, de pauvreté, de récession : c'est au contraire la prospérité qui peut s'avérer dangereuse, car durant cette période les individus sont comme fascinés par des désirs d'ordre matériel, ceux qui portent sur des objets qui peuvent satisfaire le corps plutôt que l'âme. [Justification] En quoi la phase de prospérité dans une démocratie peut-elle susciter un tel « matérialisme » ? Pour Tocqueville, la notion de « démocratie » renvoie à deux processus ; le premier, qui correspond bien au sens usuel du terme, est le processus par lequel la société tend à une égalisation des droits : il y a de moins en moins de privilèges, tous les citoyens accèdent aux mêmes droits, y compris le droit de vote.

Mais chez Tocqueville, la notion de démocratie renvoie aussi à un autre processus, qui n'est plus l'égalisation des droits, mais l'égalisation des conditions : la démocratisation de la société renvoie alors au fait qu'il y a de moins en moins d'écart entre riches et pauvres, et que les pauvres accèdent de plus en plus aux biens et services anciennement réservés à l'élite sociale.

La démocratisation conduit donc une large part de la société à jouir de nouveaux biens et services qui lui étaient refusés auparavant.

Lesquels ? La prospérité dont il s'agit ici est une prospérité économique : ce à quoi accèdent les individus, ce sont donc d'abord des biens et services matériels, qui visent le confort et le bien-être, et non des biens « spirituels », comme la vertu, qui n'est en rien produite par la prospérité économique.

La démocratisation ouvre donc à des pans entiers de la population des secteurs de consommation qui leur étaient jusque là étrangers, et qu'ils découvrent avec fascination. [réf philosophique] Calliclès avec les tonneaux percés.

Ou Epicure « désirs vains » [Illustration] La démocratisation de la société française à partir du XVIII° siècle, ajoutée aux effets de la révolution industrielle, a permis à partir de la fin du XIX° siècle l'éclosion de ce que l'on appelle désormais, à la suite du philosophe français Jean Baudrillard (1970) une « société de consommation ». Les principes de cette société sont étroitement liés à la démocratie et à la prospérité, puisqu'elle repose sur le fait que tous doivent pouvoir accéder aux biens et services de la société marchande, et que ces biens et services sont en perpétuel renouvellement et perfectionnement.

Mais l'idée de consommation renvoie d'elle-même au matérialisme qui s'affirme, puisque les biens de consommation sont tous d'ordre matériel. Il s'agit pour chacun d'optimiser son bien-être, son confort, et non de progresser dans l'ordre du civisme, de la vertu ou de la sainteté… [transition] Tocqueville nous indique donc que la phase périlleuse dans l'histoire d'une démocratie est la phase de prospérité, dans la mesure où celle-ci tend à nourrir un « matérialisme », un souci exclusif du bien-être matériel chez les individus.

Mais en quoi ce matérialisme est-il dangereux pour la démocratie ? B.

[Reformulation] Pour Tocqueville, ce matérialisme est dangereux pour la démocratie en ce qu'il fait naître au sein des citoyens un individualisme qui conduit à un désengagement civique, lié à un retrait de la vie politique.

La course à la richesse et au bien-être personnel détourne les individus des activités proprement citoyennes, qu'il s'agisse de voter, de participer au maintien de l'ordre public, de participer aux délibérations publiques, etc. [Justification] En quoi le matérialisme conduit-il à l'individualisme ? Le bien-être, le confort sont toujours des biens qui n'ont de valeur que pour l'individu.

Le confort, le bien-être, le plaisir sont toujours relatifs à l'individu : un collectif ne peut pas ressentir de plaisir, seuls des individus le peuvent, car il s'agit ici de sensation.

Un collectif peut avoir des droits, il ne peut pas avoir de sensations.

Rechercher « le » plaisir et le bien-être, c'est toujours rechercher mon plaisir et mon bien-être.

Les biens matériels s'opposent ici aux biens « spirituels » qui, eux, supposent toujours que je prenne en compte l'intérêt des autres : c'est le cas de la vertu, de la moralité, de la piété, etc.

En me focalisant sur les biens matériels, je privilégie donc les désirs qui portent sur ma jouissance, sur mon intérêt : le matérialisme conduit à l'individualisme. Or l'individualisme conduit à son tour à un retrait de la vie politique et un repli sur la sphère privée.

Car ce qui donne un sens à la participation politique, c'est la prise en compte de l'intérêt général.

Ce qui fait de cette participation un devoir, c'est qu'en tant que citoyen d'une démocratie je suis responsable des lois qui sont édictées : dans une démocratie, le pouvoir politique appartient au peuple, et c'est donc à chaque citoyen qu'il appartient d'assumer sa responsabilité en contribuant à l'élaboration et à l'application des lois.

Or la sphère politique est une sphère séparée de la consommation : on ne vote pas pour une marque de shampoing (on peut voter, mais il ne s'agit en rien de politique), les débats politiques ne portent jamais sur la question de savoir si les écrans plasma sont préférables aux écrans LCD.

L'objet de la participation politique est la reconnaissance du devoir de tout citoyen de participer à la « res publica » (à la « chose publique »), et non la maximisation du bien-être personnel.

La focalisation sur le bien-être personnel conduit donc très logiquement à un retrait de la sphère politique : l'individualisme matérialiste est une force « anticivique ». On peut se demander si Tocqueville ne se trompe pas de cible.

En effet, il considère que c’est la démocratie qui conduit à une prospérité matériell,e et donc à un désintérêt de la politique.

Mais on peut se demander si ce n’est pas plutôt l’absence de démocratie qui conduit les individus à se désintéresser de la politique.

En effet, Tocqueville parle de « peuples démocratiques », mais il désigne en réalité un régime représentatif, mis en place dès la révolution française de 1789.

Le vote mentionné ici est un processus aristocratique et non démocratique.

Et c’est justement le système représentatif mis en place qui conduit les.... »

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