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David HUME: CONTEMPLATION ET BEAUTE

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Il est impossible de poursuivre dans la pratique de la contemplation de quelque genre de beauté que ce soit sans être fréquemment obligé de faire des comparaisons entre les nombreuses sortes et degrés de réussites, et d'estimer leurs proportions les unes par rapport aux autres. Un homme qui n'a point l'occasion de comparer les différents genres de beautés est bien entendu disqualifié pour émettre son opinion concernant un objet qui lui est présenté. Par la comparaison seule nous déterminons les épithètes relevant de l'éloge ou du blâme et apprenons comment en attribuer le degré approprié à chacun. Le plus indigent des barbouillages exhibe un certain lustre' de couleurs et une certaine exactitude de l'imitation qui peuvent passer pour des beautés et entraîne [...] la plus haute admiration. Les plus vulgaires ballades ne sont pas entièrement dépourvues d'harmonie ou de naturel et nul, à moins d'être familiarisé avec des beautés supérieures, ne pourrait déclarer que leurs couplets sont rudes ou leur récit inintéressant. Une beauté très inférieure fait souffrir la personne accoutumée aux plus grandes réussites du genre, et se trouve être pour cette raison qualifiée de laideur de la même façon que l'objet le plus abouti que nous connaissions est naturellement supposé avoir atteint au pinacle de la perfection et devoir recevoir les plus grands éloges. Seul celui qui est accoutumé à voir, à examiner et à soupeser les nombreuses oeuvres admirées au cours d'époques différentes et au sein de différentes nations peut estimer le mérite d'un ouvrage exposé à sa vue et lui assigner son rang approprié au sein des productions du génie. David HUME
— Nous faisons assez naturellement la différence entre les beaux garçons, ou les belles filles, et ceux ou celles qui le sont moins, ou entre les belles architectures et celles qui sont laides. — D'où nous vient cette capacité à faire la différence? Est-ce naturel ou avons-nous appris à le faire, et comment? — Réflexion de Hume dans cet extrait de De la norme du goût porte sur ce thème. — Thèse de l'auteur. — Le jugement de goût se développe-t-il uniquement grâce à des comparaisons empiriques? Comment estimer l'infériorité et la supériorité des oeuvres d'art, et faut-il être expert en goût pour cela? Le goût n'est-il pas conditionné culturellement et ne faut-il pas se méfier de l'ethnocentrisme?


« « Il est impossible de poursuivre dans la pratique de la contemplation de quelque genre de beauté que ce soit sans être fréquemment obligé de faire des comparaisons entre les nombreuses sortes et degrés de réussites, et d'estimer leurs proportions les unes par rapport aux autres.

Un homme qui n'a point l'occasion de comparer les différents genres de beautés est bien entendu disqualifié pour émettre son opinion concernant un objet qui lui est présenté.

Par la comparaison seule nous déterminons les épithètes relevant de l'éloge ou du blâme et apprenons comment en attribuer le degré approprié à chacun.

Le plus indigent des barbouillages exhibe un certain lustre' de couleurs et une certaine exactitude de l'imitation qui peuvent passer pour des beautés et entraîne [...] la plus haute admiration.

Les plus vulgaires ballades ne sont pas entièrement dépourvues d'harmonie ou de naturel et nul, à moins d'être familiarisé avec des beautés supérieures, ne pourrait déclarer que leurs couplets sont rudes ou leur récit inintéressant.

Une beauté très inférieure fait souffrir la personne accoutumée aux plus grandes réussites du genre, et se trouve être pour cette raison qualifiée de laideur de la même façon que l'objet le plus abouti que nous connaissions est naturellement supposé avoir atteint au pinacle de la perfection et devoir recevoir les plus grands éloges.

Seul celui qui est accoutumé à voir, à examiner et à soupeser les nombreuses oeuvres admirées au cours d'époques différentes et au sein de différentes nations peut estimer le mérite d'un ouvrage exposé à sa vue et lui assigner son rang approprié au sein des productions du génie.

» HUME. Introduction — Nous faisons assez naturellement la différence entre les beaux garçons, ou les belles filles, et ceux ou celles qui le sont moins, ou entre les belles architectures et celles qui sont laides. — D'où nous vient cette capacité à faire la différence? Est-ce naturel ou avons-nous appris à le faire, et comment? — Réflexion de Hume dans cet extrait de De la norme du goût porte sur ce thème. — Thèse de l'auteur. — Le jugement de goût se développe-t-il uniquement grâce à des comparaisons empiriques? Comment estimer l'infériorité et la supériorité des oeuvres d'art, et faut-il être expert en goût pour cela? Le goût n'est-il pas conditionné culturellement et ne faut-il pas se méfier de l'ethnocentrisme? I.

Le jugement de goût se développe-t-il uniquement grâce à des comparaisons empiriques? 1.

L'approche du beau nécessite le jugement — Expliquer « faire des comparaisons » et donner des exemples. — Expliquer aussi « déterminons les épithètes relevant de l'éloge ou du blâme ». — Problème: cette démarche « empirique » (appuyée uniquement sur l'expérience) suffit-elle? un alignement d'exemples permet-il de trouver une norme du beau? 2.

Le jugement renvoie à une norme — Il faut pouvoir « extraire » la norme de l'ensemble des exemples particuliers, voire découvrir par la raison, indépendamment de l'expérience, quels sont les critères du beau. - Dépasser l'approche « matérielle » par une réflexion rationnelle. - Tant que nous en restons aux apparences extérieures, incapacité à accéder au « beau en soi »: cf.

Platon, Le Banquet.

- La beauté n'est pas uniquement physique ou matérielle: elle peut se trouver dans les proportions, la symétrie, l'équilibre, l'harmonie de formes et de couleurs, etc. - Penser au classicisme en art et aux exigences très strictes dans la composition (règle des trois unités au théâtre, symétrie dans les « jardins à la française » et dans l'architecture...).

Comme le souligne Platon, découvrir les beaux corps n'est que le premier stade dans l'éducation du goût; ensuite, découvrir qu'il existe de belles âmes, puis de belles actions et de belles connaissances, avant d'en arriver à « l'océan du beau », qui comporte toutes les beautés possibles et imaginables, souvent bien plus belles que ce qu'on imaginait au départ.

Pour effectuer ce parcours : il faut passer par l'activité de la raison. 3.

Mais ne pas oublier le rôle de la sensibilité - Cependant ne pas laisser de côté le rôle de la sensibilité, comme le montre Kant dans la Critique de la faculté de juger.

Critiquer par conséquent l'affirmation excessive de Hume: « Un homme qui n'a point l'occasion de comparer [...] est bien entendu disqualifié »- cet homme est pourtant sensible et rationnel, comme tout homme, il est donc en mesure d'éprouver le sentiment du beau. - Exemple: l'attirance des enfants pour les oeuvres d'art, la capacité des personnes atteintes de troubles psychiques à produire des oeuvres d'art « naïves » (« art brut »).

- Le mot « expérience » est trop vague car de nombreux éléments interviennent (consciemment ou non) dans notre « expérience »: notre vécu antérieur, nos connaissances, notre culture d'origine, notre inconscient psychique, notre sensibilité particulière, notre état d'esprit. »

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