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David HUME

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Tous les objets de la raison humaine ou de nos recherches peuvent se diviser en deux genres, à savoir les relations d'idées et les faits. Du premier genre sont les sciences de la géométrie, de l'algèbre et de l'arithmétique et, en bref, toute affirmation qui est intuitivement ou démonstrativement certaine. Le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux côtés de l'angle droit, cette proposition exprime une relation entre ces figures. Trois fois cinq est égal à la moitié de trente exprime une relation entre ces nombres. Les propositions de ce genre, on peut les découvrir par la seule opération de la pensée, sans dépendre de rien de ce qui existe dans l'univers. Même s'il n'y avait jamais eu de cercle ou de triangle dans la nature, les vérités démontrées par Euclide conserveraient pour toujours leur certitude et leur évidence. Les faits, qui sont les seconds objets de la raison humaine, on ne les établit pas de la même manière ; et l'évidence de leur vérité, aussi grande qu'elle soit, n'est pas d'une nature semblable à la précédente. Le contraire d'un fait quelconque est toujours possible, car il n'implique pas contradiction et l'esprit le conçoit aussi facilement et aussi distinctement que s'il concordait pleinement avec la réalité. Le Soleil ne se lèvera pas demain, cette proposition n'est pas moins intelligible et elle n'implique pas plus contradiction que l'affirmation : il se lèvera. Nous tenterions donc en vain d'en démontrer la fausseté. Si elle était démonstrativement fausse, elle impliquerait contradiction et l'esprit ne pourrait jamais la concevoir distinctement. David HUME

« « Ce qu'on n'a jamais vu, ce dont on n'a jamais entendu parler, on peut pourtant le concevoir ; et il n'y a rien au-dessus du pouvoir de la pensée, sauf ce qui implique une absolue contradiction. Mais, bien que notre pensée semble posséder cette liberté illimitée, nous trouverons, à l'examiner de plus près, qu'elle est réellement resserrée en de très étroites limites et que tout ce pouvoir créateur de l'esprit ne monte à rien de plus qu'à la faculté de composer, de transposer, d'accroître ou de diminuer les matériaux que nous apportent les sens et l'expérience.

Quand nous pensons à une montagne d'or, nous joignons seulement deux idées compatibles, or et montagne, que nous connaissions auparavant.

Nous pouvons concevoir un cheval vertueux ; car le sentiment que nous avons de nous-mêmes nous permet de concevoir la vertu ; et nous pouvons unir celle-ci à la figure et à la forme d'un cheval, animal qui nous est familier.

Bref, tous les matériaux de la pensée sont tirés de nos sens, externes ou internes ; c'est seulement leur mélange et leur composition qui dépendent de l'esprit et de la volonté. Ou, pour m'exprimer en langage philosophique, toutes nos idées ou perceptions plus faibles sont des copies de nos impressions, ou perceptions plus vives.

» HUME. Hume, dans ce texte extrait de l'Enquête sur l'entendement humain, examine la liberté dont dispose la pensée : jusqu'où s'étendent les pouvoirs de notre esprit? Qu'est-ce que celui-ci est capable de faire? Cette question est examinée en trois moments : dans le premier paragraphe, Hume souligne l'étendue apparente du pouvoir de la pensée, mais, dans un deuxième mouvement, qui s'étend jusqu'à « les sens et l'expérience », il souligne les limitations de ce même pouvoir, et conclut, dans la fin du texte, à la dépendance de notre pensée par rapport à nos perceptions. 1.

« Il n'y rien au-dessus du pouvoir de la pensée » A.

L'objet de ce texte est de mesurer le pouvoir de l'esprit : qu'est-ce que l'esprit est capable de faire spontanément et par lui-même? Hume fait donc référence à deux situations où l'esprit est passif, la perception visuelle et la connaissance acquise par l'intermédiaire d'autrui.

A cette passivité, le philosophe empiriste oppose le fait de « concevoir » : la notion de conception renvoie à l'activité de l'esprit, et ne semble pas dépendre de nos perceptions et connaissances acquises passivement.

Par exemple, on peut concevoir des licornes que l'on n'a jamais perçues. B.

Hume établit l'apparente infinité du pouvoir de la pensée : la pensée semble pouvoir tout concevoir.

La notion de pouvoir désigne les capacités propres à l'esprit qui ne dépendent que de lui.

Cette thèse est une thèse cartésienne : la pensée, qui est l'essence de l'homme, n'est limitée par rien, autrement dit possède une liberté infinie. C.

Il y a néanmoins une limite au pouvoir de notre pensée, « ce qui implique une absolue contradiction », c'est-à-dire à des idées qui sont logiquement incompatibles.

L'esprit ne peut pas réellement penser à un cercle carré. 2.

Notre pensée « est réellement resserrée en de très étroites limites » A.

Ce pouvoir de notre esprit n'est qu'apparent, comme l'indique le verbe « sembler ».

Hume identifie la notion de liberté à la notion de pouvoir utilisée précédemment : la liberté se réduit au pouvoir d'agir spontanément, sans entraves.

Les termes « illimité» et «créateur» font peut-être référence à la description cartésienne de la pensée. B.

La pensée ne peut produire la matière des idées qu'elle crée : celle-ci provient « des sens et de l'expérience », c'est-à-dire de l'action des objets extérieurs à notre esprit sur nos sens et donc sur notre esprit passif.

Par exemple, nous ne sommes pas capables d'imaginer une couleur jamais perçue, un son jamais entendu...

« Les matériaux» désignent à la fois les sensations et les idées d'objets perçus. C.

Le pouvoir de l'esprit est en fait double.

«Composer» d'une part, c'est-à-dire mettre ensemble des choses perçues séparément et séparer les objets perçus ensemble, comme dans le cas de l'imagination d'une licorne.

D'autre part, « accroître et diminuer » nos perceptions, c'est-à-dire faire varier l'intensité des sensations qui composent les idées. 3.

« Toutes nos idées sont des copies de nos impressions » A.

Hume illustre sa thèse avec un certain nombre d'exemples : nous n'avons jamais perçu de montagne d'or, mais nous pouvons en concevoir une à partir des idées que nous avons grâce à nos perceptions de l'or et des montagnes.

Le second exemple souligne que la matière sur laquelle agit notre pensée ne provient pas seulement des objets externes, mais aussi de nous-mêmes, c'est-à-dire de la connaissance que nous avons de nous-mêmes par introspection. B.

Notre pensée dépend de nos perceptions : ce que produit la pensée est une « copie » de nos perceptions, puisque. »

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