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David HUME

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Certains penseurs ont affirmé que la justice naît de conventions humaines et qu'elle procède du choix volontaire, du consentement ou des combinaisons des hommes. Si, par convention, on entend ici promesse (et c'est le sens le plus habituel du mot), il ne peut rien y avoir de plus absurde que cette thèse. L'observation des promesses est elle-même l'une des parties les plus importantes de la justice et nous ne sommes certainement pas tenus de tenir parole parce que nous avons donné notre parole de la tenir. Mais, si par convention on entend un sentiment de l'intérêt commun; et ce sentiment, chaque homme l'éprouve dans son coeur; et il en remarque l'existence chez ses compagnons ; et il s'en trouve engagé, par coopération avec les autres hommes, dans un plan et un système général d'actions, qui tend à servir l'utilité publique; il faut alors avouer qu'en ce sens la justice naît de conventions. David HUME

« Certains penseurs ont affirmé que la justice naît de conventions humaines et qu'elle procède du choix volontaire, du consentement ou des combinaisons des hommes.

Si, par convention, on entend ici promesse (et c'est le sens le plus habituel du mot), il ne peut rien y avoir de plus absurde que cette thèse.

L'observation des promesses est elle-même l'une des parties les plus importantes de la justice et nous ne sommes certainement pas tenus de tenir parole parce que nous avons donné notre parole de la tenir.

Mais, si par convention on entend un sentiment de l'intérêt commun; et ce sentiment, chaque homme l'éprouve dans son coeur; et il en remarque l'existence chez ses compagnons ; et il s'en trouve engagé, par coopération avec les autres hommes, dans un plan et un système général d'actions, qui tend à servir l'utilité publique; il faut alors avouer qu'en ce sens la justice naît de conventions. Articulation des idées. Hume procède à une analyse de la thèse faisant de la justice une convention. Une telle « convention » peut avoir deux sens : a) Par convention on peut entendre promesse (c'est-à-dire un pacte raisonnable - que chacun promet à l'autre de respecter : ce qui est la thèse de ceux qui, comme Épicure, Hobbes, Spinoza, etc., font de la justice - ou plutôt du droit auquel ils la ramènent - une convention). Mais cette thèse est absurde puisqu'une telle promesse présuppose la justice (« l'observation des promesses est ellemême l'une des parties les plus importantes de la justice »), que le fait de passer un accord n'oblige pas en lui-même à respecter cet accord. b) Par convention on peut entendre un sentiment de l'intérêt commun (ce qui est la thèse de Hume). Alors ce sentiment, venant non de la raison mais du « coeur » qui pousse les hommes à passer des conventions, est bien la source de la justice. Enjeu philosophique du texte. L'intérêt philosophique de ce texte est de poser et de résoudre en un sens original le problème de la nature de la justice et du droit. Introduction Thème du passage : origine de la justice — tout dépend de ce que l'on nomme «convention». I.

L'origine humaine de la justice — Hume, en se référant à « certains penseurs » antérieurs, n'envisage pas d'autre origine à la justice qu'humaine: aucune allusion à une explication théologique (Dieu indiquant ses lois à l'humanité). — La promesse ne peut fonder la justice : • elle implique l'engagement d'un individu à respecter sa parole; • qu'est-ce qui rend cet engagement contraignant ? • rien d'autre qu'un système juridique (sanction en cas de non-respect).

Il apparaît donc que l'observation de la promesse est bien une partie de la justice : elle ne peut être son fondement (insister sur l'aspect circulaire de la fin de la troisième phrase). II.

L'intérêt commun — Autre signification de la convention: le sentiment de l'intérêt commun: • ce sentiment naît d'un rassemblement des hommes (sens étymologique de la convention) ; • il est le même chez tous dans la mesure où chacun peut, non seulement le ressentir en lui-même, mais deviner que ses semblables le ressentent également. — C'est un tel sentiment qui invite à coopérer avec les autres, ce qui suppose : • que l'intérêt commun passe bien avant l'intérêt individuel (fin des réactions purement égoïstes); • que l'utilité que l'on veut atteindre est bien «publique», c'est-à-dire également au-delà de l'individu. — L'utilité individuelle ne sera dès lors possible que dans le cadre de l'utilité publique ou générale. III.

Implications — Ce que sous-entend une telle visée commune: • une égalité (ressentie d'abord sur le plan du sentiment, bien avant d'être. »

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