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David HUME

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Rien ne paraît plus surprenant à ceux qui contemplent les choses humaines d'un oeil philosophique, que de voir la facilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit, et l'humble soumission avec laquelle les hommes sacrifient leurs sentiments et leurs penchants à ceux de leurs chefs. Quelle est la cause de cette merveille ? Ce n'est pas la Force ; les sujets sont toujours les plus forts. Ce ne peut donc être que l'opinion. C'est sur l'opinion que tout gouvernement est fondé, le plus despotique et le plus militaire, aussi bien que le plus populaire et le plus libre. Un sultan d'Égypte, un empereur de Rome peut forcer les actions de ses peuples innocents, mais ce n'est qu'après s'être affermi dans l'opinion de ses gardes : ils peuvent mener leurs sujets comme des bêtes brutes ; mais il faut qu'ils traitent comme des hommes, l'un ses mameluks, l'autre sa cohorte prétorienne. David HUME

« HUME : LE VRAI POUVOIR C'EST L'OPINION Dans son Discours de la servitude volontaire, Etienne de La Boétie, l'ami de Montaigne, demandait pourquoi un nombre infini d'hommes obéissent à un seul, non seulement lui obéissent mais le servent.

En effet, observait-il, il suffirait qu'ils décidassent de ne plus le servir pour être aussitôt libres.

C'est pourquoi l'on peut penser avec Hume que le pouvoir des chefs repose davantage sur l'opinion que sur la force. « Rien ne paraît plus surprenant à ceux qui contemplent les choses humaines d'un oeil philosophique, que de voir la facilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit, et l'humble soumission avec laquelle les hommes sacrifient leurs sentiments et leurs penchants à ceux de leurs chefs.

Quelle est la cause de cette merveille ? Ce n'est pas la Force ; les sujets sont toujours les plus forts.

Ce ne peut donc être que l'opinion.

C'est sur l'opinion que tout gouvernement est fondé, le plus despotique et le plus militaire, aussi bien que le plus populaire et le plus libre.

Un sultan d'Égypte, un empereur de Rome peut forcer les actions de ses peuples innocents, mais ce n'est qu'après s'être affermi dans l'opinion de ses gardes : ils peuvent mener leurs sujets comme des bêtes brutes ; mais il faut qu'ils traitent comme des hommes, l'un ses mameluks, l'autre sa cohorte prétorienne.

» ordre des idées 1) Un paradoxe : le grand nombre se soumet facilement à un petit nombre chefs. 2) Explication de ce paradoxe : Cette « humble soumission » est due en dernière analyse : — non pas à la force des chefs (les sujets, étant plus nombreux, sont toujours virtuellement les plus forts) ; — mais à l'opinion qui soutient le pouvoir des chefs (en faisant accepter des sujets le chef comme chef). Deux exemples illustrent cette analyse. Introduction : Ce texte est un extrait de Hume, philosophe empiriste anglais du 18ème siècle.

Hume aborde ici le thème du pouvoir, et plus précisément du fondement du pouvoir.

Pourquoi certains ont-ils du pouvoir sur les autres ? La réponse irait de soi s'il y avait un attribut spécifique des gouvernants, quelque chose dans leur nature qui leur conférerait du pouvoir, quelque chose comme la force.

Or, Hume remarque justement que ce n'est pas la force qui gouverne puisque c'est le petit nombre qui gouverne le grand.

Hume va en déduire que la cause du pouvoir est l'opinion.

Comment peut-il faire cette déduction ? Est-elle valable ? Nous divisons le texte en trois moments : I : du début à «… leurs penchants à ceux de leurs chefs.

» II : de « Quelle est la cause… » à « Ce ne peut donc être que l'opinion.

» III : le reste de l'extrait. Problématique : Qu'est ce qui fait accepter aux hommes leur servitude si ce n'est pas la domination par un rapport de force ? I : Un phénomène étonnant. 1) Hume dit être « surpris » et prendre un « regard philosophique ».

L'étonnement est qualifié par Platon et Aristote comme le motif déclencheur du raisonnement philosophique.

Quel est le regard philosophique qu'il prend sur les choses humaines ? Il dit les contempler, la posture de la contemplation est celle de l'observation sans jugement.

Hume pose par là une garantie d'objectivité, comme s'il se plaçait hors des rapports humains qu'il observe. 2) Observé de l'extérieur, il y a une disproportion entre les gouvernants et le gouvernés, mais ce qui est étonnant, c'est que le pouvoir soit réparti d'une façon contre intuitive : on s'attendrait à ce que l'ensemble le plus grand ait le dessus mais c'est le contraire qui se produit. 3) Cela est d'autant plus étonnant que la soumission n'apparait pas comme un avantage : elle implique un. »

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