David HUME
Extrait du document
«
Cette table même, que nous voyons blanche et que nous sentons dure,
nous croyons qu'elle existe indépendamment de notre perception, nous
croyons qu'elle est quelque chose d'extérieur à notre esprit qui la perçoit.
Notre présence ne lui confère pas l'existence ; notre absence ne l'anéantit
pas.
Elle conserve une existence invariable et entière, indépendante de la
situation des êtres intelligents qui la perçoivent ou la contemplent.
Mais cette opinion universelle et primitive de tous les hommes est bientôt
détruite par la plus légère philosophie, qui nous apprend que rien ne peut
jamais être présent à l'esprit qu'une image ou une perception et que les
sens sont seulement des guichets à travers lesquels ces images sont
introduites, sans qu'ils soient capables de produire un rapport immédiat
entre l'esprit et l'objet.
La table que nous voyons semble diminuer quand
nous nous en éloignons ; mais la table réelle, qui existe indépendamment
de nous, ne souffre pas de modification ; ce n'était donc que son image
qui était présente à l'esprit.
Première partie du texte
Idée n° 1 fondée sur un exemple : Cette table même, que nous voyons blanche
et que nous sentons dure, nous croyons qu'elle existe indépendamment de notre
perception, nous croyons qu'elle est quelque chose d'extérieur à notre esprit qui
la perçoit.
Étayée par l'argument suivant : Notre présence ne lui confère pas l'existence ; notre absence ne l'anéantit pas.
Elle
conserve une existence invariable et entière, indépendante de la situation des êtres intelligents qui la perçoivent ou la
contemplent.
Deuxième partie du texte
Idée n° 2 : Mais cette opinion universelle et primitive de tous les hommes est bientôt détruite par la plus légère
philosophie, qui nous apprend que rien ne peut jamais être présent à l'esprit qu'une image ou une perception (thèse du
texte)
Illustrée par la métaphore suivante : et que les sens sont seulement des guichets à travers lesquels ces images sont
introduites, sans qu'ils soient capables de produire un rapport immédiat entre l'esprit et l'objet.
Et par la reprise de l'exemple initial : La table que nous voyons semble diminuer quand nous nous en éloignons ; mais la
table réelle, qui existe indépendamment de nous, ne souffre pas de modification ; ce n'était donc que son image qui
était présente à l'esprit.
Introduction :
Ce texte est extrait de la section 12 de L'enquête sur l'entendement humain de Hume.
Il traite du rapport de la
perception aux objets extérieurs.
Hume dit que la perception s'accompagne de la croyance à un rapport avec une
réalité extérieure indépendante de nous, mais que cette croyance est injustifiée.
Il va critiquer cette croyance à partir
d'une description de ce qui nous est effectivement donné dans la perception : l'esprit n'a accès à rien d'autre que des
perceptions et ces perceptions ne doivent pas être confondues avec une réalité extérieure à l'esprit.
Il décrit la croyance à un rapport à des objets extérieurs dans la perception jusqu'à « qui la perçoivent ou la
contemplent ».
Puis il critique cette croyance par une réflexion critique sur les données de la perception.
I : La croyance en l'existence indépendante des objets
1.
Une croyance naturelle
Il y a une différence entre ce que nous « sentons » et ce que nous « croyons ».
La sensation peut se définir comme
une donnée immédiate et le croyance comme une idée qui s'ajoute aux données immédiates.
Pour faire ressortir cette
différence, Hume procède à une description de sa perception actuelle : il décrit comment il voit une table qu'il a sous
les yeux.
Dans l'exemple de la table que décrit Hume, les données des sens sont « blanche » et « dure », mais la
croyance glisse au delà de ces données, elle pose l'idée d'une existence extérieure à la perception.
Cette croyance ne
repose pas sur les données des sens, c'est une idée que nous ajoutons à notre perception.
Mais en même temps, elle
apparaît comme naturelle : l'esprit semble l'associer immédiatement à la perception et d'autre part elle est comme un
fait de la nature humaine : « cette opinion universelle et primitive de tous les hommes ».
2..
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