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David HUME

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Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt. David HUME

« Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt. Dans le Traité de la nature humaine (1737), Hume (1711-1776) écrit cette phrase apparemment scandaleuse : «Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.

» Hume, contemporain de Rousseau, veut montrer par cette formule que l'opposition traditionnelle entre raison et passion est un préjugé.

La raison est totalement extérieure aux motifs de l'action, qui ne peut être engendrée que par les passions.

Hume, qu'on peut considérer comme le père de l'empirisme, s'inscrit ainsi dans un mouvement parallèle à celui des Lumières, contestant la tradition et réévaluant les passions. « Il n 'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » est une phrase volontairement provocante, par laquelle Hume entend signifier que nos motifs d'action, de préférence, les buts que nous poursuivons n'ont rien à voir avec la sphère de la raison. «Rien n'est plus habituel en philosophie, et même dans la vie courante, que de parler de combat de la passion et de la raison, de donner la préférence à la raison et d'affirmer que les hommes ne sont vertueux que dans la mesure où ils se conforment à ses décrets.

» Ainsi Hume décrit-il le préjugé qu'il entend réfuter.

Et il est exact que l'expérience commune de «je vois le bien, je l'approuve et je fais le mal» est souvent interprétée comme un combat entre la raison qui nous dicte¬rait le bien, et la passion qui nous inclinerait à faire le mal. Platon distinguait entre trois « parties » de l'âme, l'âme concupiscible (sujet des passions) supposant à l'âme rationnelle.

Et toute notre tradition morale réfléchit cette opposition et prône la victoire de la raison. Le nerf de la preuve humienne que passion et raison ne peuvent s'opposer et que donc il n'est ni raisonnable ni déraisonnable de : «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » consiste à montrer que les motifs de l'action sont parfaitement extérieurs à la raison. « Premièrement (que) la raison ne peut être à elle seule un motif pour un acte volontaire et deuxièmement (qu') elle ne peut jamais combattre la passion sans la direction de la volonté.

» Car « le domaine propre (de la raison) est le monde des idées et la volonté nous place toujours dans le monde des réalités.

» La raison porte sur des idées, c'est-à-dire pour Hume des copies, des images des choses, des représentations inertes. La raison calcule, cherche les « causes » et les « effets », mais ne possède aucun dynamisme propre à en faire un motif d'action : nous ne sommes pas avec elle dans « le monde des réalités ». Par contre, notre action peut être guidée par le souci d'éviter une douleur ou d'éprouver un plaisir.

Nous éprouvons alors désir ou aversion, c'est-à-dire des passions, qui, elles, nous poussent à chercher l'objet ou à le fuir.

La raison peut alors intervenir pour rechercher comment (par exemple) fuir ou chercher.

« Mais évidemment, dans ce cas, l'impulsion ne naît pas de la raison qui la dirige seulement.

» La thèse est très forte puisqu'elle va jusqu'à affirmer que notre volonté de savoir ne prend source que dans la passion, dans l'intérêt affectif que nous pouvons avoir.

La raison est toujours seconde.

C'est parce que les objets nous affectent (nous touchent, nous font éprouver plaisir ou peine) que nous désirons, ensuite, les connaître. « Cela ne pourrait nous intéresser le moins du monde de savoir que tels objets sont des causes et tels autres des effets, si les causes et les effets nous étaient égale¬ment indifférents.

» La raison appartenant au monde des idées, des représentations, etc.

est un monde « inerte » et quasi indifférent, qui ne reçoit son intérêt que d'ailleurs : des passions.

Par suite, ce n'est pas la raison qui me dira si je dois: «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » ou choisir « de me ruiner totalement pour prévenir le moindre malaise d'un Indien ou d'une autre personne complètement inconnue de moi ». Hume l'énonce avec la plus grande clarté : « Puisque la raison à elle seule ne peut jamais produire une action, ni engendrer une volition, je conclus que la même faculté est aussi incapable d'empêcher une volition ou de disputer la préférence à une passion ou à une émotion [...] Rien ne peut s'opposer à une impulsion passionnelle, rien ne peut retarder une impulsion passionnelle qu'une impulsion contraire [...] Nous ne parlons ni avec rigueur ni philosophiquement lorsque nous parlons du combat de la passion et de la raison.

» Il est donc clair que : « La raison est, et ne peut être que l'esclave des passions; elle ne peut prétendre à d'autre rôle au 'à les servir et à leur obéir.

» D'où vient la conception inverse ? L'illusion que la raison peut combattre la passion, la vaincre ? D'une part on peut redouter ou espérer une chose qui en fait n'existe pas.

Nos passions peuvent donc être fondées sur de fausses suppositions, lin ce sens, la raison peut effectivement dévoiler l'erreur, et la passion cesse.

Si je désire un. »

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